Comprendre les discours sur les chômeurs, bénéficiaires du RMI/RSA, de la CMU et de l’AME.............tous des fraudeurs, profiteurs et feignants...

Les pauvres surconsomment-ils !?

D’un soignant [2] :
“Nous ne sommes pas contre le tiers payant mais contre sa généralisation. Pour preuve, nous ne refusons pas les bénéficiares de la CMU, ni ceux de l’AME. Mais pour nous c’est une fausse bonne idée. Non seulement on redoute une surconsommation médicales, comme on le voit déjà avec les porteurs de la carte CMU et AME qui ne payent pas, mais aussi une surcharge administrative....”

Professeur paul henri Cugnenc [3]. En charge des questions de santé à l’UMP : “ Il faut responsabiliser les gens .... les catégories qui aujourd’hui bénéficient de la CMU ont beaucoup plus recours [hésitations...] à la santé et aux diverses structures, que ceux qui n’ont pas la CMU. Qu’est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire qu’il y a moins de rigueur [heu..] pour le vécu des uns que pour le vécu des autres.”

Ce sentiment de surconsommation repose sur l’expérience de quelques médecins.
– Cette expérience doit être critiquée
– d’autres médecins ont une expérience contraire. |« On ne doit pas s’enrichir sur le dos des malades...
La société prend quelques virages dangereux et les médecins avec l’idéologie médicale...
Je n’ai pas l’impression qu’ils usent plus du système de santé que les autres... S’ils sont plus malades, c’est du fait de leur situation sociale » [4]|

Quelles sont les preuves de cette surconsommation ?

La surconsommation médicamenteuse est généralisée. Les facteurs de surconsommations sont multiples. C’est la surprescription qui est essentiellement coûteuse. Il serait plus "rentable" de dénoncer les soignants qui surprescrivent qui les patients qui surconsomment. Il y a aussi l’habitude et l’anxiété. Contrairement à d’autres pays l’habitude a été prise de terminer toute consultation par une prescription.

Même l’assurance maladie s’y met !
Voir lalettre N° 29 aux médecins :
« [...] Pour favoriser la compréhension réciproque des
droits et devoirs de chacune des parties, les médecins
qui s’estimeraient lésés par certains comportements abusifs (retards aux rendez-vous, traitements
non suivis et/ou interrompus…) [...]peuvent également
saisir le conciliateur local. »

Voir sur ce site le commentaire de la COMEGAS : "Selon le COllectif des MEdecins Généralistes pour l’Accès aux Soins « aucune étude n’apporte la preuve que ces comportements “abusifs” seraient plus fréquents chez les bénéficiaires de la CMU que chez les autres assurés sociaux. Le CoMeGAS dénonce le caractère discriminatoire de ces mesures, voire illégal pour celle concernant l’observance des traitements. L’Assurance Maladie semble ainsi cautionner les a priori négatifs et infondés de certains médecins envers les plus fragiles de notre société. Le CoMeGAS saisit de nouveau la HALDE pour que le caractère discriminatoire de ces mesures prises par l’Assurance Maladie soit reconnu et qu’elles soient annulées. »

Le CoMeGAS souligne le caractère « consternant d’une situation qui amène l’Assurance Maladie solidaire à autoriser des soignants à porter plainte contre ses assurés, pour tenter de régler ce qui ne sont que des difficultés relationnelles, dues à des a priori envers les plus fragiles de notre société..... ”

Communiqué de presse du 4 février 2008 sur la CMU-c : "Arrêtons de stigmatiser les plus pauvres"

Le tiers payant est-il inflationniste ?
http://www.smg-pratiques.info/Argumentaire-pour-le-Tiers-Payant.html
A suivre..

Les gens qui bénéficient de la CMU sont plus souvent malades que les autres : beaucoup de références :
en particulier étude de l’insee : ici ou ici ou ici

la fragilité sociale est un déterminant majeur des inégalités de santé. La fragilité sociale est un déterminant majeur de la perception négative de la santé, indépendant des indicateurs socio-économiques traditionnels. Voir Pratiques
et Organisation des Soins avril juin 2007

Il faudrait aussi d’abord définir cette notion de surconsommation...

