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Mots, concepts : Savoir de quoi l’on parle.

mercredi 7 septembre 2016, par omedoc

Qu’est-ce que la maladie ? qu’est-ce qu’un arrêt de travail abusif ? qu’est-ce que la fibromyalgie ? qu’est-ce que la vérité ? qu’est-ce que la bêtise ?...

On emploie souvent des termes sans trop savoir les définir précisément.
Dans ces cas sait-on réellement ce que l’on dit ?

« Il faudra cependant, si l’on veut continuer à savoir exactement ce que l’on dit, trouver une définition suffisamment nette des mots que l’on emploie. Ce n’est pas une des moindres difficultés de la physique moderne que cette subtilité, et quelquefois ce vague, de ses conceptions les plus fondamentales ». [1]

Même si on ne sait pas ce que l’on dit, on ne dit pas obligatoirement n’importe quoi ! Que dit-on alors ?

Si on essaye de définir on a des difficultés et c’est même souvent un sujet de disputes.

En dehors de la difficulté ou parfois de l’impossibilité à définir un concept, il est parfois inutile de tenter l’entreprise. [2]

Quelle réalité derrière les concepts ?

Comprendre les choses et les décrire requiert d’utiliser des concepts régis par des règles[...] Mais quelle est la "réalité" derrière ces règles ? On distingue traditionnellement trois grandes positions : [3]

Position Exemple de l’hystérie
Réalisme (parfois platonisme) Ces règles ont une existence objective, réelle. Elles déterminent la bonne application des concepts à travers les exemples passés, présents, futurs et possibles. Nous les saisissons par quelque mystérieux acte d’appréhension, qu’on ne saurait aisément comprendre en termes naturels. Un réaliste, employant le concept, supposera qu’il y a là un vrai phénomène avec de vrais limites (certaines personnes sont des hystériques, d’autres pas). En employant le mot, « nous découpons la nature aux articulations ».
Conceptualisme Les règles sont les créatures de l’esprit. Elles viennent à exister du fait de nos réponses partagées naissant de nos natures humaines partagées, ou peut-être de nos natures éduquées, façonnées par la culture. Ainsi tous les concepts sont liés à notre propension à répondre : des artefacts de nos dispositions à répondre aux choses. Un conceptualiste repoussera sa réalité. Il peut cependant embrasser le concept d’hystérie lui-même, supposant qu’il marque un principe ou une catégorie utile avec lequel tracer des frontières autour d’une espèce bien particulière d’état médical ou psychologique. Il réunit des cas qui frappent par leur ressemblance : en fin de compte, tel est le seul office du concept
Nominalisme En réalité, il n’existe aucune règle. Il n’y a que des êtres humains avec leurs inclinations à appliquer des mots où à les retenir. Il n’y a en la matière ni correction ni incorrection, même si souvent, les gens dont les applications divergent de celles du troupeau se verront reprocher d’être "incorrects". Il déclarera que le mot n’est pas plus mauvais qu’un autre. Des gens sont disposés à l’utiliser : fort bien. Après tout, un mot est fait pour cela.

Ce n’est pas parce qu’on a défini un terme que la réalité qui se cache derrière ce terme "existe".

C’est le cas en mathématique.
C’est le cas en médecine pour de nombreuses maladies->. La fibromyalgie qui est définie par les points de Yunus mais n’en est pas pour autant obligatoirement une maladie somatique ou même une maladie psychique. Il n’est pas impossible que dans quelques années on n’entende plus parler de la fibromyalgie comme actuellement on n’entend plus parler de l’hystérie, de la spasmophilie, de l’insuffisance hépatique, de la dyskinésie bilaire...
C’est le cas en philosophie : ce n’est pas parce qu’on disserte sur le divin que Dieu existe.
Idem pour les concepts abstraits. Le fait qu’ils soient définis n’implique pas qu’ils soient opératoires. Souvent ils ne sont même pas définis.
C’est le cas de la physique [4]

"Les objets de la recherche scientifique, nous rappelle opportunément Lakshman Yapa, précisément à propos du développement et de la pauvreté, n’existent pas indépendamment de la manière dont les scientifiques les conçoivent et les décrivent. Ce que nous savons de ces objets est construit par le discours. Cela signifie qu’on ne peut comprendre les problèmes sociaux sans examiner simultanément les discours qui les concernent" [5]

Toute définition est une vision du monde

Toute définition est un classement entre ce qui relève de la définition et ce qui n’en relève pas, et tout classement est une vision du monde.

