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Peut-on "travailler" (= avoir une activité) pendant un arrêt de travail !?[version 2.12 du 17/09/2015]

mercredi 10 juin 2015, par omedoc

Plusieurs internautes sont venus sur mon site en posant ce type de question à leur moteur de recherche. Poser ainsi cette question semble idiot car contradictoire dans les termes. En fait la réponse n’est pas si simple, elle correspond à des situations différentes et donc la question est justifiée. [1]

Voir aussi cet article

LA "THÉORIE" = LA RÉGLEMENTATION

L’article L. 323-6 -article 27 VI de la loi du 13 août 2004- du code de la Sécurité Sociale dispose que le service de l’indemnité journalière est notamment subordonné à l’obligation, pour le bénéficiaire, de "s’abstenir de toute activité non autorisée" sans toutefois définir la notion d’activité autorisée, ni préciser l’origine, ni la nature de l’autorisation. [2]

Selon un article de mars 2011 du groupe revue fiduciaire, c’est au médecin traitant d’autoriser l’activité.

 ?L’autorisation d’exercer une activité ne peut pas être implicite. Elle résulte nécessairement d’une
mention expresse du médecin traitant.[...]
En conséquence, un arrêt de travail qui ne comporte aucune mention en ce sens ne vaut pas
autorisation, faute d’autre élément (cass. civ., 2e ch., 9 décembre 2010, no 09-14575 FSPBR).> ?

EN REALITE : cette possibilité d’autoriser une activité par le médecin traitant n’a, à ma connaissance, jamais été appliquée.

Travailler tout en étant en arrêt de travail peut correspondre à plusieurs situations.

Ce qui nous vient en premier à l’esprit c’est le travailleur qui profite de son arrêt de travail pour faire un vrai travail pour soi ou pour un autre [3]

EN PRATIQUE : Faire un "vrai" travail pour soi ou pour un autre pendant son arrêt de travail c’est manifestement frauder.

"Est ce que je peux vendre des bijoux si je suis en arrêt maladie"
"arrêt de travail et poursuite 2 eme activitée"

De façon générale on ne peut avoir un revenu en plus des IJ perçus... C’est contrôlé et on vous demandera de rembourser les IJ. Voir par exemple ici et ici page 59 : « 3,5 millions d ?euros [ont été récupérés en 2013] sur le seul grief ? Cumul IJ et autres activités rémunérées ? »
". Voir le cas du double emploi ci-dessous.


En dehors de la situation de fraude pure, il y a le cas où le travailleur cumule deux emplois, par exemple un médecin salarié à mi-temps et libéral pour le reste du temps, ou bien un salarié par ailleurs cogérant d’une autre entreprise [4]. Il n’est pas médicalement impossible de penser qu’ils puissent être inapte à un travail et pas à l’autre. Dans ce cas je ne sais pas si c’est réglementairement possible de cumuler les IJ pour son activité salariée avec le salaire de son activité libérale (à condition de tout déclarer, évidemment). On peut demander aux services administratifs mais a priori ceci refuseront le cumul. je ne sais pas ce que cela donne avec un mi-temps thérapeutique. A ma connaissance il n’y a pas de cas où les services administratifs ont donné leur accord. Par contre je connais des cas où ils ont considéré que c’était de la Fraude.

EN PRATIQUE Si on a deux emplois, interroger les services administratifs, mais a priori la réponse sera négative. Sinon gros risque d’être considéré comme un fraudeur.

CAS GÉNÉRAL : PEUT-ON AVOIR UNE ACTIVITÉ ?

En dehors de ces cas, peut-on avoir une activité lorsqu’on est en arrêt de travail temps complet :
 Administrativement vous ne pouvez profiter de l’arrêt de travail pour refaire votre toiture, ou construire votre maison (cas vécu) ou participer à une compétition sportive !
 En ce qui concerne le petit bricolage (petit jardinage), cela doit varier selon les agents enquêteurs de la caisse [5]. De toute façon cela fait très mauvais effet. Médicalement, il est évident qu’on peut faire un petit travail de bricolage et ne pas pouvoir assumer un poste de travail très physique pendant 8 heures. On peut s’interroger sur des troubles musculo-squelettiques (canal carpien, épicondylite...) qui se prolongent sans raison particulière, alors que le salarié est au repos. On doit respecter le repos, d’autant plus que la pathologie le nécessite. [6]
 Pour L’OPINION PUBLIQUE : Demander si on peut avoir une activité (travail ou autre, payé ou non) est hautement suspect de fraude, non seulement pour le service administratif de la sécu mai aussi pour l’opinion publique, qui fait le raisonnement simpliste suivant : si la personne peut travailler pendant son arrêt c’est qu’elle n’est pas malade ! [7]
Si, d’un point de vue médical on associe prescription d’arrêt de travail et prescription de sortie libre, cela semble aussi une situation anormale. [8]

|EN PRATIQUE : Toute activité pendant un arrêt de travail sera systématiquement considérée comme de la fraude par les services administratifs.|