Cette surconsommation, même si validée, est-elle significativement importante ?

La surconsommation du fait de la pression de la demande de certains CMUistes ou bénéficiaires de l’AME est une goutte d’eau dans un océan de gaspillage. Avant de dénoncer la paille dans l’œil des pauvres il faudrait voir la poutre qu’on a dans le sien.

À travers cette soi-disante surconsommation des pauvres il s’agit de pointer leur comportement, leur impolitesse.

Entendu d’un médecin pas particulièrement xénophobe en plus (?!), pour évoquer les exigences et demandes pressantes anormales de certains patients : "je n’hésite pas à remettre en place les arabes, les gitanes, et les CMU". A noter que cette même phrase est plus difficile à dire si on remplace "arabes, gitanes, CMU" par "pauvres".

Article du Bulletin de l’ordre des médecins de novembre 2006 :

Émission Le magazine de la rédaction Lien probablement temporaire.
 [10]
– Propos d’un médecin :
Les CMUistes sont plus consommateurs de soins à cause de la gratuité, qui ne pousse pas à la retenue : « lorsque le buffet au club med est gratuit vous revenez avec 3 assiettes et vous n’en mangez qu’une » [11]. D’où la conclusion, il faut faire payer un peu (« comme pour les enfants selon Françoise Dolto ») pour responsabiliser. Les exemples pris semblent démasquer la pensée profonde [12] : ce sont des enfants, ce sont des gens qui sont tout le temps en vacances.
– Propos d’un dentiste
Les CMU ont des droits mais aussi des devoirs : « ils faut que les rendez-vous soient honorés....(repris deux fois dans les propos et noyé dans d’autres considérations plus neutres)... « On entend que ces gens nous respectent »  »

"Pour beaucoup de professionnels de santé, bénéficier de la CMU ne va pas forcément de soi, encore faut-il le mériter. L’étude souligne ainsi qu’avant d’accorder un rendez-vous, certains praticiens opèrent "un tri en fonction de ceux qui seraient des "bons pauvres" ou des "mauvais pauvres". [13]

Quand des pauvres tapent sur d’autres pauvres

Entendu :
"C’est injuste les veinotoniques sont remboursés à 100% aux gens qui ont la CMU et les autres doivent se le payer [en fait remboursement mais très bas] "
– Le premier pour dire que tout ce qui est gratuit entraîne des abus, vu le peu d’efficacité du traitement.
– Le second [14] de rajouter, "alors que moi je travaille au moins, tandis que eux ne font rien".

Lu dans un forum de discussion sur la fibromyalgie

« Ce qui me fait un revenu équivalent au minimum vieillesse ... avant l’heure. Étant donné que je touche l’APL, je ne peux prétendre à la CMU, car je touche 50 € de trop ... et ces 50 € correspondent au plafond de l’APL pris en compte dans le montant de mes ressources.
Je ne sais pas vraiment si c’eût été un avantage que de percevoir la CMU, car les médecins ne sont pas vraiment chauds avec les les personnes la percevant ... (un membre de mon entourage ne comprend pas que ces gens là puissent avoir droit aux soins ... et quand je souligne que j’y aurait droit à peu de chose près ... ben, c’est différent car j’ai travaillé !!! Je ne cherche plus à comprendre ...) Et le dentistes non plus, n’aiment pas soigner les personnes les plus démunies ! »

Voir les conséquences politiques dans cet article.

Tous des assistés fainéants et voleurs !?

Par exemple : taper fainéant RSA dans un moteur de recherche.