Avant de "définir" au sens de : donner une définition d’un terme ; on a fait les deux opérations suivantes :
 On a classé ou regroupé des objets.
 On a attribué un nom( un "terme" plus ou moins connoté) à ce regroupement.

Tout classement n’est pas neutre, toute dénomination non plus.

Il s’agit alors de définition au sens de "détermination" : « rapporter un terme, un concept à une situation précise » [6].

Exemple

« Le tiers de la population mondiale vit sur les côtes. La montée du niveau des océans risque de provoquer de gigantesques mouvements de population. Comment accueillir ces millions de réfugiés climatiques ? Comment les pays riches qui ont provoqué le réchauffement climatique assumeront-ils leurs responsabilités ? Devons-nous nous préparer à accueillir des millions d’habitants du Sud victimes de nos modes de vie ? » [7]

Donc beaucoup de questions et un regroupement, sous le terme de "réfugiés climatiques", de ces personnes qui devront quitter leur lieu de vie .

Dans cet article Pierre Henry, directeur général de France terre d’asile est contre cette expression : « En premier lieu, je trouve que l’expression “réfugiés climatiques” génère une certaine confusion. je lui préfère le terme de “déplacés environnementaux”. Celui de “réfugiés” doit être préservé pour la demande d’asile et pour les persécutions liées à l’expression des opinions politiques et religieuses, à la couleur de peau ou à l’appartenance à un groupe social, comme le définit la Convention de Genève. Nous sommes dans un moment où avons intérêt à faire très attention à chacun des termes que nous employons autour des questions migratoires. En utilisant le mot “réfugiés” de façon générique, nous vidons de sens le contenu de la Convention de Genève. or, dans cette période de conservatisme extrême et de montée des nationalismes, je crois qu’un certain nombre d’États sont prêts à la remettre en cause. »

Autre intervention dans ce même article de Corinne Morel-Darleux, secrétaire national du parti de gauche : « En premier lieu [8] de veux souligner l’importance du terme même de “réfugié” et non de « migrant » climatique, pour ce qu’il induit de responsabilité politique. les réfugiés ne partent pas dans l’espoir d’une vie meilleure mais parce qu’ils ont perdu leurs moyens de subsistance. l’emploi de ce terme revient donc à reconnaître qu’une minorité, aujourd’hui, par son mode de vie et au nom de la défense de ses privilèges, condamne le reste des habitants de la planète à la domination, à la destruction des écosystèmes et au dénuement le plus total.... »

Le classement de ces personnes est justifié par les problèmes posés.

Par contre la dénomination exacte de ce groupe de personne donne lieu à débat. Si on voulait rester neutre il faudrait d’inventer un nouveau mot. Mais rester neutre ne serait-il pas prendre le parti de ceux qui nient le problème politique que cette population pose ?

Donc tous choix de terme implique des sous entendus, des prises de positions politiques. Dénommer n’est pas neutre, et nous verrons avec la notion de maladie que classer ne l’est pas non plus..

Toute définition doit s’analyser dans un premier temps comme un regroupement et comme une dénomination de ce regroupement.

Donc d’abord on classe, puis on nomme, puis on donne la définition proprement dite du terme employé pour nommer.

