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Origine de la fibromyalgie. Les modèles.[Version 1.50 du 17/05] [Ancienne version = 1.o4 du 12/04]

vendredi 29 février 2008, par omedoc

RESERVE MEDECINS

Cet article est à destination des médecins, il est cependant écrit pour pouvoir être exposé à des non médecins et leur donner une infomation éclairée.

Plusieurs modèles :
 Premier modèle basé sur l’hypothèse d’une maladie imaginaire.
 Deuxième modèle basé sur l’hypothèse qu’il s’agit d’une maladie psychologique.
 Troisième modèle basé sur l’hypothèse d’une origine organique pure.
 Quatrième modèle basé sur l’hypothèse d’une origine psychologique ayant entraîné des lésions organiques
 Cinquième modèle : une maladie construite.

Premier modèle : il s’agit d’une maladie imaginaire ou "fausse maladie".

Ceux qui tiennent pour ce modèle estiment parfois qu’il en est de même de l’hystérie, de l’hypocondrie, de toutes les somatisations et même de la dépression et des névroses en général.

Pour ces mêmes personnes les symptômes sont ils conscients ? préconscients ? inconscients ? La réponses n’est pas claire car leur intention est essentiellement de culpabiliser : les fibromyalgiques qui "se disent malades", ne souffrent pas, il ne faut donc pas les croire.

Il faut les pousser à s’activer car ce sont des feignantes. Il s’agit d’un manque de volonté.

Dans ce modèle, on ne peut objectiver aucune anomalie organique.

Deuxième modèle : il s’agit d’une maladie psychologique

Il s’agit d’une souffrance d’origine psychologique comme par exemple la dépression, les névroses phobiques, les troubles graves de la personnalité. Il s’agit d’une somatisation qui n’est pas nécessairement un équivalent dépressif. Elle peut être la conséquence de graves traumatismes psychologiques, mais aussi de la solitude, de difficultés sociales, d’un manque de reconnaissance, de problèmes existentiels, de problèmes de couples...

La souffrance existe réellement mais il faut la distinguer de la douleur qui elle est minime. la souffrance est le sens donné, par la personne à la douleur. Une douleur/fatigue assumée (par exemple celle des coureurs cyclistes), ce n’est pas la même chose qu’une douleur subie (par exemple la douleur/fatigue de la chimiothérapie).

Le traitement c’est la parole (= psychothérapie) et elle peut guérir puisqu’il n’y a rien d’irréversible.

Les éventuelles anomalies (cérébrales) objectivables sont considérées comme non significatives, ou bien comme des traces d’une anomalie psychologique. Nous ne sommes pas de purs esprits.
On peut objectiver, par exemple, des anomalies cérébrales dans la dépression.

Seule une psychothérapie peut guérir.

La personne n’est pas coupable (= volontairement malade), mais elle est responsable (= elle doit chercher "sérieusement" à guérir).

Fibromyalgie = hystérie ?

Fibromyalgie = dépression

Troisième modèle : maladie organique pure

Une origine organique pure correspond à des pathologies comme par exemple l’intoxication au mercure [1], la sclérose en plaque ou la polyarthrite rhumatoïde. [2]. Actuellement aucune anomalie organique n’a pu être rattachée de façon formelle à la fibromyalgie. Il existe donc quelque part un dysfonctionnement [3] qui ne peut pas être traité par la parole même si la fibro a pu être déclenchée au départ par un choc psychologique.

Il s’agit alors d’objectiver des anomalies lors d’examens (paraclinique, mais aussi clinique).

Seul un médicament (ou la chirurgie) peut espérer guérir. Il s’agit de trouver le bon médicament à visée étiologique. Tant qu’un traitement étiologique n’aura pas été trouvé une guérison sera impossible.

Les troubles psychologiques qui peuvent exister sont considérés comme secondaires à la douleur ("insupportable"), à la fatigue, au handicap qui en résulte, aux autres problèmes médicaux, aux conséquences sociales, à l’incompréhension de l’entourage..). Seule la dépression est évoquée. La psychothérapie est une aide pour supporter la douleur et diminuer le stress qui l’aggrave.

Quatrième modèle : maladie d’origine psychologique avec lésions organiques secondaires.

Dans ce modèle il est reconnue une origine psychologique mais avec des conséquences organiques. Par exemple un stress intense entraînant des lésions irréversibles.

Cinquième modèle : maladie construite

Voir les écrits de Pascal Cathebras et le concept de disease mongering en Anglais.

L’hypothèse de maladie construite ne s’oppose pas au modèle de l’organicité. Comme pour la dépression dans ce modèle, la construction sociale de la maladie peut se surajouter à la pathologie organique :
L’évolution de sociétés où l’on n’avait pas l’habitude de se plaindre fait qu’au Japon, on voit des fibromyalgiques ; il y en a en Chine, au Vietnam, en Corée.M F Khan

L’hypothèse de la "maladie construite" permet d’expliquer le caractère "attrape tout" de l’affection. Tous les troubles psychologiques [4] peuvent évoluer, à un moment ou un autre, vers une présentation fibromyalgique. Il s’agit d’un "symptôme" (en fait un syndrome) comme la dépression . La différence, est qu’ici il s’agit d’un "symptôme" construit. Entité donc construite par quelques médecins, relayée par la société (médias, malades, et surtout laboratoires pharmaceutiques), et enfin constituée en objet de recherche (d’où le codage CIM, et les études), ce qui amplifie le processus.

Les maladies construites évoluent comme les modes.
La première semble avoir été la "grande crise d’hystérie de Charcot" [5] . Il y a eu ensuite la neurasthénie, l’insuffisance hépatique, la diskynésie biliaire, puis les crises de tétanie de la « spasmophilie » [6].... Ces maladies sont passées de mode. Actuellement peuvent, peut être, être rangées dans ces maladies construites : le syndrome des jambes sans repos, le syndrome de stress post-traumatique, la phobie sociale, l’hyperactivité de l’enfant, le MCI, le syndrome de fatigue chronique, et bien sûr la fibromyalgie.... l’avenir nous le dira... [7].

La souffrance est réelle mais il ne s’agit pas d’une "réelle" maladie, c’est à dire non construite.


références :
 Approche psychanalytique
 Auto analyse d’une fibromyalgique. Tous ces textes écrits par les fibromyalgiques sont très riches et passionnants.


[1puisque certains malades se font enlever les plombages dentaires

[2Voir la conclusion allusive de l’article de wikipedia sur la fibromyalgie lue le 29/02/2008 : "Ce syndrome, comme c’était le cas pour la sclérose en plaque il y a 20 ans, reste mal perçu et peu reconnu, tant par l’entourage que par les administrations. Il pousse les personnes malades à l’isolement, voire à la dépression et/ou à la culpabilité de souffrir et de devenir handicapé par cet état douloureux et épuisant." Et aussi : "Le quotidien d’un fibromyalgique peut être aisément comparé à celui d’une personne atteinte de Polyarthrite rhumatoïde."

[3Voir un exemple ici

[4et même organiques à entendre le discours de certains

[5Sur le modèle de la crise d’épilepsie

[6en fait il s’agit de crises d’angoisse avec hyperpnée

[7A noter qu’on parlait avant beaucoup moins de dépression même pendant les guerres : il existe des études sur le sujet