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La souffrance : le point de vue mystique [version 0.10 du 05/11/2009]

lundi 4 février 2008, par omedoc

Dans cet article je vais essayer d’analyser, de mon point de vue de médecin, les écrits des mystiques sur la souffrance.
Il y a bien sûr, chez les mystiques, une tentation doloriste, c’est à dire la recherche d’une forme de rédemption par la souffrance. Il faut savoir ne pas tenir compte de cette dérive spirituelle. [1] Les écrits des mystiques peuvent alors nous apporter une aide fondamentale pour combattre la souffrance.

Je m’inspirerai :
 des textes sur la souffrance tirés de ce site consacré à la mystique rhénane
 du livre de Simone Weil sur "la pesanteur et le grâce." (SW)
 Du livre d’Etty Hillesum : une vie bouleversée (EH)
 Paroles des anciens : apophtegmes des pères du désert (PA)
 Article de Bernard Forthomme

En cours d’écriture car je me rend compte qu’il s’agit d’un travail énorme !!!

Il y a deux types de souffrance [2] ; celle qui résulte d’une grande douleur physique et qui est accessible aux antalgiques et à la morphine pour les plus fortes, et les autres, qui concernent plus l’être [3] comme par exemple la souffrance morale des dépressions, le simple mal être, et sur le plan physique la plupart des douleurs chroniques.

Je n’aborderai pas le premier type de souffrance. Il semble cependant possible qu’elle puisse être combattue par des méthodes non médicamenteuses comme l’hypnose qui par certains cotés ne sont pas éloignés de mon propos.

Toutes les citations entre guillemets, sans précision des sources sont des Mystiques Rhénans.

« Apprends à agir ainsi quand tu es dans la plus grande souffrance »

Apprends à agir ainsi quand tu es dans la plus grande souffrance et comporte-toi de la manière dont tu te comporterais alors.

Mon commentaire :
Que faire en cas de souffrance ? « agir ainsi » !
C’est le même comportement que l’on doit avoir lorsqu’on souffre et lorsqu’on ne souffre pas.
Tel est le bien le propos des Mystiques. Ils proposent au fond un mode de réaction à la souffrance ! Que faire lorsqu’on souffre ? Comment « agir » ou "réagir à la souffrance" ?. Nous sommes donc très loin de masochisme, du plaisir de souffrir.

La souffrance n’est pas bonne en soi.

  • Ni pour Dieu

Dieu n’aime pas la souffrance : Dieu souffre lorsqu’on souffre. Il souffre même beaucoup plus que nous. Même pour les petits ennuis. A condition qu’on lui « remette » cette souffrance.La souffrance est même le contraire de Dieu. Que veut dire remettre sa souffrance en Dieu ?

Si grande que soit la souffrance, si elle passe par Dieu, Dieu est le premier a en souffrir. Oui, par la vérité qu’est Dieu, si minime que soit une souffrance qui atteint l’homme, ennui ou contrariété, dans la mesure où on la remet à Dieu, elle touche Dieu infiniment plus que l’homme et lui est plus contraire qu’elle ne l’est à l’homme.

Cela ressemble beaucoup à l’amour d’une mère qui souffre pour son enfant.


C’est pourquoi il est sorti, bondissant comme un faon, et subit sa Passion par amour.

  • Ni pour l’homme.

L’homme n’est pas né pour souffrir.
L’être humain souffre parce qu’il est imparfait.

Aussi longtemps que tu souffres dans ton cœur pour quoi que ce soit, fût-ce même pour le péché, ton enfant n’est pas né. Si ton cœur souffre, tu n’es pas mère, tu est dans l’enfantement, proche de la naissance. Ne tombe pas pour autant dans le doute, que tu souffres pour toi ou pour ton ami : si l’enfant n’est pas né, il est cependant près de naître. Il est parfaitement né lorsque le cœur de l’homme ne souffre plus de rien ; alors l’homme a l’être et la nature de la substance et la sagesse et la joie et tout ce que Dieu a.

Que l’homme gémisse et souffre, ce n’est absolument qu’insuffisance. Tout cela doit donc être détruit et évacué pour que l’homme devienne Fils de Dieu : qu’il n’y ait plus ni plainte ni souffrance.

, tu vas souffrir pour la justice, car tu as ce que tu mérites’’

La souffrance est à relier à notre niveau d’imperfection. C’est lui qui fait qu’on "mérite" la souffrance et non le mal qu’on aurait fait. La souffrance n’est pas une punition mais la résultante de notre imperfection.