CAS PARTICULIER : LE MI-TEMPS THERAPEUTIQUE

On peut aussi travailler (au plus) à mi-temps en étant pour l’autre moitié du temps au "repos" pour le même emploi. Il s’agit du mi-temps thérapeutique. Ce qui permet d’avoir, en plus des IJ de la sécu, le salaire (= la moitié) de l’employeur.
 Le mi-temps thérapeutique doit faire suite à un arrêt temps complet (il n’est pas précisé la durée de ce temps complet) (il existe la possibilité d’un mi-temps direct après échec d’une tentative de repise à temps complet : se renseigner avant)
 Le patron doit être d’accord (pas de recours s’il n’est pas d’accord)
 Le médecin du travail aussi (le contacter)
 Ainsi que le médecin conseil (mais pas de nécessité d’un accord a priori, les contrôles sont a posteriori)
 Il doit évidemment être prescrit par le médecin traitant (préciser "mi-temps" sur la feuille de prescription d’arrêt de travail habituelle)
 Administrativement le mi-temps n’est pas limité dans la durée. Cependant, dans l’esprit de la loi, le mi-temps thérpeutique est fait pour une reprise progressive de son activité. Il est "thérapeutique". Il est là pour favoriser le maintien dans son emploi à temps complet [9]. Donc, médicalement, le mi-temps ne devrait pas se prolonger au delà de un à deux mois, car on sait rapidement si la personne va reprendre ou non le travail à temps complet.

CAS PARTICULIER : INVALIDE QUI TRAVAILLE

Un invalide cat 1, 2 ou même 3 (où quelqu’un qui bénéfice de l’AAH) peut travailler à temps complet : ce n’est pas médicalement logique, mais c’est administrativement tout à fait possible, c’est même prévu par la réglementation. Il s’agit simplement de déclarer ses nouveaux revenus car il n’y a pas simple cumul des ressources. Le médecin conseil peut alors, s’il en avait prévu la possibilité, réviser l’invalidité (= la suspendre ou la supprimer).

QUESTIONS

« comment la secu peut voir que l’on travail lors d une arrêt de travail »
 Des agents enquêteurs administratifs assermentés se déplacent à domicile et peuvent même faire des enquêtes de voisinage.


Voir ce site où cet article est cité + discussion sur quelques points abordés.

Voir cette question et la réponse donnée


[1Et l’on verra qu’il y a de nombreuses cas où il n’est pas scandaleux que la personne puisse travailler alors qu’elle ne le devrait pas selon l’opinion commune.

[2Voir le cas de la secrétaire d’état Nora Berra à la santé
""Aucun texte du code de la sécurité sociale interdit à quelque personne que ce soit lors d’une activité extra-professionnelle de toucher des indemnités"

[3Voir exemple sur ce forum.

[5Il existe des agents assermentés de la caisse qui font des contrôles administratifs à domicile : respect des heures de sortie, activité non autorisée

[6Par contre, en cas de lombalgie, il a été démontré qu’il valait mieux rester actif lorsqu’on le pouvait.

[7C’est pourquoi tout travailleur en arrêt de travail qui s’agite un peu trop dans son coin risque une dénonce du voisinage ou de son employeur. Les dénonces portent aussi sur les invalides (maçons par exemple) qui travaillent au noir. Ceci reste quand même exceptionnel.

[8la prescription d’un arrêt de travail n’entraîne pas obligatoirement la nécessité d’un repos physique. Au contraire, pour certaines pathologies (lombalgie, dépression) il est médicalement conseillé de garder une activité (et pourquoi pas le bricolage ou le jardinage !).

[9Sinon, il faut envisager l’invalidité catégorie 1 si l’on ne peut plus reprendre à temps complet à terme, alors que l’état est stabilisé

Vos commentaires

  • Le 2 février 2018 à 14:45, par hosell En réponse à : Souffrance au travail et arrêt de travail.[version 0.50]

    Bonjour
    est il possible d’être en arrêt maladie pour un employeur sur deux. En sachant que je suis en souffrance sur l’un deux, et qu’il est pas possible de m’arrêter complétement. Mon employeur n’ayant pas trouver de solution m’encourage dans cette démarche.
    Merci pour votre réponse
    Héléne

    • Le 2 février 2018 à 19:34, par omedoc En réponse à : Souffrance au travail et arrêt de travail.[version 0.50]

      Bonjour,

      est il possible d ?être en arrêt maladie pour un employeur sur deux

      Bonne question. Voir ma réponse dans mon article Peut-on "travailler" pendant un arrêt de travail :

      Il s’agit d’une question purement administrative et c’est selon mon expérience plutôt non... Les administratifs semblent voir cela d’un très mauvais ?il...
      Je ne sais pas du tout comment c’est géré en cas de mi-temps thérapeutique..

      Leur poser la question... Merci de me tenir informé...