Accueil > Questions sur la médecine > Opinion personnelle sur certaines questions médicales > Réservé médecins prescripteurs > Problèmes médicaux > Définition de la maladie... maladies inventées

Définition de la maladie... maladies inventées

mardi 28 juillet 2009, par omedoc

Dans leur malheur, les malades bénéficient d’avantages : [pouvoir]souffler [1], se plaindre, se faire câliner, et se reposer enfin. Des gens se considèrent comme malade alors qu’ils ne le sont pas, et vice versa. Peut-on, en précisant le concept de maladie, faire le tri entre le vrai et faux ? Cela semble difficile car la maladie ne peut être définie de façon absolue [2]. Autre chose est de décider des personnes qui doivent relever ou non de la sollicitude médicale [3]

TRÈS TRÈS GROS TRAVAIL. EN COURS D’ÉCRITURE... JE NE SAIS PAS SI J’ABOUTIRAI UN JOUR !!!!

Attention je ne parle pas des maladies graves avec altération de l’"état général et risque de mort..

La maladie est une notion tout à fait relative [4] . Aldous Huxley constatait déjà à son époque : "La médecine a fait tellement de progrès que plus personne n’est en bonne santé." .

Qu’est-ce que la maladie ?

La définition de la maladie, comme toute définition est totalement arbitraire. Le problème n’est donc pas de définir ce qu’est la maladie, ni si telle ou telle affection est ou non une maladie, mais de répondre à la question est-ce d’origine organique ou psychologique ? En fait, nous ne sommes pas des êtres totalement immatériels, la psychologie a un support organique et donc on trouvera toujours des anomalies biochimiques ou physiologiques derrière tout trouble psychologique. La vrai question est donc : Cette entité médicale, cette souffrance, cette fatigue, est-elle guérissable ou non par un travail psychologique/philosophique sur soi c’est à dire par exemple par la parole du médecin ? Cette guérison peut se faire suite à une rencontre, une lecture, à une prise de conscience, une conversion....

"Le rôle du "milieu" et des événements vécus a été reconnu depuis longtemps dans les psychoses réactionnelles, par exemple les psychoses de bombardement ou les psychoses carcérales (des idées de persécution se développent sous l’effet de l’incarcération et disparaissent à la sortie de prison - Emil Kraepelin).
[...] [A propos de Louis Le Guillant] Pendant la seconde guerre mondiale, il est médecin-directeur de l’hôpital psychiatrique de la charité-sur Loire où il suit le parcours médical de malades libérés ou évadés de l’hôpital en raison des bombardements et constate la réadaptation sociale de 33 d’antre eux sur 89 (réadaptation sociale ne signifie pas "guérison" mais disparition des symptômes les plus lourds et possibilité de vivre hors de l’hôpital).
Pascale Molinier les enjeux psychiatriques du travail.

Par abus de langage, car tout à une base organique on parlera de maladies [d’origine] psychologiques, en opposition aux maladies [d’origine] organiques. L’opinion publique considère en général spontanément que seule les maladies organiques sont réellement des maladies, d’autant plus que la psychothérapie est souvent
difficile à accepter [5] car il y a derrière une
idée de faiblesse.

Le problème se complique du fait que des maladies organiques réelles s’associent à des troubles psychologiques :
 soit que les troubles psychologiques sont réactionnels à la douleur et à l’impotence fonctionnelle de la maladie organique
 soit que la maladie organique est l’occasion de l’émergence des troubles psychologiques. Au départ il y a un problème organique plus ou moins grave. Par la suite les troubles psychologiques évoluent pour leur propre compte.

L’enjeu, travers la définition de la maladie ou l’attribution de l’étiquette de maladie, c’est la culpabilisation ou non de la personne souffrante, La personne qui souffre va culpabiliser pour deux raisons, pour les "bénéfices secondaires" de la maladie, et pour l’échec existentiel que représente cette souffrance. Le bonheur est considéré généralement comme le but à atteindre. [6]. Selon l’opinion commune, ne pas arriver à être heureux c’est être un raté. C’est pour cela qu’affirmer son bonheur, sa réussite peut entraîner des réactions d’agressivité. Et même les débats sur la définition de la maladie dégénèrent souvent : Exemple ici. Beaucoup d’agressivité donc sur des sujets qui a priori ne devraient pas en susciter. Comment l’expliquer si ce n’est par une défense contre la culpabilité d’avoir une maladie sans organicité démontrée.

Maladie et manque de volonté

Attention, sur la volonté lire d’abord mon article qui explique que plutôt que de volonté il faudrait parler de motivation. En effet plus on est motivé moins on a besoin de volonté.

L’autre enjeu dans la définition de la maladie c’est le regard des autre qui veulent séparer les vrais des faux malades. En dehors de la simulation volontaire le faux malade serait celui qui n’a pas la volonté de changer. Cette suspicion ne peut qu’enfoncer le malade de bonne foi.

Cependant cet appel à la volonté n’est pas totalement fausse même si mal exprimée elle peut être inutilement culpabilisante. Il faut réhabiliter le concept de volonté e-t/ou de liberté.

"[Hermann Simon, psychiatre allemand] affirme qu’il faut constamment traiter les trois maux dont sont menacés les malades mentaux dans un hopital et contre lesquels la thérapeutique doit lutter : "l’inaction, l’ambiance défavorable de l’hôpital et le préjugé d’irresponsabilité du malade lui même".
Pascale Molinier les enjeux psychiatriques du travail.

"On ne peut pas guérir sans tenir compte de l’élément d’initiative que l’on peut appeler liberté ou de vérité du déchiffrement des événements. C’est très important."
Bernard Forthomme guérir la guérison

D’ailleurs les personnes ne sont pas dupes sur le sujet. En cas de problème psychologique, le problème est de savoir si la personne reste libre malgré la souffrance, libre de changer et de guérir par elle même, le thérapeute n’étant qu’un guide. Certaines pathologies s’accompagnent cependant d’aboulie. La volonté peut-elle être elle-même "pathologique" ?

Pour guérir il faut affronter la vérité, et/ou sa vérité. C’est là où il peut-être question de volonté. Il y a un problème de volonté lorsqu’il y a conflit entre le devoir et le plaisir. Or pour éviter de rajouter de la souffrance, les médecins cachent souvent la vérité, parlent de "maladie", pour que le patient puisse entendre que ce n’est pas de sa faute, qu’il n’y peut rien, et que seul un médicament ou le médicament médecin [7] peut le guérir. C’est lui mentir. C’est un mensonge pieux. Au contraire, le patient peut beaucoup, il peut même tout, il peut (doit en tant qu’être humain) chercher de bonne foi la guérison, il peut (doit) affronter la vérité [8]. Le médecin ne connait rien du malade et de sa maladie.

