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Franchise médicale [Version du 28/03/2015]

vendredi 20 mars 2015, par omedoc

J’ai écrit le texte ci-dessous en 2007 !

Les discussions sur le tiers payant généralisé donne une nouvelle actualité au problème de cette franchise médicale.

L’actualité c’est aussi cette vidéo de Gouyou-Beauchamp (UCDF-BLOC) -et Christian Lehmann

Sur le plan strictement économique (non vérifié) : "DOLIPRANE 500 Cpr : Base de remboursement SS : 1.12 € (Prix hors honoraire de dispensation - pharmacie-) ===> 1 Cts en moins par boite = 300 Millions d’€ par an,( le PARACETAMOL est le premier poste de dépense de la CNAMTS ) ==>
Une baisse de 4 Cts couvre les franchises = 1,2 Milliards)"

L’analyse récente de Christian Lehmann

et celle-ci

De Borée

"Car si la vraie préoccupation était de favoriser l’accès aux soins pour tous, il faudrait peut-être commencer par envisager de revenir sur les franchises instaurées en 2008, prendre en charge convenablement les soins dentaires, les audioprothèses ou l’optique voire, soyons fous, supprimer le ticket modérateur et unifier les régimes de sécurité sociale (des milliards d’économie à la clé et une gestion considérablement simplifiée autant pour les patients que pour les soignants). Mais il y a trop d’intérêts particuliers et financiers en jeu et ce n’est clairement pas la voie choisie par nos décideurs qui semblent préférer poursuivre dans le sens du désengagement de la Sécurité sociale pour le plus grand bénéfice des Mutuelles, des assureurs privés, de leurs dirigeants et de leurs actionnaires."

Sur les franchises médicales :

http://www.senat.fr/leg/ppl14-262.html

http://www.senat.fr/dossier-legislatif/ppl14-262.html

TEXTE DE 2007

L’argument le plus fort des "Sarkozystes" est de dire qu’il y a beaucoup d’examens et de traitements prescrits inutilement sous la pression des patients.

La réponse rationnelle serait de poser les questions :
 du coût de ces examens et traitements inutiles
 de l’importance de cette pression comme facteur explicatif
 de l’efficacité d’une régulation par un mécanisme de franchise
Par ailleurs :
 N’existe-t-il pas d’autres méthodes plus efficaces pour réduire ces dépenses inutiles
 N’existe-t-il pas d’autres moyens pour réguler les coûts.

Tout autre argument serait "mauvais".

Commentons l’article de André Grimaldi dans le monde (le texte complet n’est plus en accès libre sur le site du monde : je l’ai retrouvé sur ce site)

Il est bien centré sur cet argument fort. C’est le premier paragraphe : "Combien de check-up inutiles et coûteux, d’échographies, de scanners et autres résonances magnétiques nucléaires sans nécessité sont-ils prescrits par simple habitude ?". Il reconnaît qu’il y a beaucoup d’examens inutiles. Il dit que ce n’est pas la faute du malade, même si son angoisse est un facteur explicatif. Au fond cette demande insistante de certains patients est en soi un symptôme. Il semble proposer d’agir plutôt sur le médecin et en particulier sur leur formation en leur apprenant à gérer les pathologies fonctionnelles.
Au passage il ne peut s’empêcher d’une attaque ad hominem : « on y sent comme... une forme de mépris » [1]. Ce qui est un mauvais argument car il ne s’adresse qu’à l’autorité de ces deux personnes. La question reste entière, même si les personnes qui la posent peuvent être critiquées.

Donc
Oui il y a du gaspillage mais :

premier argument, les patients ne sont pas responsables, même s’il reconnaît leur pression. Celle-ci correspond à une angoisse pathologique et doit être gérée par une bonne relation médecin malade qui doit s’apprendre.

Deuxième argument : le forfait à un euro ne marche pas.

Troisième argument qui me semble pas très bon : les politiques avaient promis de ne pas augmenter le forfait. Il s’agit plutôt d’une critique générale : ils ne tiennent pas leurs promesses. Idem ci-dessus : que vient faire une critique des politiques. Ne s’agit-il pas de se faire plaisir au passage ?

Quatrième arguments il existe d’autres moyens pour diminuer les gaspillages.
 Etudier pourquoi les médecins prescrivent des examens inutile, et y remédier.
 Etudier pourquoi les médecins conseils sont impuissants, et y remédier.
 Utiliser d’autres possibilités de source d’économie beaucoup plus importante.

Cinquième argument : l’exemple américain.

Sixième argument : le taux de complication des maladies est corrélé à la couverture sociale des patients. C’est le problème du remboursement du petit risque.

Septième argument le patient n’est pas responsable d’être malade, il ne doit donc pas "payer" deux fois, une première fois en étant malade, une deuxième fois en payant un forfait. En fait cet argument, revient au premier et n’est pas assez développé. Lorsque le diabétique ne fait pas le régime prescrit, est-il responsables ? Lorsqu’un artéritique fume, est-il responsable ? Si on le fait payer quand il est malade est-ce qu’il va moins manger ou arrêter de fumer ?

Donc l’argumentaire de Grimaldi est bien fait même s’il est un peu court sur cette responsabilité ou non du patient dans le gaspillage.

Par contre l’Appel pour la défense de l’accès aux soins" est plus critiquable [2] :

En ce qui concerne l’argument fort :
"les gens pour qui ça ne "coûte" rien de se soigner sont très demandeurs de soins, et donc à l’origine d’un gaspillage".
on a la réponse suivante :
« La question de la dépense de soins n’est pas une question de « responsabilisation » des patients, personne ne va se faire soigner pour le plaisir [3] . La responsabilisation est un prétexte, c’est de culpabilisation qu’il s’agit avec l’instauration de franchises. Ce projet s’appuie sur la suspicion de l’autre, il entérine l’idée que certains profitent c’est à dire abusent du système de protection sociale. Il s’inscrit dans une stratégie, une culture des uns contre les autres, génératrices de haines sociales. » .

Il n’est pas répondu, contrairement au texte précédent, au vécu de beaucoup de médecins et de patients : oui ou non y a t-il des gens qui surconsomment ? sont-ils nombreux ? La réponse est un procès d’intention : le but de la réforme n’est pas de faire des économies, mais de culpabiliser et de diviser la société. C’est possible, mais ce ne peut être un argument [4] efficace. Il ne plaira qu’à ceux qui sont déjà convaincus. Il est peut-être là d’ailleurs pour plaire [5].


Pour l’esprit (= la méthode) de cet article voir ici


[1en parlant des propos de Claude Le pen et Guy Vallancien par rapport au malade

[2que j’ai signé cependant

[3Mon commentaire : Ben si justement. d’abord certains se soignent par plaisir (les hypocondriaques, en un certains sens), et puis le dilemme est faux : il y a d’autres raisons que la maladie ou le plaisir qui amène à surconsommer.

[4Le seul en plus pour cette question

[5Placebo ?