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Répondre sérieusement aux critiques les plus pertinentes..[fin remaniée le 30/07]
dimanche 29 juillet 2007, par
Si l’on veut réfléchir ou débattre raisonnablement, la première chose à faire est de discuter l’argument le plus fort [1] de l’adversaire.
Il faut non seulement ne pas l’esquiver, ne pas le caricaturer [2], mais il faut au contraire, le présenter sous son meilleur jour, sous son aspect le plus percutant. [3]
Il faut avoir cette attitude, non seulement parce que c’est la seule attitude rationnelle et scientifique [4]
, mais aussi par efficacité.
Voir le projet de "dossier 2007" : Construisons nos désaccords
qui présente une méthode de débat visant à construire des désaccords pour les rendre féconds.
« De même que ce n’est pas le conflit qui est dangereux mais la violence, ce n’est pas le désaccord ou le dissensus qui mine un débat mais le procès d’intention, le malentendu, le soupçon etc. Quand on s’est suffisamment écoutés pour se mettre d’accord sur les objets de désaccord on constate une progression qualitative du débat....
Réduire l’opacité : il s’agit d’abord de s’assurer que tous les protagonistes du débat, intervenants porteurs de thèses ou de propositions différentes mais, plus encore, l’assemblée démocratique qui va jouer un rôle actif, disposent des éléments d’information et de compréhension suffisants pour éviter des malentendus ou des incompréhensions qui créent d’emblée de l’opacité dans le débat.....
Construire les désaccords : il s’agit de "dégager la pépite du désaccord de la gangue du malentendu et du procès d’intention". Le ou les désaccords sont en effet de vraies atouts dans l’enrichissement du débat. Cette phase très interactive suppose que l’on se mette d’accord sur les objets de désaccord. Quant aux soupçons ou aux procès d’intention ils perdent leur nocivité si ils sont formulés eux aussi par exemple sous la forme : je crains que derrière cette position se profile telle ou telle attitude ou autre position dangereuse. Cette explicitation permet la prise en compte des craintes et leur traitement.....
Les traiter : les désaccords étant construits et formulés clairement (par exemple en les écrivant sur un paperboard) il s’agit de voir soit si ils peuvent être dépassés soit si ils peuvent être enrichis. L’une des questions importantes à poser alors est : "qu’est ce qui vous semble le (ou les points) le plus fort et/ou le le plus recevable dans la position que vous ne partagez pas. L’assemblée moins impliquée émotionnellement dans la défense d’une position peut souvent faire plus facilement cet exercice que les protagonistes du débat..... »
Voir aussi l’article de Québec Sceptique : Les théories du complot - Numéro 61, page 5, automne 2006
« Les conspirationnistes commettent l’erreur
d’argumentation la plus commune : ne pas tenir
compte des faits qui contredisent leurs thèses. Une
question ne se résout pas par une logique
argumentative restrictive ; il faut connaître les faits
pertinents et tenter de tous les expliquer de façon
cohérente. ..... Nos convictions personnelles peuvent
facilement obscurcir notre jugement. Il faut vouloir
exercer son esprit critique sur tous les aspects de
l’affaire. Il est beaucoup plus facile de croire qu’on a
des arguments décisifs que d’essayer de comprendre
pourquoi les arguments de l’opposant lui paraissent
aussi solides. »
"Affaiblir" ou caricaturer l’argument de l’adversaire est une technique très fréquente. Normand Baillargeon parle du paralogisme de l’homme de paille (du nom de la poupée contre lequel les soldats s’entraînent). On façonne l’argument de l’adversaire de telle façon qu’on puisse facilement la démolir (ce qui sous entend qu’en fait l’argument est fort). On évite ainsi de se confronter à l’adversaire (ou argument) réel. On rapporte la victoire à bon compte, mais en fait le problème reste intact. C’est une façon d’éviter le combat.
L’évitement consiste à répondre (de façon approfondie) aux critiques les plus faibles faibles et de "mal traiter" ou, carrément, de ne pas répondre aux critiques les plus fortes (les arguments que l’opinion juge ainsi ou que l’on jugerait soi même ainsi si on nous le demandait et si on répondait de bonne foi).
On ne doit pas répondre par une simple pirouette à une opinion largement partagée.
Exemples :
Ils répondent à toutes les critiques en commençant par celles qu’ils jugent (ou qui sont jugées) les plus pertinentes.
Pacifisme intégral : que faire en 39 ?
Revenu minimum d’existence : les gens ne travailleraient plus !
Défense des immigrés : faut-il ouvrir complètement les frontières ?
Néolibéraux : doit-on vivre comme les chinois ? même salaire ? même dictature ?
Néolibéraux : augmenter le temps de travail jusqu’à combien ? 40, 45 heures ?
Quid des paradis fiscaux ? Quid des niches fiscales ? Quid de certains salaires de patrons ?
Altermondialisme : quelle alternative politique ?
Salaire au mérite : comment juger du mérite de façon objective ?
Industrie pharmaceutique : Pourquoi ne pas commencer par supprimer la visite médicale.
Réorganisation de la sécurité sociale : Evaluation des résultats ?
Grève des transports et prise en otage des usagers.
Voir un exemple de discussion : article sur la franchise médicale
[1] ce que l’on considère, ou ce que l’opinion considère comme...
[2] cela concerne de façon générale la position de l’adversaire.
Diffamer ou caricaturer ses idées (très fréquent) est une façon de ne pas répondre sur le fond. C’est le cas, par exemple en ce qui concerne le mouvement de la décroissance : il s’agit de diminuer la consomation des riches et non celle des pauvres...)
[3] Cette position est difficile à tenir dans une assemblée monocolore. On risque d’être perçu comme ayant pactisé avec l’adversaire, même si on dit, par précaution, qu’on "fait l’avocat du diable".
[4] Les scientifiques répondent à toutes les critiques, en particulier celles qu’ils jugent (ou qui sont jugées) les plus pertinentes.