"De toute façon, vouloir faire l’analyse de Nicolas Sarkozy est un leurre. Nous savons en psychanalyse que le sens ne peut surgir que de la personne analysée, car elle seule détient un savoir sur sa vérité. L’analyste ne fait que la guider dans cette fouille archéologique. « Les mots qui vont surgir savent de nous ce que nous ignorons d’eux », écrivait René Char. En analysant le président, on ne fabrique que des fantômes psychologiques de Nicolas Sarkozy."
Roland Gori

Les troubles psychiques [9] font réellement souffrir, jusqu’au suicides. Si la personne n’est pas coupable de sa fragilité, d’être tombé "malade", de ne pas arriver à s’en sortir, elle est responsable de chercher la clé de la guérison. Si elle cherche sérieusement, elle trouvera. Le thérapeute ne peut que l’aider à chercher partout sans rien oublier.
La dépression ( au autres maladies psy) c’est comme si
on était enfermé dans une pièce et qu’on ait perdu la clé, il faut trouver la
clé. Sous entendu : vous n’êtes pas coupable de vous retrouver enfermé, vous
n’êtes pas coupable de ne pas la trouver, vous êtes quand même responsable de
la chercher, il n’y a que vous qui pouvez la trouver, on peut vous aider à la
chercher, la guérison est absolument possible, sans effort ! parfois et même d’un coup ! [10] Une autre image est la personne qui tombe de la falaise car trop fragile elle a été jetée à bas par le vent et les événements. Elle doit remonter sur la falaise, mais escalader lui donne le vertige. Ce n’est pas sa faute si elle est tombée, ce n’est pas sa faute si elle a le vertige, Mais c’est de sa responsabilité de combattre le vertige, petit à petit elle doit s’astreindre à essayer de monter de plus en plus haut chaque jour... Elle doit s’entrainer..

En ce qui concerne la notion de maladie inventée, il faut rajouter le concept de normalité, concept lui aussi à limites variables. Le problème est de savoir si devant telle ou telle sensation "anormale", tel ou tel signe clinique, on doit avoir une attitude particulière, [11] et si oui, doit-on aller jusqu’à consulter un médecin et ainsi rentrer dans le système de soin. Rentrer dans le système de soin, c’est :
 avoir droit à des soins (Mal exprimé par la revendication de « droit à la santé »), c’est donc avoir droit à un remboursement au titre de la solidarité, et à un effort de recherche de la part de la communauté scientifique.
 c’est en général aussi prendre des médicaments.

"Au XIXe siècle, Brierre de Boismont, dans son livre pionnier sur le Suicide,
médicalise nommément et plus systématiquement l’acédie, l’étrécit et la déforme en en faisant un vecteur du suicide ou même une tendance proprement suicidaire. Ce que l’acédie tendait déjà à devenir dès le XIIIe siècle lorsqu’elle est rapprochée pastoralement de la mélancolie (pour excuser ceux qui en souffrent, en montrant le substrat physiologique de l’affection, et donc indépendant de la liberté)"
Bernard Fortkomme : L’acédie, la dépression, la mélancolie et l’ennui

Prenons le cas de l’hyperactivité chez l’enfant. Vu qu’elle pose problème on a inventé une maladie (le TDHA) [12] .
Inversement il y a des cas contraires de lenteur chez l’enfant. Avant on parlait d’enfant lymphatique. C’est moins gênant, et donc cela n’a pas fait l’objet d’une étiquette de maladie. Pourtant il s’agit d’un équivalent en négatif. Par ailleurs se pose le problème de la limité en hyperactivité pathologique et enfant normalement turbulent.

Modèle de la maladie

Quel est la cause des maladies mentales ?

Dans tous les cas "c’est dans la tête..."

Mais on doit distinguer le cerveau comme matière de l’information qui y circule

Exemple de la dépression

la dépression c’est la perte de l’élan vital...

La dépression peut être considéré comme une maladie de cause organique ? On parle d’organogénèse. La maladie nait d’une altération génétique ou acquise de la chimie du cerveau, des connections nerveuses... La personne ne peut guérir sans aide médicamenteuse (ou chirurgicale, ce n’est pas une question de volonté, elle n’est pas libre de guérir ou pas.

La dépression peut aussi être considérée comme une maladie de cause psychologique. On parle de psychogénèse. Il s’agit d’une pathologie de l’information circulante. Les médicaments ne peuvent que soulager. La personne peut "manipuler" l’information pour la rendre non pathogène. Elle peut guérir avec un peu de volonté ou savoir penser...

La dépression peut aussi être considérée comme d’origine extérieure à la personne. Un environnement "toxique" va tuer son élan vital. On parle de sociogénèse de la dépression.

Considérons l’addiction (l’alcoolisme par exemple). On parle parfois du craving en disant que l’alcoolique ne peut résister à la "tentation" : "Le sujet se livre à son addiction (par exemple : utilisation d’une drogue, ou participation à un jeu d’argent) malgré la conscience aiguë qu’il a le plus souvent d’abus et de perte de sa liberté d’action, ou de leur éventualité." Résister est impossible. Il a une envie irrésistible de boire.

D’un pharmacien très impliqué dans la toxicomanie : b"ien sur qu’il existe plein de toxicomanes capables de stopper. C’est un sujet si vaste qu’il faudrait utiliser mille précautions avant d’écrire quoi que ce soit. Sur notre forum ,le dialogue écrit ne permet aucun nuance puisque on ne peut s’interrompre tout à tour.Il y a autant de toxicomanes que d’êtres humains ,la toxicomanie en elle-même n’est pas une maladie, la meilleure preuve c’est que l’on arrive pas à la guérir (attention c’est encore une phrase qui peut se discuter sans cesse mais qui pour moi est un point de départ, le toxicomane n’est pas un malade mais souvent il franchit une limite qui fait qu’il tombe dans le craving ¨, dans ce cas il acquiert des symptômes qui ne trompent pas et s’il ne trouve pas sa drogue il peut faire n’importe quoi ,comme l’alcoolique dans la crise de délirium.

A Paris,dans mon esprit je ne soigne plus aucun toxicomanes ,les 9 que je vois (tous substitués) sont pas manque physique de rien.A Sevran,j’ai vu des dizaines personnes arrivés en état de manque dans les années 90,ceux là ne pouvaient pas s’arrêter seuls et cela finissait toujours par une agression et un vol pour trouver l’argent de la drogue (l’argent de la drogue est aussi une notion à part)

je pense que tous sont capables de stopper mais surement pas seuls et encore moins au milieu d’autres,c’est pour cela que je rêve que chaque médecin s’occupe de 2 ou 3 toxicomanes et chaque pharmacien d’une dizaine.Bonne journée.

L’addiction n’est pas une maladie, mais le craving oui.

Il est à noter que cette irrespressibilité de la pulsion est parfois invoquée aux sujets de meurtrier et de violeurs pour atténuer leur responsabilité. Je n’ai pas pu faire autrement. Voir par exemple le film "le maudit".

En fait le craving est une pulsion très forte, et donc théoriquement la personne pourrait y résister.

