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Le trou de la sécu : d’où vient-t-il ? Quid des gaspillages ? [version 1.10 du 07/11/2011]

samedi 29 septembre 2007, par omedoc

Le trou de la sécu provient d’une différence entre les recettes et les dépenses. On peut donc estimer, soit qu’il s’agit d’une problème de recette [1], soit que les dépenses sont trop importantes.

En ce qui concerne les dépenses, elles peuvent être soit médicalement justifiées, soit non médicalement justifiées.

Une augmentation du coût des dépenses médicalement justifiées [2] peut expliquer le trou.

Le gouvernement actuel ne s’attaque qu’aux dépenses médicalement injustifiées [3] et même plus restrictivement à la fraude.

En ce qui concerne les dépenses médicalement injustifiées, il faudrait d’abord les définir, ce qui n’est pas évident (voir le problème de la définition du "panier de soins"). Lorsqu’une loi n’est pas respectée on parle de fraude [4] sinon on parle de gaspillage [5]. Ces deux sources de dépenses injustifiées sont souvent mélangées. On emploie par exemple le terme ambigu d’abus.
On s’attaque plus souvent à la fraude qu’au gaspillage, et/ou on lutte contre la fraude en espérant que cela va prévenir le gaspillage [6]

Quel est l’importance de la fraude ? Les chiffres avancés ne sont pas justifiés par une référence à des études [7].

Quel est l’importance du gaspillage ? Là aussi pas d’études, que des impressions. Pour pouvoir chiffrer objectivement le gaspillage il faudrait avoir un référentiel médical. Il n’existe pas dans tous les cas, où s’il existe, il n’est pas suffisamment précis.

On peut évaluer empiriquement le gaspillage par l’écart entre ce que le médecin ("normal") aurait prescrit après réflexion et en l’absence de pression de toute sorte, et ce qu’il a prescrit réellement. Ceci explique que le médecin se soigne différemment de ses patients.

En effet les deux facteurs favorisant le gaspillage sont la prescription sans réflexion [8]et la pression. Celle-ci peut venir, soit du patient, soit de la publicité [9], soit de l’intérêt financier du prescripteur [10].

La pression du patient est due
 à son anxiété (peur de la mort, peur de la maladie, peur de souffrir, peur de perdre son travail) [11]
 mais aussi parfois à un manque de civisme - « Je n’ai jamais été malade, et avec tout ce que j’ai cotisé, j’y ai droit ! »
 ou à un esprit consumériste.

46% des Français se sentent responsables du trou de la Sécu

Pour la première fois, un sondage LH2 montre que près d’un Français sur deux (46%) se sent un peu à l’origine du déficit de la Sécurité sociale loin devant l’Etat (20%), les laboratoires (18%) et les médecins (6%). Cette prise de conscience est très nouvelle, car jusqu’à présent les Français avaient tendance à estimer que le trou de la Sécu n’était pas de leur fait, mais des profiteurs du système et des fraudeurs.

Il est intéressant de noter, que contrairement à certains politiques, nos compatriotes ne font pas porter le chapeau troué du déficit de la Sécu aux seuls médecins. [12]

Analyse des différents postes de gaspillage

Les consultations inutiles

Voir cet article du blog d’un généraliste, avec les commentaires

Alzheimer
Dr Poupe (courier du quotidien du médecin) : « L’abus des médicaments, des séances de kiné, des visites médicales inutiles est tel que la sécurité sociale ne s’en remettra jamais. »

Médicaments :

  • les traitements inutiles influencés par :
    • La publicité pharmaceutique.
    • Les très nombreux médicaments mis sur le marché et qui n’ajoutent rien à ce qui existe déjà.
  • La placébothérapie Ce point est controversé. Les médecins expliquent cela remplace un traitemenent pouvant avoir des effets secondaires, tout en ayant une bonne efficacité. En fait un autre choix est aussi de ne pas prescrire. Prescrire un placebo, c’est une prescription répondant à l’angoisse du patient. C’est une des explications de la pression du patient.
  • La Pharmacodépendances

D’où certaines prescriptions hors indications de l’ AMM

Kinésithérapie

Kiné dépendances
Kiné à visée psychologique

je me cite :

Ce qui motive surtout c’est de se sentir utile.