Donner une définition peut donc ne pas être neutre.
Le modèle de la définition ci-dessus permet de comprendre que la définition est déterminée par nos choix, et donc qu’elle nous "définit" plus qu’elle ne "définit" le monde. Dis moi qu’elle est ta définition, je te dirait quels sont tes choix, et donc qui tu es. Dis moi comment tu définis l’être humain, et je te dirai quel est pour toi le sens de la vie :

  • « Nommer c’est agencer, ordonner, commander. La révision des nomenclatures des secteurs de services aux bons soins de l’OMC est loin d’être innocente. En redéfinissant un secteur on en change le statut. Ainsi pour l’OMC, l’éducation est désormais "un article destiné à la consommation publique et privée" tandis que le secteur de la santé est voué à devenir "une industrie d’exportation. »
  • «  Les Médecins : ils ne faisaient que thématiser selon différentes perspectives ce que la culture profane reconnaissait préalablement comme maladie.  »
  • Définition de l’Euthanasie :
    • a) Bonne mort -> cache la définition crue ci-dessous
    • b) Donner intentionnellement la mort (pour un motif le plus louable soit-il) -> dévoile/met en corespondance immédiatee avec l’interdit fondateur : "tu ne tueras point".

D’un médecin :
Recentré sur notre métier on pourrait déjà demander "qu’est-ce qu’un diagnostic, en général ?"

A quoi ma réponse la plus utilisable pour le-patient-en-face-de-moi c’est "une étiquette commode sur une boite, le contenu de la boite étant très variable"
 contenu minimum : un consensus professionnel décrivant des symptomes qui semblent aller ensemble (ou syndrome)
(déjà vous remarquerez qu ’on commence mal : un consensus, çà peut varier selon l’époque, le pays , voie la petite coterie professionnelle concernée)
 contenu maximum : un descriptif anatomique de lésions, une physiopathologie vérifiée et validée, une "histoire naturelle" dont découle un pronostic avec et sans traitement et un ou des propositions de traitements, prises en charge etc,

Réponse d’un autre médecin :

C’est un problème que nous avions surtout rencontré avec les étudiants au cabinet médical.
Nous étions alors arrivés à la définition suivante : « un diagnostic (en fait « un diagnostic utile ») est le nom qui résume la connaissance sur les symptômes du patient et leurs causes qui suffit à lui proposer une décision rationnelle ».
Avec cette définition, si un patient demande « c’est quoi le bouton sur mon nez », la réponse « c’est un simple bouton » est un diagnostic suffisant, puisqu’il signifie simplement qu’il n’y a rien à faire.
De même « un mal au dos banal » est un diagnostic valide. Ou « une cystite aiguë de la femme jeune »… tout autant qu’un diagnostic raffiné de maladie rare.
Il va de soi que le « diagnostic suffisant » varie selon les lieux, les époques, et les gens qu’on a en face de soi…
Les « prétendus diagnostics » qui ne permettent pas de proposer d’attitude raisonnable (par exemple « syndrome métabolique ») et les « diagnostics de curiosité » sont exclus de notre définition.

Ma réaction

Lu dans un numéro de Prescrire de Mai 1999 : il s’agit du compte rendu d’une conférence de consensus sur les rhinopharyngites de l’enfant.
"Les définitions des rhinopharyngites, qu’elles soient anatomiques (atteinte inflammatoire de la muqueuse rhinopharngée) ou cliniques (triade rhinorrhée-fièvre-toux) n’ont pas paru satisfaisantes au jury de la conférence, qui a estimé que finalement, ce qui compte, c’est le vécu, la plainte de la mère, le regard du médecin, et qu’on peut définir la rhinopharyngite comme étant ce qu’un généraliste ou bien une mère ou un père moyennement éclairés, ou bien encore une directrice de crèche considèrent comme étant une rhinopharyngite."

Cela me semble quand même poser un intéressant problème : Il y a le diagnostic que l’on inscrit dans son dossier médical, le diagnostic pour le codage et le diagnostic pour le patient.