Souvent même sans craving l’alcoolique qui fait une bêtise dit : ce n’est pas de sa faute car il avais bu. Est-ce que l’alcool enlève toute liberté à l’être humain. Je ne le crois pas. [13] Il désinhibe essentiellement, et ce qu’on fait sous l’effet de l’alcool correspond peut-être à notre vérité profonde. Notre liberté, sens du devoir, morale et volonté reste intacte.

On a ici mêlé de l’organogénèse et de la psychogénèse.

La personne qui se donne un coup de marteau sur doigt. Ceci va déclencher un message électrique de douleur et va être perçu par la personne. Suivant la signification qu’il va donner à cette douleur, suivant ses peurs, son interprétation cette douleur va se transformer en souffrance. La douleur est le coté organique, la souffrance le coté psychologique.

Pour l’alcoolisme, il en est de même, l’alcool va imprégner les cellules nerveuses, exacerber des émotions, mais la personne reste libre pendant longtemps de continuer à boire ou de s’arrêter, d’agir dans un sens ou dans l’autre.

En ce qui concerne l’obésité voir cet article

Dire que la dépression est une maladie (voir ci-dessous des exemples), c’est rattacher deux choses mal définies. Que veut-on signifier réellement par là ?

Affirmations/hypothèses/opinion :

  • 1 La dépression "n’existe pas".
  • 2 La dépression "existe".
    • 2a mais "la majorité des patients étiquetés dépressifs ne le sont
      pas" (parce que les grilles ne sont pas valides) .
    • 2b Les grilles pour étiqueter les patients sont valides (en tenant compte de la
      sensibilité et spécificité de la grille).

On va argumenter l’opinion 1. Précisions :

  • Dire que la dépression n’existe pas ce n’est pas dire que la tristesse n’existe pas !
    -* Cette opinion correspond à :
    • soit que la dépression est "normale",
    • soit qu’elle n’est pas "normale" mais que ce n’est pas une maladie.

Il faut dans ce cas définir la normalité et la maladie.
 Mourir à 20 ans n’est pas normal, mourir de vieillesse est normal. En fait on
pourrait estimer qu’il n’est pas normal, non plus, que l’homme vieillisse. Ce
qui est jugé habituellement comme normal est en fait ce qui est jugé comme
naturel, mais on pourrait prendre une autre référence. On pourrait estimer
qu’il est normal de mourir à 20 ans si c’est la volonté divine. On pourrait
estimer aussi qu’il est anormal de vieillir car il s’agit de décrépitude, de
perte de la dignité humaine, d’un déclin inacceptable qui fait qu’on n’est
plus pleinement humain. D’où le "traitement" de la ménopause. D’où les suicides
"philosophiques".
 Pour certains, la normalité c’est le silence des organes, pour d’autre, c’est
l’absence de souffrance, pour d’autre encore (l’OMS) c’est la santé, le bien
être, une bonne qualité de vie. [14]

La maladie au sens large c’est lorsque survient un écart par rapport à ce que l’on considère comme normal.

 Voir éditorial de la revue du prat 27/02/2007 au sujet de la signification d’une baisse de la clearance de la créatinine calculée chez une personne âgée. La question posée est : peut-on parler d’insuffisance rénale ? : "Reprenons la formule de Cockroft. Elle indique que l’Eternel a programmé les reins de l’espèce humaine pour tenir 140 ans. Ainsi sans être malades, ils perdent un peu de fonction chaque année...."
Conclusion : "... et voilà une consultation pour rien ! les reins de Mme Lapersonne sont ceux d’une dame de 60 ans...)
.

 L’homosexualité a été considérée par l’OMS comme une maladie jusqu’en 1990. C’est parce qu’elle était considérée comme une anormalité. Il faudrait définir ce dernier terme.
 Voir cet article du site d’esculape : "La dépression est très
probablement un phénomène continu sans démarcation précise entre normalité
(tristesse) et pathologie. La fixation du seuil de pathologie est donc
quelque peu arbitraire."

Deuxièmement cet écart doit être significatif par rapport à un certain référentiel : statistique, risque précisé, traitement en rapport.
Ainsi "la dépression est un phénomène continu sans démarcation précise entre normalité (tristesse) et pathologie. La fixation du seuil de pathologie est donc quelque peu arbitraire." Article d’Esculape.

Si l’on considère que l’état normal de l’être humain est d’être heureux, actif, enthousiaste, alors les déprimés sont légions, d’autant plus que le moindre écart est considéré par l’industrie pharmaceutique comme anormal. Et si l’état normal de l’être humain était l’angoisse de vivre, la peur de la mort, alors les antidépresseurs deviennent des drogues. Et si l’état normal de l’être humain qui travaille était la souffrance, alors prendre des médicaments c’est se doper..

Réflexion d’un médecin : « J’ai un problème en tant que médecin avec la définition de la maladie, parce qu’elle me ramène à la notion de norme. J’ai du mal à dépister l’ano(r)malie. Faut que je me force à calculer pour dire, lui est en surcharge, elle est obèse. Je les vois comme des êtres complets, je ne cherche pas à les normer ( ça marche en dehors de la médecine, aussi). Alors ça peut poser problème pour mesurer peser les gosses, par exemple, un hospitalier me trouverait très laxiste dans mes commentaires "ne vous inquiétez pas, on va surveiller, chacun à son rythme, etc..." Au final, en 25 ans, je n’ai pas raté grand chose de ce coté là, il semble »

J’ajouterai un troisièmement : la maladie c’est quand, en plus, l’homme ne peut retourner à la normalité [15] de son seul fait  [16] ou grâce à un
changement dans son environnement. Il lui faut donc attendre l’évolution
spontanée et/ou demander l’aide d’un médicament [17] ou de
la chirurgie.
En ce sens, tout ce qui est psychique et potentiellement accessible à la
psychothérapie (j’enlève les psychoses) n’est pas une maladie. Pour les
troubles psychiques réactionnels il y a peut-être l’éventualité de lésions
psychologiques irréversibles post traumatique, inaccessible à la
psychothérapie.

Quel que soit la définition de la maladie, le problème important, en cas de
trouble psychique, est de savoir si c’est potentiellement réversible grâce à
une solution non médicamenteuse.

A noter que "normalement"(= naturellement), en cas de "dépression"
réactionnelle l’être humain a toutes les ressources pour s’en sortir (sauf si
l’environnement est en cause et ne peut être changé). Cela ne dépend que de
lui. S’il ne peut réussir c’est pour deux raisons : soit parce qu’au fond
cette situation l’"arrange", soit parce qu’il a un problème intellectuel :
insuffisance d’esprit critique ou auto critique, pensée non juste.

Si la dépression n’est pas une maladie, alors qu’est-ce que cela peut être ?
 Un problème philosophique/existentiel (le spleen) ?
 un problème spirituel (acédie) ?
 un problème intellectuel ?
 un faux problème (= inventé) ?

Le traitement consiste à se changer et/ou à changer le monde et/ou à accepter
son état comme "normal".