Ce qui est le plus "coûteux" c’est, quelque soit la durée, une kiné inutile.

Ce qui est le moins coûteux c’est, quelque soit le prix, une kiné médicalement utile.

C’est comme pour les artisans, il n’y a pas plus cher qu’un mauvais artisan !!! je parle par expérience +++ ... Et je suis prêt à payer un bon artisan deux fois plus cher que les mauvais et pour le même travail !!!

La kiné c’est pareil. Un bon kiné n’a pas de prix... Un mauvais kiné sera toujours trop cher...

Transport
Patients demandant un taxi alors qu’ils peuvent prendre leur voiture.

Chirugie

Chrirugies inutiles :
 Une étude a montré qu’à un an une hernie discale opérée ou non avait la même évolution. (rechercher l’étude)
 Une chirurgien spécialiste de l’épaule expliquait qu’on ne savait pas du tout si la chirurgie de la coiffe de l’épaule était efficace.

Biologie
Très souvent inutile en tant que dépistage ou trop fréquemment répétés.

Voir cet article

Radiologie

Voir Revue Pratiques et Organisation des Soins

A TRIER

trop de gens malades qui ne le sont pas et trop de gens vraiment malades qui sont mal traités.


[1- A grands coups d’exonérations non compensées, d’abattements, de déductions et autres réductions, chaque année les recettes sont amutées de plus de 35 milliards d’euros.
- Article du monde paru dans l’édition du 14.09.07 : “Lors de la présentation du rapport annuel de la Cour des comptes, son premier président, Philippe Séguin, a suggéré de soumettre les plus-values sur la vente des stock-options à cotisations sociales. Pour les magistrats financiers, les options distribuées par les entreprises à leurs dirigeants en 2005 ont atteint une valeur actualisée de 8,5 milliards d’euros, ce qui représenterait un manque à gagner de 3,246 milliards d’euros pour la Sécurité sociale. Les cinquante premiers bénéficiaires devraient toucher à terme chacun plus de 10 millions d’euros. "Rien que pour ces cinquante-là, les cotisations manquantes s’élèvent à plus de 3 millions d’euros", a estimé M. Séguin.

[2du fait de la mise sur le marché de médicaments de plus en plus coûteux, du fait des progrès en imagerie médicale (IRM), du fait du vieillissement de la population

[3Plusieurs déclarations expliquent que le trou de la sécu correspond au montant de la fraude et donc sous entendent qu’il n’y a qu’à réduire la fraude pour résoudre le problème

[4par exemple facturer un acte non réalisé, prescrire en haut de l’ordonnance bizonne un traitement qui aurait dû être prescrit en bas, faire de "faux" certificats...

[5Par exemple faire faire un examen inutile sur le plan médical. Il faut distinguer ce type de gaspillage avec celui du gouvernement lorsqu’il accepte la mise sur le marché de médicaments 10 fois plus coüteux qu’un autre et pas plus efficace ou mieux toléré. Je dirai plutôt que cela induit du gaspillage puisque la prescription dépend ensuite du médecin

[6Voir l’affiche de la sécu : arrêt de travail = arrêt des abus.

[7Il est fort probable que le gaspillage soit compensé par les patients qui devraient se traiter et ne le font pas.

[8Le médecin prescrit au delà de la demande du patient. En général il s’agit d’un manque de temps. Certaines pathologies demandent du temps et de l’écoute

[9La visite médicale des laboratoires pousse à prescrire le dernier médicaments sur la marché, en général beaucoup plus cher et pas mieux que les précédents

[10Tant qu’il y aura le paiement à l’acte on ne pourra éliminer cette hypothèse

[11Article ancien (1989)sur l’épicondylite dans une revue pédicale : "La chirurgie sera réservée aux échecs à un an et/ou sera fonction de la demande du patient."

[12CSMF Actu