Extrait d’un livre de la linguiste Kerbrat-orecchioni sur l’interaction dans la conversation [9] :
"...le choix d’un mot n’est jamais innocent. Selon l’étiquette que l’on colle à la chose, c’est la chose elle-même ( ou du moins sa représentation mentale) qui s’en trouve affectée. Dénommer X, c’est le catégoriser ; c’est donc en construire une représentation, et tenter d’en imposer une vision particulière [... Elle donne des exemples...] les différentes façons de désigner une réalité ne sont jamais équivalentes argumentativement. Tout choix dénominatif constitue en soi une forme d’argumentation embryonnaire."
Elle ajoute que même des choix anodins peuvent, selon le contexte, ne pas avoir la même valeur argumentative.
Tout ceci est relativement bien connu.
Moins connu est l’idée que le sens d’un mot n’est pas un "donné", mais un "construit" :
"C’est seulement dans le mouvement du dialogue que le sens des mots devient ce qu’il est ; c’est seulement grâce à de telles négociations que l’on peut parvenir (éventuellement) à s’entendre sur le sens, et à s’accorder sur la référence". "Le sens des mots est en partie co-produit dans l’interaction."
Et qu’à l’inverse, l’interaction se laisse en partie définir comme un lieu de co-production du sens.
"Ce [flou dans le sens des mots] est nécessaire pour permettre les négociations, c’est à dire l’adaptation tâtonnante à l’autre, et aux particularités de son univers cognitif, affectif et pratique - pour permettre en un mot, l’intersubjectivité."
Peut-être qu’une formation de linguistique pragmatique sur l’interaction en milieu soignant serait très intéressante :
Voir par exemple ici

Quel est la bonne définition ?

La définition de la pauvreté [10] est variable. La pauvreté n’en existe pas moins. Définir ce qu’est un pauvre permet de décider de qui est pauvre et de qui ne l’est pas, et donc de comptabiliser la pauvreté. L’intérêt est évident. Il permet en particulier de comparer les différents pays, et de suivre l’efficacité des politiques nationales.
On peut définir la pauvreté soit à partir de sa détermination principale (= le faible revenu) soit à partir de ses conséquences. Les déterminations permettent de préciser sur quoi agir. Les conséquences nourrissent la motivation à agir.
Il y a aussi le sentiment ou non d’être pauvre et la distinction toute objective de la pauvreté et de la misère.
Définir la pauvreté à partir du niveau de revenu nécessite de poser une limite. Cette limite est fixée en fonction des conséquences. Ceci nécessite des choix parfois arbitraires. D’où le caractère arbitraire du choix de la "bonne" définition.

Définir un terme est souvent sujet à disputes. Pourquoi ?

Derrière la définition de termes, il existe souvent un enjeu de pouvoir, une intention, mais le plus souvent le simple désir d’avoir raison contre l’autre. Essayer de définir les choses permet de faire assaut d’intelligence. Il est difficile d’y résister.

Quel est la vrai définition ?

Il n’y a pas de vrai définition ou de fausse définition. [11]. Une vrai définition permettrait de dire si tel élément appartient ou non à un ensemble. Or il n’y a pas de référentiel absolu pour le dire. Il n’est question que de bon sens.
Exemple :
 Une définition de l’être humain qui inclurait les animaux poserait problème. Par contre, le fœtus est-il un être humain ? seul notre créateur, s’il existe, pourrait le dire.
 L’EBM (même au sens strict) fait-il intervenir«  A PARTS EGALES les trois facteurs »
 [12], ou bien n’est-ce que la "médecine fondée sur les preuves" ? [13]. Il n’y a pas de copyright sur le concept d’EBM ? On ne interdire d’utiliser une définition plutôt qu’une autre. [14]
 »
 « La difficulté de la réponse est mise en évidence en analysant deux définitions du temps qui affirment chacune le contraire de l’autre. »
 [15]
 Les théories sont cent fois plus importantes que les concepts. Les théories sont vraies ou fausses, les concepts sont adéquats ou trompeurs.

Faut-il s’acharner à définir ?