A noter que si cette opinion est vrai, alors la médecine en tant que telle est
impuissante. Tout repose sur le patient. Le médecin (ou un non médecin) doit
être l’aiguilleur qui remettra le patient sur bonne la voie (celle de la
guérison naturelle).

Certains estiment qu’il y a maladie dès qu’il y a souffrance. Dans ce cas le terme de maladie n’apporte rien de plus, si ce n’est pour signifier que toute souffrance doit être prise en charge par la société.

Commentaire de

Que dire à vos patients ?
La dépression est une vraie maladie. Ce n’est ni une fatalité, ni une faiblesse de caractère ou un manque de volonté. [18]

  • Il est probablement sous entendu dans cette phrase qu’il ne faut pas culpabiliser (encore plus !) les dépressifs, l’a priori étant qu’il n’est pas "bien" de manquer de volonté ou d’avoir un caractère faible. Or ces deux concepts sont contestés par certains : la volonté existe-t-elle ? qu’est-ce qu’un caractère faible ? Voir mon article sur la volonté [**]. Dans tous les cas c’est rester dans le cadre du discours habituel de l’opinion publique : il faut faire des efforts ! il ne faut pas être assisté !... Ce n’est pas pour cela que cette affirmation est fausse. Cette affirmation est vraie parce que la volonté et le caractère n’ont rien à voir dans la cause de la dépression ou dans le processus de guérison. Faire appel à la volonté dans ce cas, c’est essayer de se soulever du sol en tirant sur ses lacets de chaussure.
  • Un des symptômes de la dépression, c’est le sentiment de manquer de volonté et de culpabiliser. Dire cette phrase, c’est essayer de "persuader" du contraire : vous ne devez pas vous sentir coupable. Pour cela on invoque l’autorité de l’étiquette "maladie", et même on précise bien "vraie" maladie.
  • Qu’est-ce qu’une "fausse" maladie ? c’est quand on manque de volonté !?
  • le terme de maladie est ici employée comme contraire de "manque de volonté". Soit vous manquez de volonté, soit vous êtes malade. Evidemment c’est un peu simpliste.
    • Le point important est de distinguer culpabilité et responsabilité. On n’est pas coupable d’avoir une maladie, mais on doit essayer d’en guérir, c’est de notre responsabilité. En particulier, si la maladie altère notre psychisme, nous avons le devoir de faire tout ce qu’il est possible pour guérir.
    • Le fait de ne pas avoir trouvé le bonheur dans sa vie, n’est pas une maladie, et n’est pas une question de volonté ou de force de caractère.
  • "ce n’est pas une fatalité", c’est à dire on peut guérir ! S’agit-il de ne pas désespérer encore plus ou bien est-ce la réalité ? Dans ce cas : combien de guérisons ? et pourquoi certains guérissent et pas les autres ? C’est cela que le dépressif aimerait savoir.

L’article continu :

Beaucoup de patients considèrent qu’il faut s’en sortir par soi-même, ou qu’il ne faut pas céder à la facilité en acceptant une aide médicalisée. C’est faux. Accepter de l’aide est une première victoire sur la maladie.

  • Il se confirme que se faire aider c’est habituellement "mal" [19], c’est céder à la facilité. Cela rappelle les qualificatifs péjoratifs associé au "social", aux personnes bénéficiant d’aides sociales.
  • Accepter une aide médicalisé n’est elle pas plus difficile pour pour les patients déprimés qu’essayer de s’en sortir tout seul !?
  • Ne faudrait-il pas remplacer cette phrase par : "Beaucoup de patients ont de la difficulté à demander de l’aide et essayent de s’en sortir tout seul. Accepter de l’aide augmentent vos chances de guérison."

Lu dans un forum

Pourquoi cet enfer , c’est simple tu fais une sacrée dépression et il n’y a pas de honte car c’est UNE MALADIE sauf pour ceux qui ne se sentent pas concernés, mais le jour où ça leur arriveras crois moi , ils tomberont de haut.. Essaye d’en parler à tes collègues ouvertement . Cela te soulagera peut être.
Voit avec ton psy pour un nouveau traitement.
Courage, je sais c’est plus facile à dire qu’à faire.

  • nous avons donc ici le même type d’implication : dépression => honte, or la dépression est une maladie, donc je ne dois pas en avoir honte. [20]
  • J’ai connu plusieurs cas de personnes qui se croyaient fortes et étaient "tombées de haut". Cela n’en fait pas pour autant une maladie....
  • "Voit avec ton psy pour un nouveau traitement." Parler de maladie est déculpabilisant. parler de médicament encore plus. Un traitement qui se limiterait à la parole, même d’un thérapeute, n’est pas très déculpabilisant.

Relation entre symptôme et maladie

Échange entre médecins :

sauf que un patient symptomatique est malade, un patient asymptomatique n’est pas malade par définition.
 « C’est ce qui explique la différence d’attitude. Ta définition de la maladie n’est pas la mienne.
Un patient asymptomatique qui a un cancer du colon que l’on va dépister est un malade qui s’ignore.....(je te tend la perche pour me rappeler le bon Dr Knock... ;-) je suis désolé, mais en médecine on l’appelle malade.
Nous n’avons donc pas tous la même définition d’un malade.....et donc de la médecine »

REPONSES AUX CRITIQUES

Voir les critiques sur le site atoute

Je relève cette phrase : " Ce n’est pas parce le ressenti et donc la plainte sont effectivement différentes d’une personne à l’autre, et sans aucun rapport avec la réalité pathologique, que pour autant cette réalité pathologique n’existe pas pleinement. " Quelle différence entre exister et exister pleinement ?

Sur le fond = réponses aux critiques à ma définition de la maladie

Il s’agit en fait de reformulations

La dépression est un continuum entre la tristesse banale et la dépression caractérisée sévère avec possibilité de suicide. Quand peut-on parler de maladie ? J’ai donné ma définition, mais comme je l’ai expliqué il n’y a pas de définition plus vraie l’une que l’autre. Ce qui compte c’est son caractère opératoire. Dans le cas des dépressions endogènes type PMD il y a probablement des défauts majeurs du fonctionnement cérébral qui font qu’on peut les qualifier de maladie au sens de ma définition.

Le rapport psy soma n’est pas le sujet de l’article. Dans mon troisièmement j’exclu de ma définition de la maladie les souffrances qui peuvent guérir sans médicament ou chirurgie ou processus naturel d’autoréparation. On pourrait choisir une autre définition. Quand au rapport psy coma, voir mon article sur le sujet.

Pourquoi ajouter ce troisièmement ? Parce que le plus important, quelque soit son opinion sur l’origine des affections, c’est le traitement. Or, parler de maladie au sujet d’une affection, cet l’organiciser, et ne voir comme solution que le médicament. Si on estime comme moi que certaines souffrances sont provoquées par des paroles (les paroles qui tuent) (ou un environnement/événement) et qu’inversement elles peuvent guérir avec une parole (ou un changement dans l’environnement, ou une présence) alors ma définition est préférable car elle recentre sur l’essentiel, l’importance du changement : de soi même, de son environnement. Ma définition permet aussi de recentrer sur les causes environnementales et sociales.

