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Réactions et arguments cherchant à éviter de résoudre franchement le problème : Le déni [Version 0.10 du 07/12/2009 ][Version 0.02 du 29/11/2008]

lundi 7 décembre 2009, par omedoc

Déni ou point aveugle ?

Le point aveugle c’est ce qu’on(qui) ne voit pas et on ne sait même pas qu’on ne le voit pas. [1]

Dans le déni on se rend aveugle.
Réaction fréquente. Elle concerne en particulier les discussions avec des personnes ayant autorité sur vous. Cela leur permet d’éviter d’étudier sérieusement la question ou le problème posé. [2]

Vous évoquez un problème, et puis la discussion s’engage mal ou tourne court, pourquoi ?

Vous avez en fait touché un point fragile de la personne ou du système. La vérité est angoissante ou déstabilisante. [3]

Voir aussi cet exemple de déni ou celui_ci

Le déni est le refus de reconnaître une réalité pour différentes raisons : classiquement parce que sa perception est traumatisante pour le sujet.
Le déni peut-être complet : on refoule une réalité avant qu’elle n’arrive à la conscience. Il peut être partiel : le problème est refoulé de la conscience.

Chaque année 1300 femmes environ, dénient leur grossesse. (étude publiée dans "Perspective psychiatrique" [4]). Ce n’est pas de la dissimulation. Si l’idée leur vient à l’esprit qu’elles peuvent être enceintes, elles n’en font pas acte.. Quelques une campent même dans la dénégation. Le choc de sidération gagne même l’entourage ; le médecin de famille parfois... (éléments ci-dessus tirés d’un article du quotidien du médecin oct 2006)

La fréquence est sous estimée car le déni complet est tellement étonnant qu’on a peine à y croire.


Comment reconnaît-on un déni ?

  • On nie un fait tout en refusant toute argumentation ou avec une argumentation faible ou inexistante.
  • On ne prend pas les mesures préventives par rapport à une évolution négative des événements ; étrospectivement on dit : "l’idée m’a traversée l’esprit, et je ne comprend pas pourquoi je ne l’ai pas retenue, alors que c’était évident qu’il le fallait".
  • La fuite ou l’esquive
    • Procrastiner, fuir, se cacher, se rendre sourd et aveugle.
    • On reconnait le problème mais la réaction n’est pas faite pour résoudre le problème.
    • Les réponses imprécises et floues peuvent relever de la fuite ou du manque de réflexion.
    • Une situation peut-être désagréable : culpabilité, mauvaise conscience, contagion émotive de la souffrance. Au lieu d’essayer d’étudier le problème on le rejette ou on retarde la décision (procrastination).
    • Cette fuite peut-aller jusqu’au déni complet
  • L’affirmation péremptoire : toute affirmation qui ne supporte pas la discussion est péremptoire.
    « De l’autre se sont trouvés quatre-vingts docteurs séculiers, et quelque quarante religieux mendiants, qui ont condamné la proposition de M. Arnauld sans vouloir examiner si ce qu’il avait dit était vrai ou faux, et ayant même déclaré qu’il ne s’agissait pas de la vérité, mais seulement de la témérité de sa proposition. »
    Pascal, Blaise. Les provinciales.
  • "Affaiblir" ou caricaturer l’argument de l’adversaire est une technique très fréquente :
    voir article sur le sujet
  • Une réponse bête peut-être un signe de déni.
  • L’inconséquence : On reconnait une réalité - les indicateurs sont idiots - mais on n’en tire pas les conséquences (= il faut les changer ou ne pas en discuter en l’absence d’étude sérieuse de leur validité).
    Oui OC ! le problème est important et pourtant rien ne bouge...
  • Nous nous sentons déniés lorsque nos difficultés ne sont pas discutées et étudiées, lorsqu’on nous accuse de pessimisme et lorsque, a contrario, on ne parle que de nos réussites.
  • "C’est pas possible"
  • Refus de discussion
  • Pas de changement possible
  • Réaction d’énervement
  • Refus de toute action
  • (Il ne fait que critiquer, il est toujours pessimiste), je ferme la porte