Non

Connaître la définition de tous les mots qu’on emploie n’est pas obligatoire.
 Pas besoin de définir... Savez-vous définir l’homme ? Cela n’empêche pas
qu’on se comprenne quand on parle de l’homme... (et je ne parle pas de la
femme...) [16]
 « Les théories sont d’ailleurs cent fois plus importantes que les concepts. (Les théories peuvent être vraies ou fausses. Les concepts peuvent être adéquats dans le meilleur des cas, et trompeurs dans le pire. Comparativement aux théories, les concepts ne sont pas importants.) »
 [17]
 « Pauvreté, non affaire de définition mais de dure réalité qu’ils subissent. »

Oui : Intérêt

  • « Le terme de besoins renvoie à trois idées.... » [18]
  • Le seul intérêt de la définition c’est qu’elle soit opératoire, c’est à dire qu’elle nous aide à comprendre le monde et à agir. La connaissance, la science, commence par des classements. [19]
  • Définir est obligatoire lorsque nous faisons certaines affirmations :
    • Question : Est-ce que cela veut dire que le médecin généraliste ne s’occupe pas de malades ?
      Réponse de François Dagognet : Dans 80 % des cas, il s’occupe de pseudo malades, vous le savez bien !
      Commentaire d’un médecin : « Déjà le "vous le savez bien" est une façon de clore la discussion sans argumenter, avec un petit coté condescendant. Et c’est dommage car il y a tellement à dire sur cette réponse !

      — Qu’est-ce qu’un pseudo-malade ?
      un "fonctionnel" qui n’ a rien ?
      un "fonctionnel" qui débute une maladie potentiellement grave sous
      ses signes habituels ?
      un "normal" qui devient "fonctionnel" ?
      un être souffrant qui n’a pas trouvé de réponse à sa souffrance ?
      un patient qui m’emm... parce que je ne sais pas (encore) ce qu’il a ?
       »
      Et plus loin : Pour pouvoir nous occuper des "pseudo-malades", ce qui justifierait
      déjà amplement l’existence d’une profession, il faut que nous ayons
      pu définir les "vrais-malades",
  • « L’important est de se rendre capable de bien poser les questions, et pour cela d’avoir pris la peine de définir les concepts, ce qui n’est pas toujours facile. "Sous les pavés la plage", disaient les étudiants du quartier latin en mai 68, "Sous les mots les concepts", devrait-on rappeler aujourd’hui, et constater qu’il est souvent plus facile, en enlevant un pavé, de trouver du sable venu d’une plage lointaine, que de retrouver, en analysant un mot, l’idée qui a conduit à le forger. »
     [20]
  • Qu’est-ce qu’un homme ?, me demande un médecin. Question grave, pour un métier singulier. Si l’on ne sait répondre, comment distinguer le médecin du vétérinaire ? [...] On ne soigne pas un homme comme un chien...[...] Les droits de l’homme supposent pour s’appliquer, une définition de l’homme. [21]
  • « Le montant de la fraude à la en 2007 est de 31 M€ "stritco sensu" (= hors T2A, trafic de médicamnt à l’export). 7660 fraudes.
     »Qu’appellent-ils fraudent ? Une définition en extension est possible.

Comment définir ?

Il y a des choses qu’on ne peut définir
 « (A quelle catégorie appartient le « catalogue des catalogues qui ne se contiennent pas »). Le risque est plus grand encore lorsque nous nous interrogeons à propos du concept d’un Univers qui engloberait la totalité du réel. Il nous faut abandonner définitivement l’espoir d’une définition, car le « tout » ne peut être décrit au moyen des mots qui décrivent ses parties. » [22]
 « ... l’un, « univers » ou « dieu », peut être pensé et être objet de discours, il suffit de se mettre d’accord sur des définitions ; l’autre, « Univers », « Dieu », ne peut pas être pensé, car le concept caché derrière le mot échappe à toute définition. »
 [23]
 « "L’intelligence, c’est ce que mesure mon test !". Phrase apocryphe, attribuée au psychologue Afred binet » = L’intelligence ne se définit pas, ou seulement de façon pragmatique.
 « Ceci étant, Shakespeare a toujours raison lorsqu’il fait dire à Hamlet : "Définir en quoi la folie consiste, ce serait tout simplement fou." »
 Au lieu de questionner toujours sur la justice, il vaudrait mieux nous dire une bonne fois pour toute ce que c’est. A quoi Socrate répond : « A défaut de la parole, je fais voir ce qu’est la justice par mes actes ». On ne comprendra jamais la justice si on ne la vit pas. Comme toute réalité authentique, la justice est indéfinissable.
P 115 Hadot.
 « Est-ce que ce que je vois rouge, toi tu ne le vois pas bleu (la couleur, la forme est un concept) ».
 « Le philosophe ne sait pas quoi faire avec les odeurs, parce que l’odeur, ça ne se met pas en concept, ça n’est pas objectivable. »
 [24]