C’est l’esprit qui donne aux choses leur qualité, leur fondation et leur être. Quiconque parle ou agit avec un esprit impur, celui-là, la douleur le suit, de même que la roue suit les pas du bœuf qui tire la charrette

(Dhammapada in La philosophie éternelle d’Aldous Huxley)

L’homme est fait par sa croyance. Comme il croit, il est.

(Bhagavad Gita)

De qu’elles souffrances s’agit-il ?

Ces "conseils" portent sur toutes les souffrances "grandes " (avec la restriction ci-dessus) ou petites, physiques, psychiques, morales. Ils émanent de personnes qui ont fait l’expérience de la douleur.


Il est trois sortes d’afflictions qui touchent l’homme et l’accablent dans cet exil. L’une provient de la privation de biens extérieurs, l’autre l’atteint en ses parents et ses amis, la troisième a pour cause ce qui le touche lui-même, mépris, tribulations, douleurs physiques, souffrance du cœur

les petites souffrances :

Oui, par la vérité qu’est Dieu, si minime que soit une souffrance qui atteint l’homme, ennui ou contrariété,

La dépression :

quand ils seront dans les ténèbres ou dans la souffrance

La culpabilité :

Dieu souffre volontiers l’outrage des péchés

Aussi longtemps que tu souffres dans ton cœur pour quoi que ce soit, fût-ce même pour le péché,

Souffrances morales :

mépris, peine ou quelque souffrance que ce soit

Souffre-le, supporte-le avec patience [...] Dieu supporte volontiers la honte et le désagrément .

“toutes les vicissitudes de la joie et de la souffrance, de l’honneur, du préjudice et du mépris

l’injustice

, tu vas souffrir pour la justice, car tu as ce que tu mérites’’

Il ne s’agit pas en fait de punition (voir ci-dessus)

“Quoique beaucoup de vanités, de souffrances et de misères assaillent l’homme, il demeure cependant dans l’image de Dieu, et l’image de Dieu en lui.”

Quelle comportement/réaction à la souffrance doit-on avoir ?

Détachement de soi

Attachement Dieu

  • S’abandonner à Dieu, souffrir pour Dieu ; laisser Dieu agir à travers sa souffrance, donner un sens à sa souffrance. (notion de sens à préciser)

Attention il ne s’agit pas de masochisme. La notion de joie et reconnaissance sera expliquée plus bas.

Si tu veux vraiment savoir si ta souffrance est de toi ou de Dieu, tu le reconnaîtras ainsi : si la souffrance vient de toi, quel que soit son mode, cette souffrance te fait mal et est pénible à supporter. Mais si tu souffres pour Dieu, et pour Dieu seul, cette souffrance ne te fait pas mal et ne t’es pas pesante, car Dieu porte le fardeau. En toute vérité, s’il existait un homme qui veuille souffrir pour Dieu, uniquement pour Dieu seul, et si toute la souffrance que tous les hommes ont jamais supportée et que souffre le monde entier s’abattait sur lui, cela ne lui ferait pas mal et ne lui serait pas non plus pesant, car Dieu porterait le fardeau [...] Bref : quoi que l’homme souffre pour Dieu, et pour Dieu seul, Dieu le lui rend facile et doux. [4]
Mon commentaire :
Analyse très difficile à faire. On risque de plus de tomber dans le dolorisme.
La souffrance devient supportable lorsqu’on souffre pour Dieu (puisque c’est Dieu qui la supporte). Que veut dire souffrir pour Dieu.? Jeanne Ancelet-Husstache explique : “Si l’homme souffre « pour Dieu », c’est à dire s’il consent, là encore, à se désapproprier de sa souffrance, comme il l’a fait des images et des œuvres, C’est Dieu qui portera son fardeau.” L’homme ne doit donc pas s’approprier la souffrance, faire que sa souffrance vienne de soi. Je dirai s’identifier à sa souffrance, s’encombrer de sa souffrance, adhérer à sa souffrance, . Il faut donc "vouloir" que la souffrance ne vienne pas de soi mais de Dieu, c’est à dire souffrir pour Dieu. Me si cela est faux, puisque je le répète Dieu ne veut pas que l’homme souffre. Il souffre cependant. Dieu se propose de porter le fardeau de cette souffrance pour la rendre supportable. La condition étant que l’homme remettre cette souffrance entre les mains de Dieu et dire cette souffrance ne m’appartient pas, elle appartient à Dieu. L’homme ne doit pas souffrir pour lui même, mais pour Dieu. Il doit s’abandonner à Dieu, accepter la souffrance, comme si elle venait de Dieu, comme si c’était la volonté de Dieu, et se laisser conduire par Dieu.

