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Trop d’arrêts de travail : la faute à qui ?[version 0.00 du 06/12/2008]

samedi 6 décembre 2008, par omedoc

L’analyse sera fait à partir du modèle concernant les différents abus.

J’ai écrit tellement d’articles que je ne me souviens plus de ceux que j’ai déjà fait... Voir cet article sur le même sujet....

C’est la faute aux patients

D’un médecin

« Alors que les mesures annoncées dans le cadre du PLFSS apparaissent nettement insuffisantes pour espérer commencer à apercevoir le fond du trou de la Sécu, la recherche de bouc-émissaires reprend de plus belle.
C’est aujourd’hui le mensuel UFC-QUE CHOISIR qui revient à la charge contre ces médecins "irrationnels", incapables de prescrire des médicaments adaptés aux besoins de leurs patients, et totalement dépendants de l’industrie pharmaceutique.
Il est vrai que ces professionnels de santé sont manifestement tous stupides, incapables de réfléchir et de raisonner, et probablement payés en dessous de table par les VM ?..

Et si ce journal, qui prétend représenter les citoyens consommateurs, s’interrogeait également sur les demandes des patients, les consultations à répétition, les ordonnances multiples, les demandes d’arrêts de travail invérifiables ?.? »


Ils sont feignants

Du même médecin [lien rompu] :
 ?Quand un employé de mairie me dit qu’il ne peut pas travailler parce qu’il est fatigué par son week end, ou parce qu’il a peur que la petite plaie de l’index l’empêche de taper à la machine, (avant d’avoir essayé), je dis que c’est un abus de droit. ?

Le médecin doit objectiver la pathologie sous-jacente, et le retentissement fonctionnel. Le retentissement fonctionnel peut être le retentissement "théorique" selon la pathologie, le retentissement vécu par la personne, selon là aussi la pathologie mais aussi le malade, et il doit écarter tout ce qui est retentissement fonctionnel construit. (voir mon modèle).

Dans cette phrase il s’agit en fait essentiellement de critiquer les employés de mairie, et d’estimer que ce sont tous des feignants. Nous sommes dans le cas de la flèche 5, même s’il existe une pathologie qui serait en fait un prétexte à une impotence fonctionnelle construite.
Il ne s’agit pas d’une argumentation médicale. Il s’agit d’un a priori. Employé de mairie = suspicion d’abus. Tel que ce médecin le décrit, un travailleur qui ne va pas travaillé parce qu’il est fatigué par son week end est évidemment abusif. Il n’y a pas de réponse à apporter (malgré la suite). De toute façon il n’y a pas de questions. Si ce que le patient dit est vrai, et si le médecin prescrit, alors la personne peut travailler contrairement à ce qu’elle affirme, et le médecin est complice.

Il faut cependant faire attention aux erreurs de diagnostics induits par le patient. Il s’agit peut-être d’une fatigue anormale pour la quelle le patient invoque le week end afin de se rassurer, parce qu’il pense en fait à quelque chose de plus grave.
Il souffre peut être aussi au travail mais refuse de l’avouer. Il peut minimiser une dépression sévère. j’ai eu le cas d’un suicide dans une situation semblable.

En fait la situation est rarement aussi claire, et donc si ce type de réaction est fréquente c’est parce que que c’est une généralisation d’une histoire de chasse.

C’est la faute aux médecins

Ils sont intéressés par l’argent

« Vous faites des arrêts de travail inutiles ou exagérés pour "draguer" votre clientèle ». Voir ce site.


Autre raisons

Parfois les médecins traitants appellent à l’aide les médecins conseils car ils ont de la difficulté à arrêter la prescription d’un arrêt de travail. Pourquoi ?

Sans réfléchir sur le pourquoi de cette demande, ceci est très mal vu par les administratifs. Ils estiment que le médecin ne veut pas dire non [1], alors que lui estime qu’il ne peut dire non.

Plusieurs raisons possibles :
 Peur de perdre un patient : c’est ce qui est habituellement sous entendu (car le plus simple comme explication) mais c’est totalement faux. Le médecin n’aurait aucun intérêt à demander de l’aide.
 patient violent ou plutôt épuisant. C’est le plus fréquent.
 Nécessité de sauvegarder le lien thérapeutique. Ce n’est pas le rôle du médecin traitant de dire non.
 Difficulté à "savoir dire non" de façon générale. Le médecin est trop gentil. C’est très mal vu dans notre société actuelle. Être méchant, ça c’est bien.


[1« Ils n’ont qu’a ne pas prescrire »