Liens sur les maladies inventées

Article de Prescrire sur le DSMV

Blog rhumato en pratique

Docteurdu16 premier épisode

Docteurdu16 deuxième épisode

Dominique Broclain et Saskia cousin

Jean-Paul Richier

Barbara Mintzes

Article de pharmacritique

disease mongering

http://collections.plos.org/plosmedicine/diseasemongering-2006.php

http://www.diseasemongering.org/downloads/abstracts.pdf

http://collections.plos.org/plosmedicine/diseasemongering-2006.php

"Non inventée mais façonnée pour l’élargir et porter des diagnostics abusifs"

Article du monde diplomatique

Article de Mikkel Borch-Jacobsen

Qu’est-ce que la santé ?Citations :

 Paul Valery : le silence des organes.
 George Peros : c’est ce qui sert à ne pas mourir chaque fois qu’on est gravement malade.
 Historien de la médecine henri ? : une attitude joyeuse envers la vie, une acceptation réjouie des responsabilités que la vie impose à l’individu
 George canguilhem : la marge de tolérance aux infidélités du milieu la capacité d’adaptation dans la majorité des situations.
 L’OMS : un état de complet bien être physique, mental et social, ne consistant pas seulement en une absence de maladie.
 Dr Knock : La santé est un état précaire qui ne présage rien de bon.

Selon l’OMS La santé n’est pas le contraire de la maladie. Il peut donc y avoir des patients ni malade, ni en bonne santé.

La suite est en cours d’écriture...

Exemples de (probables) "fausses" maladies

Sur le modèle du syndrome dysphorique du lundi matin on trouve :

  • l’intoxication au mercure par les amalgames dentaires. . [24]
  • "l’infection chronique à candida albicans" [25]
"Oui l’explication des symptômes est ailleurs. Mais les médecins et les patients appellent cette maladie electrosensibilité. Donc elle existe."
Parler d’électrosensibilité pour des symptômes non liés directement aux ondes électromagnétiques est trompeur.
Par ailleurs ceux qui estiment que l’électrosensibilité n’existe pas ne remettent pas en cause l’existence de symptômes.

Dans l’esprit des patients qui souffrent d’électrosensibilité affirmer que l’électrosensibilité existe, c’est essentiellement signifier que leur souffrance "n’est pas dans la tête", c’est à dire que ce n’est pas une phobie ou une autre somatisation quelconque... Donc dire que les "symptômes existent" est trompeur.

L’affirmation la plus juste serait de dire qu’en l’état actuel des connaissances, il n’a pas été démontré que les patients qui disent souffrir d’électrosensibilité souffrent réellement de symptômes en relation directe avec les ondes, et que ces symptômes peuvent avoir une explication non organique plus plausible : phobie des ondes électromagnétiques, autres somatisations....

Les personne phobiques ont "réellement" des symptômes qui peuvent être très handicapants. Plus juste serait donc de parler d’électro-phobie.
  • la fibromyalgie

    La fibromyalgie, de mon point de vue, est une maladie "inventée" qui a reçu l’agrément de la FDA mais pas de l’EMEA (pas encore). Elle est au centre de la Stratégie de Knock / disease mongering ()
    Il s’agit d’une maladie mimétique typique dont l’étiologie existentielle est possible mais non prouvée. Quant à la fin, tu as écris : une chose encore est indispensable, sans laquelle, aucune thérapie ne
    peut fonctionner : c’est la reconnaissance du trouble dont souffre la malade, lui dire que cela existe, qu’il n’est pas le seul, qu’il ne fait pas exprès, que c’est encore mal connu, qu’il y a des pistes, des théories, des traitements, de la recherche, que la disparition des symptômes (guérison
     ?) ou leur amélioration est possible.qu’il existe une association de malades Alors là, c’est le pompon. Tu sors les violons : les gens qui n’y croient pas sont des méchants médecins (cela ne te rappelle pas quelque chose ?)
    Mais oui que les malades y savent, mais oui que les malades y sont contents d’être étiquetés malades et que les médecins itou qui peuvent faire des congrés, des EEG de repos, d’effort, en dormant, en baisant, et cetera et l’industrie de vendre des médicaments qui ont une seconde vie dans des indications hors AMM prescrits par des gourous, des marabouts modernes, car cette maladie a un développement mimétique qui est tellement typique (Renè Girard...)...
    Il faut mettre cette "maladie" dans une perspective historique, comme l’hystérie de Charcot, la tétanie de Hioco, l’anorexie / boulimie, et comme tu le dis, respecter les patients, mais ne pas les communautariser dans une association de malades, les ancrer dans leur malheur d’être fibromyalgiques et leur proposer des placebothérapies impures et dangereuses.
    Je ne vais pas trop loin : je pense qu’il faut garder une certaine réserve à l’égard des "nouvelles" maladies et des nouveaux malades. Il faut, certes, les prendre en compte, les écouter mais il faut rester dans notre rôle éminent de médecins généralistes, c’est à dire de médecins qui sont tout autant à l’écoute de Braun, que de Balint, que de Marx, de Freud et tutti quanti ùais qui n’ignorent pas le contexte anthroposociologique des malades insérés dans dans une société complexe où les illusions font souvent offices de certitudes.
    Mais je t’ai lu avec intérêt. C’est toujours intéressant que de bons médecins se laissent aller dans des voies curieuses et déjà empruntées depuis Molière, Bernard Shaw et illich (avec lesquels je n’adhère pas à 100 %).

  • La myofasciite à macrophages
  • La calvitie, l’acnée, autres troubles esthétiques... (troubles mais non maladies)
  • l’hyperactivité de l’enfant
  • Le syndrome du colon irritable (symptôme mais non maladie)
  • L’ostéoporose (facteur de risque mais non maladie)
  • La "dépression" réactionnelle : deuil, chagrins
  • troubles de la fonction érectile
  • spasmophilie
  • syndrome des jambes sans repos (syndrome mais non maladie)
  • pré hypertension
  • prédiabète
  • La ménopause : voir cette intéressante discussion, pour savoir si c’est ou non une maladie... Voir aussi ici,
  • implication de la flore intestinale : voir ici

Sur la difficulté du diagnostic

Le diagnostic de l’entité clinique de dénomination très variée (fibromyalgie, "lyme chronique", "syndrome de fatigue chronique", ...) est très facile. Il repose sur la présentation clinique et les diagnostics d’exclusion recommandés.
Le reste est une "simple" question d’étiquette. Nommé est difficile [27]dans la mesure où il n’y a pas de critères permettant de différencier la fibromyalgie, de la "lyme chronique", du syndrome de fatigue chronique.... [28]
Cette difficulté venant peut-être évidemment du fait que ces désignations différentes ne correspondent pas à des maladies différentes.