Que l’homme s’abandonne totalement à Dieu, quoi que celui-ci veuille lui imposer, mépris, peine ou quelque souffrance que ce soit, qu’il l’accepte avec joie et reconnaissance et qu’il se laisse conduire par Dieu plutôt que de s’y porter lui-même .


Que nous soyons soustraits à nous-mêmes et insérés en Dieu, ce n’est pas difficile car il faut que Dieu Lui-même l’accomplissent en nous ; c’est une œuvre divine, l’homme n’a qu’à suivre sans résister : qu’il le supporte et laisse Dieu agir

Et comme tu sais que c’est la volonté de Dieu [...] et même si c’était le plus extrême de la peine et que tu éprouves alors quoi que ce soit qui fût peine et souffrance, ce serait encore complètement injustifié, car tu dois l’accepter de Dieu comme absolument le meilleur.

Cette notion de "le meilleur" sera précisée.


Et c’est bien fait pour ceux qui désirent autre chose que la volonté de Dieu, car ils sont sans cesse dans les gémissement et le malheur, on leur fait constamment violence et tort, et ils souffrent sans répit.

Quelque chose s’est détraqué dans mon corps. J’aimerai retrouver rapidement la santé. Mais de tes mains mon Dieu j’accepte tout, comme cela vient. J’ai appris qu’en supportant toutes les épreuves on peut les tourner en bien.” EH 189

Tant de beauté et tant d’épreuves. et toujours, dès que je me montrais prête à les affronter, les épreuves se sont changées en beauté. Et la beauté, la grandeur, se révélaient parfois plus dure à porter que la souffrance, tant elles me subjuguaient. Qu’un simple coeur humain puisse éprouver tant de choses, mon Dieu, tant souffrir et tant aimer ! Je te suis reconnaissante, mon Dieu, d’avoir choisi mon coeur, en cette époque, pour lui faire subir tout ce qu’il a subi.” EH 188

  • Se détacher des choses terrestres

En second lieu, je loue le détachement plus que l’amour parce que l’amour me force à souffrir toutes choses pour Dieu, alors que le détachement me porte à n’être accessible qu’à Dieu. Or il est beaucoup plus noble d’être accessible à Dieu seulement que de souffrir toutes choses pour Dieu parce que, dans la souffrance, l’homme a quelque peu en vue la créature qui cause à l’homme la souffrance, alors que le détachement est complètement affranchi de toute créature.

Le détachement parfait ne considère nullement qu’il doit se courber au-dessous de quelque créature ni au-dessus [...] sans considérer l’amour ou la souffrance.

Tu dois savoir ici que le véritable détachement consiste seulement en ce que l’esprit demeure aussi insensible à toutes les vicissitudes de la joie et de la souffrance, de l’honneur, du préjudice et du mépris qu’une montagne de plomb est insensible à un vent léger.

Lorsque le Fils dans la déité voulut devenir homme, le devint et subit le martyre, le détachement immuable de Dieu ne fut pas plus troublé que s’il ne s’était jamais fait homme.

“Ainsi la colère de Dieu vient de l’amour, car il s’irrite sans souffrir. Si donc tu parviens à ne plus pouvoir ressentir ni chagrin ni peine pour quoi que ce soit, que la souffrance ne soit plus pour toi souffrance et que toutes choses soient pour toi pure joie, l’enfant est véritablement né en toi.”

Il faut être foncièrement mort pour que ni joie ni peine ne nous touchent [...] Joie et peine sont en opposition et celle-ci ne demeure pas dans l’être.

  • Transformer tout en joie


Ainsi la colère de Dieu vient de l’amour, car il s’irrite sans souffrir. Si donc tu parviens à ne plus pouvoir ressentir ni chagrin ni peine pour quoi que ce soit, que la souffrance ne soit plus pour toi souffrance et que toutes choses soient pour toi pure joie, l’enfant est véritablement né en toi.

  • Patience

Souffre-le, supporte-le avec patience [...] Dieu supporte (lîdet) volontiers la honte et le désagrément .