On peut définir soit par extension, soit par compréhension.

Mathématiquement il y a deux façons de définir un terme : en "extension" et en "compréhension".

Par exemple : comment définir l’ensemble regroupant 0,1,2,3,4,5,6,7,8,9 ?

Il peut être défini :

 en "extension" en disant que c’est l’ensemble contenant les éléments"1","2","3","4","5","6","7","8","9"

 en "compréhension" en disant que c’est l’ensemble des chiffres en base 10 ou bien l’ensemble des nombres positifs ou nuls strictement inférieurs à 10.

On peut nommer arbitrairement cet ensemble : par exemple E

La définition par extension consiste à nommer tous les objets inclus dans la définition : « les femmes c’est : isabelle M, paulette A, lucette D ... » . Ce type de définition a peu d’intérêt et n’est possible qu’en cas de liste finie. [25]
Pour définir par compréhension il faut partir des objets à inclure et des objets à exclure. La liste en est presque totalement arbitraire, le seul guide en étant le "bon sens" et/ou l’opinion habituelle. La définition par compréhension est une généralisation. Elle doit inclure les objets inclus a priori et exclure les objets exclus à priori. Par exemple si on estime que l’hépatite virale est une bien maladie, mais pas la dépression réactionnelle peu sévère, alors on doit alors définir la maladie avec des termes excluant l’une et excluant l’autre. Par jugement déductif on pourra alors dire si la colopathie fonctionnelle, par exemple, est ou non une maladie (au sens de la définition que l’on a construite).

“La définition par propriétés, donc par énumération et inventaire de qualités, caractéristiques, différences, est utilisé quand fait défaut la définition par essence, c’est à dire au moyen d’un concept unique, rendant inutile, par sa généralité, toute énumération. ” [26]

Définition objective ?

Définition opératoire

Qu’est-ce qu’une bonne/mauvaise définition ?

Si une définition ne peut être qualifiée de vrai ou fausse elle peut cependant être "bonne" ou "mauvaise". [27]
 « Si on définit l’exclusion comme rejet volontaire : non opératoire car globalise (des situations différentes) méconnaît les processus. »
 [28]
 « Ainsi, on appelle fasciste (Berlusconi) quelque chose qui ne l’est pas. Ce qui est lourd de conséquence. On peut lutter contre un ennemi aisément identifié, mais si l’ennemi n’est pas ce que l’on croit, on se bat contre du vent. Pire encore, le combat que l’on mène contre lui le nourrit. Chaque fois qu’il réfute des âneries de son adversaire, l’ennemi gagne des points dans l’opinion. Il triomphe à bon compte des contrevérités dont on l’accable.... Une fois qu’on a dit qu’il était fascite, on n’a rien dit. Il trouvera toujours un moyen de prouver le contraire à ses partenaires européens, et ils seront trop heureux de faire semblant de le croire. » [29]
 « En s’attaquant à la demande du Premier ministre, au problème posé par le harcèlement moral, le CES s’est trouvé confronté à une difficulté : celle de cerner le terme "pour éviter que tout le monde puisse se saisir du mot". Il propose en définitive, de retenir la définition suivante : "constituent un harcèlement moral au travail, tous agissements répétés, visant à dégrader les conditions humaines, relationnelles, matérielles de travail. »
 l’essentiel est qu’elle soit claire.
 Définition trop large ou trop restreinte : trop large = inclusion à tort, trop restreinte = exclusion à tord. [30]
Exemple :

Exemple la maladie

Le surendettelment, qui touche près de 300 000 foyers français, est-il une maladie ? les « débiteurs anonymes » traitent cette affection en groupe, à la façon des alcooliques anonymes. [31]
Phénomène de société ou maladie ? Aux yeux des “”, le problème relève de la thérapie : « La compulsion, c’est à dire la reproduction d’un schéma autodestructeur, sans que la raison puisse intervenir, est extrêmement difficile à soigner », souligne Bernard."

