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Comprendre comment analyser un article de journal sur la fraude. [version 0.00]

lundi 16 mars 2015, par omedoc

Pour les journaux, faire régulièrement des articles sur la fraude sociale est vendeur.

Je vais montrer que le but de ce type d’article est de stigmatiser les pauvres (et non les riches), [1]

Les "lecteurs" [2] aiment ça. Ils aiment se plaindre en accusant les autres, surtout les plus pauvres qu’eux, d’être responsables de leurs problèmes.

Ce genre d’article est donc fait pour flatter les plus bas instincts [3]. La thématique de la fraude sociale est reprise par l’extrême droite : comparez aux autres le programme du FDN pour les élections départementales : "Nos engagements pour le département... Lutter contre la fraude sociale et les recours abusifs au RSA".

Pour analyser il faut comparer l’article avec le même article "non orienté". Pour cela il faut en revenir au fait. cette analyse se veut objective.

Bien sûr toute affirmation peut s’argumenter et se justifier, et il est difficile d’être objectif.

l’analyse factuelle ne suffit pas. En l’absence d’esprit critique et autocritique, l’interprétation d’un article se fait en fonction de ses a priori. Les articles des journaux jouent sur les a priori des lecteurs. Pour analyser les objectifs de l’article il faut donc en tenir compte.

Connaissant les intérêts du journal (sensationnalisme), connaissant les intérêt de la CPAM (afficher de bons résultats), on ne peut lire ce type d’article qu’avec esprit critique. Il est même préférable en fait de ne pas les lire : il s’agit d’une perte de temps.

On pourrait rêver d’un autre type d’article plus factuel, mais qui le lirait !

Les faits

Quels sont les principaux faits ?

Il s’agit de trois affirmations :

La CPAM a déclaré qu’en 2014 elle avait détecté pour 611 072 euros de — ce qu’elle appelle — fraude ; soit 45% de plus que l’année dernière. Les assurés ne représentent que 7% du total

La fraude : quelle fraude ?

La première question que l’on doit se poser est de savoir ce que recouvre réellement le terme de fraude. De quoi s’agit-il exactement ? Il y a parfois des fraudes non volontaires par méconnaissance de la règlementation. Voir mon article sur la cotation des actes infirmiers. Or elles représentent le "top des professions à l’amende" avec 234 039 euros.

Cette méconnaissance de la règlementation va dans un sens et dans l’autre : Il peut y avoir des sous cotations erronées.

Les hôpitaux ont été longtemps contrôlés sur leur codage des actes. Voir cet article. Cela ramenait beaucoup d’argents car n’étaient relevés que les surcodages. Ce surcodage était compté comme une fraude ! Or il y a quelques mois, un jugement a obligé le service médical qui faisait le contrôle à relever et comptabiliser aussi les sous codages. Lors des derniers contrôles, c’est la CPAM qui a dû reverser des trop perçus !

Récemment il a été évalué le coût du non recours aux prestation. ce coût est bien supérieur à la fraude. Voir par exemple ici

Que signifie la hausse de 45% ?

"45% de hausse de la fraude" peut signifier plusieurs choses.

S’agit-il de l’augmentation de la fraude ou de l’augmentation de "l’efficacité" de la CPAM ?

Si on lit les titres, ils correspondent aux a priori des lecteurs.

Cette augmentation de la fraude ou de l’efficacité de la CPAM doit-elle être mesurée par le nombre de fraudes ou par ce qu’elle rapporte ?

Ce qui compte dans cet article ce n’est pas l’augmentation du nombre de fraudes. Ce que rapporte financièrement la fraude est très variable. Il est plausible qu’il y ait eu une baisse du nombre de fraudeurs en 2014 avec une seule grosse fraude qui explique la hausse de 45%.

Il est impossible de se faire une opinion à partir d’un article de journal sans avoir la possibilité d’accéder aux données brutes. Il peut-être dit n’importe quoi, impossible de vérifier [4]. Ce type d’article ne fait donc que renforcer dans leur opinion ceux qui estiment qu’il y a de plus en plus de fraude sociale, que c’est un coût important et que lutter contre la fraude à la sécu ou au RSA permettrait de donner plus à "ceux qui se lèvent tôt".

"Les assurés ne représentent que 7% du total"

A plusieurs reprises il est bien affirmé dans l’article que les fraudes étaient dues majoritairement aux professionnels. Mais cela ne minimise pas la responsabilité des assistés fraudeurs. Vu que les assurés ne représentent que 7% du total, pourquoi ne pas titrer sur les seuls professionnels ? Est-ce que la fraude chez les seuls assurés augmente ? pour quoi donner en exemple le cas d’un français d’origine étrangère(?) [5]) qui ne vit qu’avec une petite invalidité

Il faut prendre ce type d’histoire avec précaution : il y a tellement d’injustices en France !

A noter la notion de "préjudice évité" !


 On parle trop de la fraude et pas des autres problèmes.

Portfolio


[1et d’instiller de la méfiance, de l’insécurité et de la peur..

[2Attention, je généralise souvent, c’est à tort, mais c’est pour être concis

[3Attention il ne s’agit pas pour moi de dire que je suis "meilleur" que les autres

[4Seuls certains de ceux qui sont à l’intérieur peuvent juger... Mais ils ne peuvent parler...

[5Toutes les suppositions, même les plus racistes sont possibles