Lire l’article d’actuchomage : Voilà pourquoi je refuse de prendre une décision de suspension/radiation de RSA"

BROUILLON

http://www.egora.fr/node/206025/talk#comments

ANNEXE 1 : Arguments des médecins pour ne pas recevoir les CMU

Critiques entendues envers les bénéficiaires de la CMU

– Ils surconsomment
– Ce sont des feignants
– Ils ont un mauvais comportement
– L’attribution des droits à la CMU est trop laxiste
– C’est de la paperasserie en plus (les médecins)
– Je ne m’y retrouve pas sur le plan financier (les médecins)

En fait, en général, il s’agit essentiellement de taper sur le pauvre. Qu’importe la vérité ou non du discours.

D’où la fausseté et la mauvaise foi de l’argumentation (raisons financières, raisons morales : CMU = fraude). Ceci explique aussi le fait que la discussion puisse tourner en rond s’il n’y a pas accord sur la prémisse de la fausse pauvreté ou non des CMUistes.

Parler des rmistes, CMUistes, chômeurs, c’est l’occasion de faire une critique morale et ainsi de dédouaner son propre comportement d’égoïste à bon compte.

 [16]
« Renoncer à un droit personnel pour que soit respecté un droit fondamental, celui d’être soigné...Voilà donc le dilemme de tous ceux que des médecins n’acceptent pas de recevoir parce qu’ils bénéficient de la couverture maladie universelle...Selon un récent rapport, un praticien sur 7 en effet refuse les 6 millions de bénéficiaires de la CMU, c’est-à-dire cet accès totalement gratuit aux soins pour les plus démunis. »

« je ne prend pas la CMU parce que chaque fois que je dois me faire rembourser ce n’est pas assez rapide » [17]

Ce n’est pas non plus « le malaise des médecins qui se reglent sur le dos des plus pauvres ! » Et le journaliste d’en rajouter : "N’est-ce pas là l’essentiel au delà de la question matérielle..."

D’une gynécologue : « je ne joue pas le jeu car j’ai eu plusieurs patientes qui ne "méritait" pas la CMU. J’ai eu des artistes qui se mettaient à la CMU parce que elles allaient arrêter de travailler pendant une certaine période, et c’était normal pour elles de venir a tel horaire, autant de consultation qu’elle voulait parce qu’elle ne payait pas » [18]. « D’autres personnes m’ont dit qu’elles préféraient être à la CMU et au RMI parceque si elles travaillaient elles toucheraient à peine plus. Je leur ai gentiment expliqué qu’il y avait la moitié des gens qui travaillaient pour elles [ comme si la gynéco était une altruiste], et que ce n’était pas très sérieux. Et puis on a eu des CMU qui sont arrivés, Mercedes et BM qui descendent de l’avion, et qui viennent de pays très lointains,alors j’estime que ce n’est pas toujours très bien attribué les CMU » [19].
« Je pense qu’il y a une sacrée majorité de tricheurs. » Elle ne dit pas que la loi est mal faite et la CMU donnée à tort dans la majorité des cas, mais que la fraude est généralisée ["trop de fraudes trop de triches" rajoute le journaliste, « elle fait la police à sa manière »].

Donc généralisations abusives, exemples choisis pour stigmatiser encore un peu plus.

Une argumentation rationnelle aurait du se contenter de dire que son expérience fait que que l’on pense que la majorité des gens en CMU le sont à tort [et sont donc en fait des faux pauvres]. Les considérations morales surajoutées (ils abusent de la gratuité, ils ne veulent pas travailler) n’ajoutent rien à la démonstration mais noie le poisson, ce qui permet de justifier son attitude : "donc je ne reçois pas les gens en CMU" ; sous entendu : tant pis pour ceux qui sont réellement pauvres, de toute façon « je demande à ma secrétaire de faire le trie. ».

Comment fait-elle en pratique : refus systématique (« je l’annonce, classiquement je ne prend pas la CMU... normalement je n’ai pas le droit de le dire... mais je module mes honoraires... les étudiantes je ne vais jamais leur prendre 85 euros [20] ») et trie (si la personne insiste ?) à partir d’un jugement moral : les méritants et les non méritants : la secrétaire « trie les vrais et les faux CMU. ».. pour cela « on leur demande s’ils ont des soucis financiers »