Sur la dépression

J’ai pillé les propos de collègues (à lire avec esprit critique) :

« 1) la majorité des patients étiquetés dépressifs ne le sont pas ;
2) Les IRS sont des inventions l’industrie pharmaceutique pour vendre de l’antidépresseur propre (contrairement aux tricycliques précédents)
3) Ainsi, traiter des patients non dépressifs avec des paraplacebos "guérit" des malades qui auraient guéri tout seuls. »

« En vérité je vous le dis [29] je ne comprends pas ce que l’on appelle un dépressif...

je connais des gens mal dans leur vie qui auraient tout à gagner à en changer, des gens qui ont fait de mauvais choix et les assument en grognant, des gens anxieux d’un rien, des hypersensibles, des toqués, des douloureux, des malheureux d’amour, des malheureux de mort, de malheureux métaphysiques, des malheureux de haine.
Des gens qui ne savent pas communiquer, des timides, des extravertis qui se font rabrouer, des intravertis qui se font rabrouer, des gens qui ne font jamais ce qu’il faudrait faire, des gens qui ont peur, des gens tristes parce que c’est triste de vieillir, de grandir, de partir, d’assumer, de vivre seul, de vivre à deux, de ne plus vivre à deux, de se supporter, de se voir dans la glace, d’abandonner ses rêves d’enfants. Des gens graves qui voudraient être légers, des gens gais qui voudraient être graves. Des poilus pilophobes, des imberbes virils, des gens qui s’ennuient, qui s’ennuient qui s’ennuient, des gens qui auraient besoin
que leur famille, leur mari, leur patron leur foute la paix, leur fasse
confiance.

Mais pas de dépressifs...

Il y a la tristesse qui est commune. La tristesse d’être en inédaquation entre ce que l’on pense, ce que l’on fait, ce que l’on voudrait faire, ce que l’on nous dit de faire, ce que l’on pense que l’on nous dit de faire.
Il y a la tristesse de se sentir minable parce que l’on n’ose pas dire
sans violence ce que l’on voudrait dire, parce que l’on s’exprime mal,
parce que l’on aime les arbres plus que les hommes.
Des tristesses il y en a des millions.

Il y en a qui n’ont pas de fondements parait-il. J’en vois pas. Toutes
sont réactionnelle, parfois enkystées, parfois on ne trouve pas la cause et y en a-t-il une. Il n’y a souvent pas une cause, mais il y a toujours des fondements.

Voila maintenant 5 ans que je suis installé et n’étant ni meilleur ni
pire que les autres je prescrits des antidépresseurs. Je ne vois pas la différence avant après sauf l’intoxication.
Une fuite d’eau sur le toit, on met un seau, on n’a l’impression qu’il
n’y a plus de fuites ....

un homme de 48 ans vient me voir, il est "dépressif" comme ils disent, il ne comprend pas pourquoi, il ne sait pas, il pleure (c’est toujours dur de voir un homme pleurer), ça dure 6 mois, il voit des psys, il a des antidépresseurs et puis un jour je lui parle de son boulot et il me dit qu’il est nul, minable, d’ailleurs on n’a plus confiance en lui.
Alors je lui donne une feuille, je lui dit d’écrire ce qu’il ressent et
d’aller voir son chef et de lui dire ce qu’il a écrit. On a parlé de la
peur, du courage, d’être un homme. [...] Il a osé, dingue je ne l’aurais pas fait, moi qui n’ose pas dire à ma femme de ménage que les toiles d’araignée elle peut les nettoyer. Deux jours après il est guéri. Ce n’est peut-être pas le patron la cause de sa "dépression" mais c’est d’avoir oser parler à celui qui lui faisait mal et non au psy qui l’a soigné.

Des exemples comme ça il y en a plein, qui parfois se terminent bien
comme cet exemple, qui souvent se terminent en eau de boudin (on a pris le temps d’accepter mais rien n’a fondamentalement changé, il ne faut pas grand chose pour que la tristesse revienne) et puis d’autres qui se terminent mal, parce que personne ne trouve le soin, la parole qui délivrera.
Les psys c’est bien, mais ca ne suffit pas. Les antidépresseurs bof. La solution elle n’est pas que dans la relation soignant soigné, elle est dans les interactions sociales.

C’est bien de savoir que son père est une figure trop mythique, mais
maintenant est ce le psy qui va remettre la statue à hauteur d’homme ou est-ce une discussion avec le père (éventuellement aidé du psy) ?
C’est bien de se rendre compte que la mort vous effraie, mais n’est-ce pas la philosophie, la religion ou l’approche de la mort qui vous aidera à l’apprivoiser ?
C’est bien de savoir que l’on s’ennuie, mais va-t-on s’amuser avec le
psy, va-t-on sublimer avec des IRS ?

Bref, le médecin est malheureusement souvent confronté à cela, des
situations insolubles, des situations ou la seule solution que l’on
pressent c’est la séparation, la fuite, le départ, changer de vie,
changer d’amis, changer d’horizons mais on est rattrapé par la morale, par l’économie, par la vie. Ou par l’égoïsme, par la peur, par la violence.
Ton mari est violent, casse toi, ne te laisse pas faire. Oui mais je
l’aime, oui mais qu’est-ce que je vais devenir toute seule, oui mais les enfants, oui mais le fric, oui mais pour allez où ?
Ta femme t’ignore, désire d’autres hommes, pars et ne te retourne pas.
Oui mais au moins j’en ai une, oui mais parfois elle m’aime, oui mais
qui me bercera de ses rêves ?
Ton boulot te ronge, change oui mais pour faire quoi, pour aller vers
quoi et puis je gagne ma vie, et puis ce n’est peut-être pas la
solution, alors si en plus je n’ai plus de fric et que je suis encore
triste ...

Voila ce que je vois moi, des gens qui n’osent pas, des gens qui ont
peur, peur, peur et qui sont seuls même entourés. Des habitudes prises qui donnent une stabilité, de l’autre côté il y a trop de monstres, de miroirs brisés peut-être.

Je ne suis rien, ne sais rien faire, ne suis pas aimé. L’amour propre ah la belle plaie, ah la belle saloperie, trop d’amour propre souvent qui est un amour impropre, une justification idiote à ne pas faire, à être blesser par un oiseau qui chante, par un homme trop brillant, par une femme trop belle, par une parole trop ceci ou trop cela.

S’assumer c’est être égoiste, ne pas s’assumer aussi, alors que faire ?
Sortir de la peur, sortir du narcissisme immobile. Facile à dire, quasi
impossible à faire. Mais en bougeant ceci, cela, on réajuste quelques
petits trucs, on est moins sensibles, moins borné, moins peureux. Et
alors on respire.