Quelque chose s’est détraqué dans mon corps. J’aimerai retrouver rapidement la santé. Mais de tes mains mon Dieu j’accepte tout, comme cela vient. J’ai appris qu’en supportant toutes les épreuves on peut les tourner en bien.” EH 189

“Cette maladie est peut être une bonne chose, je ne l’ai pas encore acceptée, je suis encore un peu engourdie, désorientée et affablie, mais en même temps j’essaie de fouiller toute les recoins de mon être pour rasssembler un peu de patience, une patience toute nouvelle pour une situation toute nouvelle, je le sens bien.” EH 188

  • Acceptation comme venant de Dieu (parce que cela vient de dieu, parce qu’on le "mérite", parce que c’est pour notre bien)

Quelque chose s’est détraqué dans mon corps. J’aimerai retrouver rapidement la santé. Mais de tes mains mon Dieu j’accepte tout, comme cela vient. J’ai appris qu’en supportant toutes les épreuves on peut les tourner en bien.” EH 189

Il est écrit et Notre-Seigneur dit : ’’bienheureux ceux qui souffrent pour la justice’’ [...] ’’Vois, tu vas souffrir pour la justice, car tu as ce que tu mérites’’ [...] En vérité, si injustes que nous soyons, si nous acceptons de Dieu comme étant juste ce qu’il nous accorde ou ce qu’il ne nous accorde pas, et que nous le souffrions pour la justice, nous serions bienheureux.

Quand il arrive à certaines gens de souffrir ou d’agir, ils disent : "Si je savais que ce soit la volonté de Dieu, je le souffrirais ou le ferais volontiers [...] " l’homme doit accepter tout ce qui lui arrive purement et simplement comme venant de Dieu.

“Un frère dit à abba Poemen : « Mon coeur devient tiède s’il m’arrive un peu de peine. » le viellard lui dit : « N’admirons nous pas Joseph, adolescent de dix-sept ans, comment il supporta l’épreuve jusqu’au bout ? Et Dieu l’a glorifié. Et ne voyons-nous pas Job, comment il ne céda pas jusqu’à la fin, demeurant dans l’endurance ? Et les tentations ne purent l’arracher de l’espoir en Dieu. »” PA 134

Abba Poemen : “La victoire sur toute peine qui te survient, c’est de garder le silence.” PA 128

Commentaire du livre :"Le chemin de la perfection" de Sainte thérèse d’Avila.
« C’est à mon avis, mes sœurs, une véritable imperfection de se plaindre pour des maux légers ; si vous pouvez les supporter sans en rien dire, faites-le. »
Il s’agit d’une imperfection spirituelle et non morale ?
« Quand le mal est grave, il se plaint de lui-même, il a une autre plainte que les vôtres ; on le reconnaît tout de suite. »
Voir mon article sur la crédibilité
c’est parfois le démon qui nous fait croire à toutes ces douleurs ;

Quel est ce démon ? N’est-ce pas celui qui nous pousse à utiliser la plainte comme moyen d’obtenir une chose qui sera un obstacle sur le chemin de la perfection ? Sur le terme de croire voir cet article, et le patient qui se ment à lui même.. Voir aussi mon article sur la relation psychique, physique.
elles vont et viennent :
Les symptômes sont variables, sans raison, dans le temps et en intensité. Voir mon article sur la crédibilité
« Perdez l’habitude d’en parler, de gémir pour la moindre chose, sauf auprès de Dieu ; »
Les grandes douleurs sont muettes dit-on. Plus on en parle, moins on souffre. On peut gémir, mais auprès de Dieu et non des autres...
sans quoi vous n’en finirez jamais. Notre corps à ceci de mauvais, que plus on le soigne, plus il se découvre de nouveaux besoins.
Se plaindre c’est s’enfermer dans la maladie, car la plainte nourrit la plainte..

  • rechercher la perfection, une "plus haute dignité" [5]

Or nos bonnes gens disent que l’on doit devenir tellement parfait qu’aucune joie ne puisse nous émouvoir et que l’on soit insensible à la joie et à la peine[...] Vous pensez que tout le temps que des paroles peuvent vous causer joie et souffrance , vous êtes imparfaits. Il n’en est pas ainsi.
Mon commentaire :
Citation à vérifier car peu compréhensible