Exemple :

Yves Cochet dans le journal "la Décroissance". Concernant les politiques qui sont à peu près tous convaincus que la croissance du PIB va nous sauver de tous les maux de la terre" :

« Je vois deux raisons à cet aveuglement, tout d’abord ces candidats ont en tête des "modèles du monde" où la croissance économique est la clef de tout. Donc la décroissance est inimaginable, c’est l’angle mort, cela remet en cause leur vision du monde. »

« Le deuxième blocage vient d’un phénomène cognitif collectif : le mot de décroissance met en oeuvre des processus de perception du monde supraliminaires. Je m’explique : penser la décroissance demande une perception qui dépasse notre pensée, qui est à la limite de la compréhension. C’est trop énorme. Par exemple le rapport Stern évalue le coût du dérèglement climatique à 5 500 milliards par an pour l’économie mondiale. On sait ce que sont 1000 euros, voir un million d’euros, mais 5 500 milliards d’euros, personne ne sait. C’est tellement gros qu’on l’évacue de notre conscience. »

Exemple de déni

Alcoolisme

"Elément caractéristique de la dépendance alcoolique, le déni se rencontre chez la plupart des sujets concernés. Très tôt le malade alcoolique nie son mode d’alcoolisation « je bois normalement, comme tout le monde », « j’arrête quand je veux, je ne suis pas alcoolique ». Et même quand la situation est critique, il peut toujours maintenir qu’il n’a pas de problème avec l’alcool et ne pas mesurer l’étendue des difficultés dans lesquelles le place son alcoolisation. Il est lui-même victime de ce jeu car ce déni ne relève pas d’un processus conscient, mais d’un mécanisme inconscient permettant de rejeter une réalité devenue insupportable. " Mémoire présenté par Edith LEVAVASSEUR, Psychologue

Grossesse

Déni de grossesse

Somatisations

Déni d’une possible origine psychologique des symptômes.

Management

Brouillon

Que ce soit au niveau économique, au niveau du management, au niveau de notre vie, le déni et la schizophrénie est notre mode de fonctionnement habituel. Il y a un déni de la raréfaction prévisible du pétrole, des matières premières... Il y a un déni de la réalité du terrain de la part de notre hiérarchie... nous mêmes nous ne voulons pas voir la vérité et notre finitude.

Cet aveuglement est l’inverse de l’étonnement philosophique et de l’attention spirituelle.

Citations :

Avant propos au livre, "À la reconquête du travail" , de jean-François Naton : [l’auteur se dit] "consterné par le déni, le refus du patronat de voir les conséquences des modes d’organisation du travail, aujourd’hui, sur la santé des travailleurs".

Le déni des faits et l’oubli est un mécanisme de protection.

Michela Marzano à propos de l’affaire DSK

Déni
Les amis de DSK ont tous dit : "Ce n’est pas l’homme que l’on connaît". Au lieu d’adopter une position prudente, beaucoup tombent dans le déni en refusant de voir les choses et en essayant de reconstruire la réalité en la manipulant. Berlusconi passe son temps à essayer de donner à voir une photo retouchée de l’Italie. C’est ainsi que, à la stupéfaction de toute l’Europe, une majorité d’Italiens continue à croire dur comme fer que tous les procès auxquels le président du Conseil doit faire face sont l’effet d’un complot monté par la magistrature communiste soucieuse de le déstabiliser. L’Italie a souvent été le laboratoire du pire en Europe. J’espère que la France n’est pas en train de lui emboîter le pas en perdant accès à la réalité.

http://www.college-risquespsychosociaux-travail.fr/site/Revue-Psychologie-clinique-francaise.pdf


[1Jean-Yves Girard. le point aveugle : cours de logique

[2Il s’en suit que le problème reste, ainsi que le mal-être éventuellement associé.

[3L’avenir confirme en général l’hypothèse, la personne ou le système craque. "Toute" personne qui systématiquement refuse d’étudier les problèmes craque un jour ou l’autre.

[4ils en font une maladie !