Notre société est passé d’une société figée, hiérarchique à une société narcissique. Cela a eu comme bon effet, l’essor de l’individu, de l’individualité, une forme de liberté. Mais comme effet négatif, la
solitude, l’absence de tuteurs , de cadres, ce qui mène à la peur, à
l’individualisme. Il y a peut-être de plus en plus de "dépressifs" mais
si on creuse, on tombe toujours sur ce hiatus entre groupe, et individu.
Pas facile d’être libre et enchainé. Pas facile quand tout nous pousse à croire que l’on choisit tout ou que l’on ne choisit rien. Injonction paradoxale permanente : sois libre mais soumets toi. Sois libre mais ne fais pas de vagues. Fais ce que tu veux, existe mais meurs, exprime toi mais pas trop fort, pas trop violemment, pas trop comme ceci ou comme cela. En fait, exprime toi pour dire que tout est génial ou qu’il faudrait changer le robinet, mais pas pour dire que tu rêves du retour des chevaux dans les rues, que tu rèves de partir du boulot à 14heures pour aller regarder les papillons, que tu rèves de ta femme, de tes toiles, de sentir de la tendresse dans les regards des patrons, des manifestants ou des flics. Reviens à la réalité gars, ce sont des rêves cà ! Combien de fois on nous remet dans la vraie vie, dans le droit chemin ? La vie c’est une carte avec des routes, on choisit la route que l’on veut mais on n’a pas le droit de passer dans les champs, de voler
dans le ciel ou de creuser sous terre. On a le choix, oui mais restreint.

Alors au [censuré] les IRS et autres, vive la parole libérée,
vive l’amour. »

Bel article dans USA TOday
En gros : en dix ans le nombre d’Américains prenant des antidépresseurs a doublé.
Soit 27 millions d’Américains (10 % de la population).
Mais la majorité ne sont pas traités pour dépression : douleurs dorsales, douleurs nerveuses, troubles du sommeil, et autres.
Seuls 20 % des patients ont une psychothérapie associée.
La majorité des enfants traités par antidépresseurs n’ont pas de psychothérapie accompagnante.
Un détail : la publicité directe pour les antidépresseurs est passée de 32 à 122 millions de dollars par an.

La maladie comme injure

C’est un malade !
Tu es malade ou quoi ?
Espèce de malade !

ëtre malade c’est, pour ces injures, être un sous homme.

La vie est une maladie

Vivre est une maladie, dont le sommeil nous soulage toutes les seize heures ; c’est un palliatif, la mort est le remède.
CHAMFORT, Maximes et Pensées

N’est ce pas la raison de beaucoup de plaintes et la source ce nombreux traotements ?

C’est idée est ancienne.

Auxdieux libérateurs, dit-il qu’on sacrifie ! Ils m’ont guéri ! - De quoi ? dit Cébès.- De la vie.
LAMARTINE

C’est aussi l’idée du Boudhiste.

Une des interprétations possible :

" L’âme va donc, par la mort, accèder [30]

Brouillon

« Les médecins ne se contentent point d’avoir la maladie en gouvernement, ils rendent la santé malade, pour garder qu’on ne puisse en aucune raison échapper à eur autorité. » Montaigne

Livre de Christopher lane : "Comment la psychiatrie et l’indistrie pharmaceutique ont médicalisé nos émotions."


"En tout cas ,ce n’est pas une maladie .La maladie n’apparait que lorsque la toxicomanie à laquelle on a cédé pour x raisons crée des désordres organiques...Dans le cas de l’héroïne ,ces désordres sont contenus par les traitements de substitution si le patient est compliant."

La bêtise n’est pas une pathologie. Pourquoi ?

Histoire d’une personne de 26 ans qui va voir le sexologue, à la demande du psychologue chez qui il suit un traitement de relaxation, pour une "éjaculation précoce" : "en fait ça ne m’a jamais dérangé, mais j’ai peur que mon amie me quitte à cause de ça." le sexologue propose de le faire opérer du frein de la verge qui serait trop court. Le généraliste consulté ensuite estime en fait qu’il ne s’agit pas d’un éjaculateur précoce, en particulier, puisque si le premier rapport est court, les autres non, et les partenaires satisfaites de ces autres. Le médecin qui écrit l’anecdote termine ainsi : « MA... part la tête haute ; il n’est pas malade, il ne doit pas se faire opérer, il est comme les autres ! En prenant congé, il qualifie le sexologue de charlatan. » [31].

Entendu à la radio. L’avocat général aurait été- de façon exceptionnelle selon le journaliste, très violent contre Fourniret. Entre autre mots blessants il l’aurait traité de "malade".
Comment le mot de malade peut-il être une injure ? [32]

A trier

> Tu écris Il est à noter que tristesse ou maladie dépressive, c’est le même
> traitement psy.. mais je suis désolé, la tristesse n’est pas du domaine
> de la médecine et des traitements, elle est du domaine de l’entourage, de
> la réflexion, de la philosophie, ne mélangeons pas !!!

Il n’y a pas de différence de fond entre les deux "traitements" AMHA : traiter
la maladie dépressive et traiter la tristesse, ce sont les mêmes outils...

>
> Voilà la question de fond que tu poses avec pertinence : Comment fais-tu la
> différence entre tristesse et maladie dépressive ?
>
>
> La réponse "officielle" est : Bien qu’ils ne fassent pas l’unanimité, les
> critères américains du DSM-IV (Diagnostic and Statistical Manual of Mental
> Disorders - Fourth Edition) du trouble dépressif majeur sont : Une personne
> doit présenter au moins 5 des 9
> <http://fr.wikipedia.org/wiki/Sympt%...> symptômes suivants pour une
> durée d’au moins deux semaines, la plupart du temps, entrainant un
> changement dans le mode de fonctionnement habituel. Au moins l’un de ces
> deux critères doit être présent : Humeur triste,
> <http://fr.wikipedia.org/wiki/Anh%C3...> Anhédonie.
>
> * Humeur triste (dépressive) : décrite comme plus intense que la
> douleur d’un deuil <http://fr.wikipedia.org/wiki/Deuil> . Le malade est
> sans joie et opprimé, parfois il est incapable de percevoir tout sentiment.
> En général l’humeur est au pire le matin. Chez les enfants et adolescents,
> cela peut se manifester par une irritabilité accrue.
>
> * Anhédonie <http://fr.wikipedia.org/wiki/Anh%C3...>  :
> diminution du plaisir ou de l’intérêt pour toutes activités, y compris
> celles qui procurent du plaisir habituellement. Les habitudes se modifient,
> les passe-temps sont délaissés, tout semble monotone et vide, y compris les
> activités habituellement gratifiantes.
>
> * Modification involontaire du poids : prise ou perte de 5 % ou plus
> du poids habituel en un mois. Éventuellement, modification récente de
> l’appétit <http://fr.wikipedia.org/wiki/App%C3...>
>
> * Troubles du sommeil : diminution (insomnie
> <http://fr.wikipedia.org/wiki/Insomnie> ) ou augmentation (hypersomnie
> <http://fr.wikipedia.org/wiki/Hypersomnie> ) du temps de sommeil
>
> * Troubles de la concentration
> <http://fr.wikipedia.org/wiki/Attention> ou du processus de prise de
> décision
>
> * Troubles du comportement : agitation ou ralentissement (bradypsychie
> <http://fr.wikipedia.org/wiki/Bradyp...> ) rapportée par l’entourage.
>
> * Asthénie <http://fr.wikipedia.org/wiki/Asth%C...>  : sensation
> de fatigue ou de diminution d’énergie
>
> * Sentiments de culpabilité
> <http://fr.wikipedia.org/wiki/Culpab...>
> hypertrophiés, souvent injustifiés et liés à l’auto-dépréciation du
> patient.
>
>
> * Idées noires : volonté de mourir, idées suicidaires actives, avec ou
> sans plan spécifique, finalement tentative de suicide
> <http://fr.wikipedia.org/wiki/Suicide> .
Oui mais il s’agit d’une mesure (la mesure est même "continue" pouvant aller
de la tristesse seule à la "dépression majeure") qui ne précise pas la
discontinuité radicale que tu veux introduire entre maladie et non maladie.

