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Pourquoi s’acharner sur les ("fraudeurs") pauvres ? [version 0.10 du 20/03/2009][version 0.01 du 14/06/2008]

jeudi 12 juin 2008, par omedoc

"Pour nos dirigeants, le problème n’est pas que 13,2% de la population française vivent sous le seuil de pauvreté, mais qu’il puisse y avoir une petite minorité de fraudeurs parmi eux qui feraient ignoblement semblant de ne rien avoir pour obtenir qui un RMI, qui une CMU. Peu importe que pour les millions de personnes concernées, tous les dispositifs deviennent au fil du temps de plus en plus inaccessibles."
Dr Christophe Adam, responsable de MDM à Bordeaux. lien social 5 mars 2009.

La nouvelle loi va augmenter le contrôle des chômeurs. Ils ne pourront plus refuser une offre « raisonnable » d’emploi.

Or selon une étude du ministère du travail sur "les freins à la reprise d’emploi", les « fraudeurs » ne représentent pas plus de 2% des demandeurs d’emploi. Les trois quarts des chômeurs interrogés sont prêts à accepter un job moins qualifié, et la moitié à signer un contrat précaire. Mais 82% d’entre eux regrettent qu’on ne leur propose rien, si ce n’est un poste inadapté à leur qualification. [1]

Dans ces conditions pourquoi cette loi ? Si c’est pour faire diminuer le taux de chômage, cela semble idiot [2]. Si c’est pour punir les fraudeurs, on risque de punir aussi les 98% qui ne fraudent pas.

C’est le gros problème avec les actions qui se veulent dissuasive. Elles atteignent indifféremment les "méchants" et les "bons" [3] Elles blessent (culpabilisation, déconsidération, soupçon) les nombreuses personnes qui font preuve de bonne volonté et font des efforts . En définitive elles créent un sentiment d’injustice chez la majorité. Et je suis sceptique en ce qui concerne l’efficacité chez les vrais fraudeurs. Ils trouveront des parades. Certains même aiment ça.

Pourquoi donc ce type de décision inefficace par rapport à l’objectif déclaré et même contreproductive ?

  • Une idiotie [4], une simple erreur ? [5].
  • La bêtise ?
  • La méchanceté ? [6]
  • La folie ?
  • L e signe de l’emprise du système (voir le film THX 1138) ?
  • La "soumission volontaire" à l’autorité des marchés...?
  • La logique des "décisions absurdes" ? (voir le livre de christian Morel)
  • Du dogmatisme de droite ?
  • Faire autrement remettrait en cause trop de chose : Voir les propos d’Yves Cochet
  • Une manipulation : faire croire qu’on fait quelque chose, et éviter ainsi les seules solutions efficaces mais qui pourraient poser des problèmes au gouvernement. [7]
  • De la duplicité ?

Il n’y a pas que les chômeurs sur qui on s’acharne, il y a les personnes bénéficiant de la CMU, du RMI, et les travailleurs malades. Par contre rien contre la scandaleuse richesse de certains.

Cet acharnement sur les pauvres se double d’une absence de respect. Souvent leurs difficultés financières sont amplifiées par un manque d’égard : retards de paiements, prélèvements indus, absence de reconnaissance des droits, retards dans la reconnaissance de ces mêmes droits (Perte des dossiers, complexifications administratives...), décisions arbitraires, manque d’écoute et de compréhension. [8]

ÉCHANGES D’INFORMATIONS DANGER !

Sous prétexte de lutte contre la fraude, les fichiers administratifs (CAF, URSSAF, Impot, Sécu, préfecture...) sont de plus en plus inter connectés. Encore plus grave, des informations sont échangées au téléphone, dans des rencontres informelles ou lors de réunions. Ceci entraîne déjà des bavures, des dénis de droits à partir d’une simple suspicion de fraude ou d’une rumeur. Tout ceci est fait secrètement. La personne ne comprend pas ce qui lui arrive : pourquoi on lui refuse sa demande, pourquoi on n’y répond pas, pourquoi on la maltraite.


[1Lu dans Marianne du 7 juin 2008

[2Il faudrait au moins envisager et discuter les autres solutions

[3Majoritaires le plus souvent.

[4= Un manque de savoir

[5Mais la personne qui fait une erreur s’en aperçoit rapidement

[6Claude Got parle de "malfaisance" dans son livre : « Comment tuer l’état ».

[7L’objectif de diminution du chômage n’est-il pas utopique ? Existe-t-il un travail pour tous ? faut-il et peut-on faire travailler tout le monde ?

[8Il arrive souvent que les gens en arrêt de travail ne touchent pas dans les temps leurs indemnités journalières, or rien n’est prévu pour éviter que ce problème se reproduise. Il arrive donc que les gens n’aient (à tort) aucun revenu pendant un, deux ou même trois mois. Cela entraîne évidemment des problèmes avec la banque. Personne ne semble s’en émouvoir. Ce type d’absence de respect est aussi courant dans "le social". Des articles sur ce sujet sont en préparation