Étiqueter un problème de maladie permet de déculpabiliser et d’envisager une thérapie.

Exemple définition en mathématique :

Extrait du livre de Roger Godement : Analyse mathématique I :

qu’est-ce qu’un nombre réel ?
Les nombres prétendument " réels " – ne se rencontrent pas dans la réalité physique. ils sont nés dans les cerveaux des mathématiciens. On pourrait soutenir qu’une grandeur à mesurer, disons la diagonale d’un carré est un objet éminemment réel. mais tout provient, en dernière analyse, du désir de parvenir à une exactitude absolue qui existe certes dans les esprits des mathématiciens, mais non dans une réalité physique où, même sans tenir compte du caractère non euclidien de l’univers, l’on n’a jamais rencontré de " points ", de " droites ", de carrés " ou de " circonférences au sens mathématique du terme. Mis à part peut-être les entiers naturels, les objets mathématiques, et pour commencer les nombres dits réels, ne sont donc jamais, au mieux, que des modèles idéalisés d’objets réels.
L’événement qui a déclenché le processus est la découverte que le rapport entre la diagonale et le côté d’un pentagone régulier n’est pas rationnel. La démonstration repose sur le fait que cette hypothèse entraînerait que si P vraie alors non P vraie.
Dire que le nombre

A CLASSER

A propos de la CIM11
Le burn out professionnel qui connaît des descriptions multiples : une récente revue systématique réalisée par une équipe d’Harvard publiée par le JAMA , a ainsi permis de recenser pas moins de 142 définitions différentes. Dans un tel contexte, le choix de l’OMS de s’en tenir aux critères traditionnels de Maaslach sera nécessairement considéré comme discutable.

"L’argumentation est un champ de conflit entre le souci de conduire un raisonnement rigoureux et la nécessité de tenir compte du flou des concepts sur lesquels elle s’exerce.
Seule une représentation idéalisée des activités intellectuelles amène à imaginer que celles-ci ne s’exercent que sur des concepts susceptibles d’être définis de manière rigoureuse. l’univers intellectuel courant est constitué de concepts flous dont les contours ne peuvent être exactement délimités.
Ne sont rigoureux que les concepts construits dans des systèmes dont l’esprit se donne la maîtrise parce qu’il les coupe des suggestions du concret. C’est ce qui se passe pour les mathématiques et la logique formelle : la rigueur est associée au vide matériel. Ainsi les nombres constituent des concepts précis dont la définition est sans ambiguïté parce qu’ils ne désignent aucun objet spécifique.
Il n’en est pas ainsi avec les concepts sur lesquels s’exercent l’argumentation et la plupart des raisonnements. Ces concepts sont flous parce qu’ils renvoient à une réalité complexe dont les divers aspects sont étroitement imbriqués, de même que les réactions qu’ils provoquent chez le sujet qui les rencontre et les manipule.
N’est-ce pas le cas pour tant de concepts qui continuent à faire l’objet de débats, au sens littéral, interminables : la vie (sa genèse, sa valeur), l’homme (son origine, sa destinée, ses droits), la justice (ses implications morales et sociales, sa mise en œuvre), la paix (ses formes, ses conditions), la nation (sa valeur, ses limites), la nature (son exploitation, sa protection), la liberté, la responsabilité, la mort(le droit d’en disposer), le bien, le mal, le châtiment, le pardon, sans parler de Dieu, de l’éternité, de la survie, etc ?"
➡️L’argumentation qsj Pierre Oléron.
_


[1Louis de Broglie — Matière et Lumière.