Pourquoi introduire cette discontinuité ? Essentiellement parce que dire à un
patient qu’il est malade, c’est le déculpabiliser au risque de le
déresponsabiliser au sens où je l’ai défini (et non au sens employé par les
politiques). C’est en fait un mensonge, et/ou une manipulation car on ne sait
pas ce qu’est une maladie et ce qui n’est pas une maladie...

Je trouve qu’il est plus "sain" de parler de continuité entre la tristesse et
la mélancolie. Nous sommes tous plus ou moins fragiles, il n’y a pas de honte
à avoir, et donc nous sommes tous des déprimés en puissance en fonction des
événements traumatisants qui peuvent survenir. Nous pouvons tous craquer un
jour ou l’autre !

Une étude sur les conducteurs du métro je crois a montré que suite à un
suicide sur la voie, certains n’arrêtaient pas leur travail, d’autres avaient
quelques jours d’arrêts, d’autre un peu plus longtemps.

Brouillon

“La génétique humaine a changé de façon drastique notre façon de considérer les maladies humaines. L’utilisation de la génomique va affecter la façon dont nous allons établir des diagnostics et des traitements pour le prochain millénaire.” [33]

HTA facteur de risque ou maladie ?

Obésité maladie


PS :
Sur illnes, sikness et disease, voir le document de cet article

Article de BMJ

In search of "non-disease"
Richard Smith, editor.
BMJ, BMA House, London WC1H 9JR

The BMJ recently ran a vote on bmj.com to identify the "top 10 non-diseases."1 Some critics thought it an absurd exercise,2 but our primary aim was to illustrate the slipperiness of the notion of disease. We wanted to prompt a debate on what is and what is not a disease and draw attention to the increasing tendency to classify people’s problems as diseases.

problème de l’Alzheimer par le Docteur du16

un autre article du Docteur du 16

Pharmacritique

http://www.egora.fr/node/212122/talk?page=1#comments


[1au propre comme au figuré

[3Puisque l’on peut ne pas être malade et pourtant être traité comme un malade : voir les recommandations finales du rapport de l’académie de médecine sur la fibromyalgie(le passage au pragmatisme permet d’éviter les questions qui fâchent).

[4C’est même pour le Dr knock une notion totalement subjective..

[5surtout par les hommes ?

[6On pourrait donner d’autres objectifs à la réalisation de l’être humain

[7N’y-a-t-il pas un risque à présenter la psychothérapie à
l’égal d’un médicament ? c’est à dire : vous n’avez aucun effort (de volonté) à faire, on s’occupe de vous... C’est pourquoi (selon mon expérience) il y
a rarement guérison quand les gens attendent la guérison de l’extérieur.

[8la psychothérapie, n’est pas du cocooning, mais au contraire, ça fait ressortir des problématiques enfouies, souvent depuis longtemps. Si ces problématiques étaient enfouies, c’était parcequ’elles faisaient mal et de les ressortir fait mal aussi...

[9je ne parle pas de certains troubles psychiques d’origine réellement organique

[10Je suis très intéressé par les exemples de changement
radical, et donc de guérison, que peuvent provoquer une phrase, une
compréhension soudaine, un événement..

[11Devant le malade, l’entourage et la société prennent aussi une attitude particulière

[12qui « on » ? les soignants avec l’aide de l’industrie pharmaceutique

[13Il existe des exceptions

[14"La santé est un état de complet bien-être
physique, mental et social"

[15ou empêcher l’aggravation

[16action pour changer l’environnement, prise de décision, travail philosophique...

[17existant ou à trouver

[18Revue du prat 25/02/2009

[19car, sous entendu, c’est un signe de manque de caractère/volonté

[20La culpabilité ou la honte n’est-elle pas première ? On pourrait alors dire : la culpabilité est une maladie, donc on ne doit pas culpabiliser. C’est à dire : on ne doit pas culpabiliser de culpabiliser.

[21Cette dénomination est mauvaise. Évidemment la sensibilité d’un test n’est jamais de 100%. Il existe donc exceptionnellement de vrais Lymes séronégatives. Ce terme pointe les patients qui ont la certitude d’avoir la maladie alors que les test diagnostic est négatif et que plus probablement cliniquement ils souffrent de somatisations. D’autres parlent de maladie de lyme chronique

[22En fait ici la maladie est séropositive.

[23voir site atoute

[24Voir par exemple cette discussion

[25qui est toujours prouvée par la détection des Candida dans la bouche ou les selles (quelle surprise !) d’où traitement très très long avec multiples consultations.

[26Voir ici

[27Voir par exemple cet article du site orphanet . Voir aussi ce site de patients :

Il n’existe pas d’analyse de sang ou un autre examen pour poser le diagnostic de l’EM/SFC. Plusieurs personnes souffrant de l’EM/SFC n’ont pas l’air malade, malgré une grave incapacité. Les symptômes peuvent varier d’une personne à l’autre, et même d’une journée à l’autre chez la même personne. La fatigue et d’autres symptômes de l’EM/SFC sont fréquents dans plusieurs autres maladies. Pour cette raison et pour d’autres, l’EM/SFC constitue un défi à diagnostiquer.

[28Ce qui est d’ailleurs revendiqué par les patients : voirici :

Fibromyalgique depuis la fin des années 80, je n’ai cessé de voir des spécialistes en tout genre. Aucun ne m’a jamais orienté vers les MVT (maladies vectorielles à tiques) comme la maladie de Lyme. J’ai quand même fait des recherches personnelles sur la maladie car les symptômes sont ceux de la fibromyalgie et de la fatigue chronique.

ou ici

Elles sont particulièrement difficiles à diagnostiquer. On ne sait ni ce qui les provoque, ni comment les soigner, encore moins comment les guérir.

[29Il s’agit d’auto ironie

[30Michel FOUCAULT qui dans son livre, "le courage de la vérité",

[31Tempo médical du 14/04/94, à une époque ou la sexologie était à la mode

[32En plus être malade déculpabilise

[33Richard Lifton Interrogé dans le quotidien du médecin du 15/02/2011