Contempler Dieu en sa puissance

Quand l’esprit reçoit cette puissance [6] [...], il progresse lui-même puissamment, en sorte qu’il devient semblable et puissant dans toutes les vertus, et en toute parfaite pureté, si bien que ni joie ni souffrance, ni tout ce que Dieu à créer dans le temps n’est capable de troubler l’homme et que, bien plutôt, il y demeure puissamment comme en une force divine à l’égard de laquelle toutes choses sont petites et impuissantes(Maître Eckhart 1° Sermon
Mon commentaire :
Progresser vers une plus haute dignité c’est recevoir la puissance divine. Alors tout ce qui est crée devient petit et impuissant. Il en est ainsi de la souffrance (et de la joie venant de la création et non de Dieu(voir ci-dessous)).
Je dis une fois encore : Si quelque home contemplait là un instant avec son intellect selon la vérité, les délices et la joie qui y sont contenues [7] tout ce qu’il pourrait souffrir et tout ce que Dieu voudrait qu’il souffrît, tout cela serait pour lui peu de chose et rien de rien. Je dis davantage : ce serait absolument une joie et une satisfaction.(Maître Eckhart 2° Sermon
Mon commentaire :
La contemplation de Dieu en tant que puissance [8] est source d’une joie qui surpasse toute souffrance ; même celle venant de Dieu (celle-ci étant expérience de pensée puisque Dieu ne veut pas que l’homme souffre). Les passages sur Dieu en tant que puissance évoquent l’histoire de Job. Il faut préciser cette notion de puissance.

Si on sait se comporter avec cette souffrance alors :

La souffrance est supportée et nous recevons la joie divine... La souffrance est transformée en lumière.

  • Ce sera l’occasion de bienfaits

Ainsi donc, quand ils seront dans les ténèbres ou dans la souffrance , ils verront la lumière .
En vérité, pour celui qui aurait l’esprit droit et comprendrait bien Dieu, de telles souffrances et de telles éventualités deviendraient une grande bénédiction .

Toute l’offense, tout l’outrage commis envers Dieu par tous les péchés, il veut les supporter (et les a supportés (bien des années pour que l’homme acquière ensuite une grande connaissance de son amour [...] C’est pourquoi Dieu souffre (lîdet) volontiers l’outrage des péchés, l’a souvent souffert et l’a permis le plus souvent chez ceux qu’il avait choisis pour qu’ils accomplissent de grandes choses .


Telle est sans doute la raison pour laquelle Dieu dispense ses amis de grandes et multiples souffrances, autrement sa fidélité infinie ne le tolérerait pas, parce que la souffrance apporte tant et de si grands bienfaits qu’il ne veut ni ne peut priver les siens d’aucun bien. La volonté bonne et droite lui suffit, sans quoi il ne les priverait d’aucune souffrance, en raison du grand bienfait qu’elle apporte .

Il est écrit et Notre-Seigneur dit : ’’bienheureux ceux qui souffrent pour la justice’’ [...] ’’Vois, tu vas souffrir pour la justice, car tu as ce que tu mérites’’ [...] En vérité, si injustes que nous soyons, si nous acceptons de Dieu comme étant juste ce qu’il nous accorde ou ce qu’il ne nous accorde pas, et que nous le souffrions pour la justice, nous serions bienheureux.

Que l’homme gémisse et souffre , ce n’est absolument qu’insuffisance. Tout cela doit donc être détruit et évacué pour que l’homme devienne Fils de Dieu : qu’il n’y ait plus ni plainte ni souffrance .

  • La perfection, l’amour

L’animal le plus rapide qui nous conduise à cette perfection, c’est la souffrance (lîden) [...] Rien n’est plus amer que de souffrir mais rien n’est plus douceur plus melliflue que d’avoir souffert. Devant les gens, rien ne défigure autant le corps que la souffrance mais devant Dieu rien n’orne autant l’âme que d’avoir souffert [...] l’amour apporte la souffrance et la souffrance apporte l’amour .

Ainsi, quand on est dans la souffrance et l’affliction, cette lumière est le plus proche de nous [...] Notre-Seigneur dit : ’’ Tes ténèbres - c’est ta souffrance - seront transformées en claire lumière’’.

Si grande que soit la souffrance , si elle passe par Dieu, Dieu est le premier a en souffrir Oui, par la vérité qu’est Dieu, si minime que soit une souffrance qui atteint l’homme, ennui ou contrariété, dans la mesure où on la remet à Dieu, elle touche Dieu infiniment plus que l’homme et lui est plus contraire qu’elle ne l’est à l’homme. Mais si Dieu la supporte en raison d’un bien qu’il a prévu par là pour toi, et si tu es disposé à souffrir ce que Dieu souffre et qui passe par lui pour parvenir à toi, cette souffrance devient justement divine.