[2voir Germund Hesslow, « Avons-nous besoin d’un concept de maladie ? » Philosophie de la médecine, Santé, maladie, pathologie. Voir Pascal Engel et Richard Rorty, « À quoi bon la vérité ? »

[3Source : Penser. Simon Blackburn. p 328

[4voir citation de Louis de broglie

[5Serge Latouche. ? p 169

[6Petit Robert

[7Extraits du journal la décroissance de juillet aout 2010

[8Sic !

[9Le discours en interaction. p134 et 184

[10ou de la richesse

[11D’un médecin : « Ben déjà tu pars d’ une conception fausse de l’ EBM [voir ci-dessous] qui ne prétend
pas NIER l’ expérience clinique mais simplement la pondérer ; L’
expérience non seulement ne s’ oppose pas à l’ EBM mais en est un des
3 piliers..
 »

[121) Les données actuelles de la science (et ce forum montre quotidiennement
les divergences sur ce premier point !) ;
2) Les agissements et préférences du patient ;
3) Les circonstances cliniques au sein desquelles l’expérience du médecin
est aussi source de divergences d’aucuns ramenant ces circonstances aux
paramètres environnementaux du patient et de la situation du jour.
Réduire l’EBM à la médecine basée sur les preuves c’est donc l’amputer des
2/3 et ramener le discours médical dans le champ bio médical de l’Organique
(pur et dur) dont les fondateurs de l’EBM ont justement essayé de l’extraire
pour un
pragmatisme clinique plus proche de la complexité de la "vraie" vie...
” Voir aussi ci-dessus

[13c’est à dire le 1) de ci-dessus

[14d’UN MÉDECIN : « Il semble, à la lecture des différents courriers, que l’EBM a des acceptions fort différentes selon les médecins praticiens.
Je propose donc un nouvel acronyme : AME (auberge médicale espagnole).

[15Jacquard p 55

[16D’un médecin :“
Ta définition de la science —
"La science c’est l’induction (la découverte de lois, de théorèmes)
permettant de passer du cas particulier au cas général, permettant
ainsi de retourner au cas particulier. la science c’est généraliser
(passage à l’infini) des faits démontrés sur un nombre fini d’objets/
individus. Il n’y a de science que du général." —
est trop parcellaire.
Moi je ne sais pas ce qu’est la science, et a fortiori ce qu’est la
médecine.
” Du même : « j’adhère à 100% à ton expression (que je compte reprendre ) —
"La médecine n’est ni une science exacte, ni un art (la pifométrie),
mais cela n’empêche pas d’approcher la vérité par une démarche
rationnelle." —
Quoique si on me demande de définir la vérité ......
 »

[17Popper 1 p 140

[18QSJ Les motivations Axel Muchielli p 23.

[19Pour pouvoir soigner certaines pathologies il faut d’abord les reconnaître, c’est à dire les nommer. Ensuite on essaye de les définir, c’est à dire, dans ce cas, de donner des critères de diagnostic. La fibromyalgie a été nommée et classée, avec un code, dans un répertoire (La CIM 10) afin de permettre son étude. Ceci ne préjuge pas qu’elle soit réellement une nouvelle maladie. Voir aussi la suite.

[20Jacquard 1 p 24

[21André Comte Sponville Impact médecin Hebdo 24 sept 1993

[22Jacquard p 37

[23Jacquard p 35

[24Gruillot p 12

[25Voir ci-dessus pour le coût de la fraude

[26Laurence Devillairs. RevueÉtudes sept 2016. Umberto Eco

[27les concepts peuvent être adéquats ou trompeurs

[28Entendu à la radio

[29Philippe Val charlie hebdo 20/03/2002.

[30L’analogie possible avec la sensibilité et la spécificité des tests. Le Gold Standard étant ici la raison : "qui jugera cela normal ou acceptable ?"

[31Phiilippe Baverel. Le monde Mardi 11 janvier 1004