Aussi longtemps que tu souffres (dans ton coeur pour quoi que ce soit, fût-ce même pour le péché, ton enfant n’est pas né. Si ton coeur souffre , tu n’es pas mère, tu est dans l’enfantement, proche de la naissance. Ne tombe pas pour autant dans le doute, que tu souffres pour toi ou pour ton ami : si l’enfant n’est pas né, il est cependant près de naître. Il est parfaitement né lorsque le coeur de l’homme ne souffre plus de rien ; alors l’homme a l’être et la nature de la substance et la sagesse et la joie et tout ce que Dieu a.

Il la réserve donc à ceux (de ses amis) qui sont capables de l’affronter


Telle est sans doute la raison pour laquelle Dieu dispense ses amis de grandes et multiples souffrances , autrement sa fidélité infinie ne le tolérerait pas, parce que la souffrance apporte tant et de si grands bienfaits qu’il ne veut ni ne peut priver les siens d’aucun bien La volonté bonne et droite lui suffit, sans quoi il ne les priverait d’aucune souffrance, en raison du grand bienfait qu’elle apporte .

Pour cela il faut avoir l’esprit droit, la volonté bonne et comprendre bien Dieu
En vérité, pour celui qui aurait l’esprit droit et comprendrait bien Dieu, de telles souffrances et de telles éventualités deviendraient une grande bénédiction .

Telle est sans doute la raison pour laquelle Dieu dispense ses amis de grandes et multiples souffrances , autrement sa fidélité infinie ne le tolérerait pas, parce que la souffrance apporte tant et de si grands bienfaits qu’il ne veut ni ne peut priver les siens d’aucun bien. La volonté bonne et droite lui suffit, sans quoi il ne les priverait d’aucune souffrance , en raison du grand bienfait qu’elle apporte .

A SUIVRE

D’où vient la souffrance ?
De nos conditionnements :
“Le propos du Dharma n’est pas de rejeter le monde, ni de cesser d’y agir comme d’aucuns le croient à tort, mais de percer à jour la réalité ultime et d’y libérer tous les conditionnements, sources de souffrance.” [9]

De l’absence de pardon :


[1Accompagner la vie jusqu’à la mort. Paul Ricoeur :" Non, jamais, la parole de foi ne dit : « il te faut souffrir »."

[3Aussi longtemps que tu souffres dans ton coeur pour quoi que ce soit, fût-ce même pour le péché,

[4Maître Eckhart 2° Sermon

[5Jeanne Ancelet -Hustache Les Sermons de Maître Eckhart p43

[6Du père

[7y = Dieu en tant que puissance

[8et non la puissance de Dieu

[9Philippe CORNU Études sept 2016

Messages

  • D’une personne :
    « ça m’étonne de voir une réflexion sur la souffrance dans la mystique rhénane.
    c’est particulièrement Suso qui a développé cette idée. avec surtout un point d’honneur sur l’imitation du christ par la passion.

    il n’y a pas que le détachement de la souffrance de la vie terrestre, il y a aussi la vie de souffrance... mais laquelle ? celle qui éloigne ou rapproche de Dieu.
    enfin je suis étonné que tu ai mis ce genre de réflexion, puisque en générale je trouve plus de choses sur le Boudhisme.

    qui d’ailleurs sur certaines méthodes ont des points commun, comme le détachement et voir défiler sous ses yeux sa souffrance, sans y prendre part. »

    • 90% de mes articles sont loin d’être finis, en particulier celui-là.

      J’ai cherché comment les mystiques pouvaient nous aider dans la souffrance (morale ou physique), Cela reste une approche médicale, c’est à dire thérapeutique. C’est pourquoi je ne traite pas la question de la souffrance en tant qu’elle peut éloigner de Dieu.

      Je retiens la notion que c’est Suso a beaucoup développé cette idée.

      Le risque avec les mystiques c’est celui dénoncé, à juste titre, par Michel Onfray [1], c’est à dire jouir de souffrir et mourir pour gagner le paradis.

      Le livre de michel onfray peut nous aider à ne pas souffrir volontairement, mais ne peut nous aider à supporter la souffrance qui vient du dehors.

      Je m’intéresse plus aux mystiques qu’au boudhisme. Cela suffit à faire déjà un gros livre ;

      je ne prône pas le détachement. Il me semble que ce n’est pas très original et un peu trop simple.

      Attention, si vous laissez un message, l’écrire d’abord dans son traitement de texte au cas où il se perdrait...

      [1voir son livre, le souci des plaisirs