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La rencontre médecin conseil - malade.

dimanche 4 mars 2018, par omedoc

La rencontre médecin traitant - malade consiste en une alliance thérapeutique.

Qu’en est-il de la rencontre Médecin conseil - malade ? Il s’agit légalement d’un contrôle [1] mais celui-ci ne porte pas sur le malade mais sur la prescription, c’est à dire sur le médecin prescripteur.
Il peut déboucher sur un désaccord médical divergent entre le médecin conseil et le médecin prescripteur [2]... Mais le patient a souvent aussi un avis. [3].

L’objectif premier du médecin conseil doit être le maintien dans l’emploi, et la prévention de la désinsertion secondaire.
L’objectif de faire la chasse aux arrêts de travail abusifs doit rester secondaire.

Par ailleurs voici le discours tenu par un médecin conseil régional [4].

"On ne peut évoquer l’activité du médecin conseil sans évoquer l’impact fort de toute décision prise à la suite d’un examen médical, en relation avec la vie quotidienne du malade, sa vie familiale et sociale.[...] le service médical doit savoir être compréhensif. En résumé, au travers des actions entreprises il faut avant tout rester le plus médical possible et être médecin avant tout et le rester. C’est dans cette optique que le législateur a conservé l’article L 324-1. C’est le plus du service médical, son apport spécifique qu’il est le seul à pouvoir assurer"

Il y a différents scénarios.

Premier scénario : le patient n’a pas d’avis.

Le scénario simple [5] est :

  • Le médecin traitant prescrit à un travailleur malade un arrêt de travail
  • Le médecin conseil estime que l’arrêt de travail n’est plus justifié.
    • Le médecin traitant et le médecin du travail sont d’accord. L’assuré reprend le travail.
    • Le médecin prescripteur et le médecin conseil ne sont pas d’accord. Le patient conteste : l’expert [6] décide.

Deuxième scénario : le patient a un avis et est en désaccord avec l’avis du médecin conseil

Souvent on a affaire à un autre scénario où le patient à son avis et n’est pas d’accord avec l’avis du médecin conseil [7] — ce qui est évidemment totalement légitime :
 Soit il estime qu’il ne peut assumer la charge de travail
 Soit il a peur de reprendre trop tôt par peur d’une récidive ou d’une rechute de sa maladie.
Dans le premier cas, le patient souffre et est handicapé : Il connaît ses capacités a priori mieux que le médecin.
Dans le second cas, le problème est strictement médical et c’est le rôle du médecin [8] d’estimer la possibilité de récidive ou de rechute, et donc l’aptitude à son travail.
Pour les médecins, il est donc important de faire préciser à l’assuré s’il se sent capable de reprendre le travail ? sinon pourquoi ?
Parfois les médecins sont d’accord avec le médecin conseil (ou n’ont pas d’opinion) alors que le malade estime qu’il ne peut reprendre le travail.
Si le malade est sincère alors Il est nécessaire de connaître ses arguments.

Troisième possibilité, la personne craint la reprise du travail.

Ce que va chercher à savoir le médecin conseil c ?est s’il est médicalement raisonnable de penser qu ?à court ou moyen terme la personne pourra reprendre votre travail.

  • Soit la personne estime ne pas pouvoir reprendre son travail.
    • Si le médecin conseil est d’accord que l’évolution de la maladie ne permettra pas à court ou moyen terme la reprise du travail il pourra alors considérer que la poursuite de l’arrêt est inutile. Il y a alors deux possibilités pour le médecin conseil :
      • Soit le médecin conseil considère que la personne est apte à UN travail quelconque : ce qui arrête le paiement des IJ par l’assurance maladie.
        • En général le médecin du travail, en accord avec l’avis du médecin conseil, donnera un avis d’inaptitude de la personne à SON travail, ce qui enclenchera la procédure de licenciement.
        • Mais le médecin du travail n’est pas tenu par l’avis du médecin conseil et peut considérer que la personne est apte à son travail, et la personne devra reprendre son travail.
      • Soit le médecin conseil estime qu’il existe une réduction totale de la capacité de travail ou de gain et donne un avis de stabilisation (ce qui arrête le versement des Ij) met la personne en invalidité cat 2.
        • En général le médecin du travail, en accord avec l’avis du médecin conseil, donnera un avis d’inaptitude de la personne à SON travail, ce qui enclenchera la procédure de licenciement.
        • Mais le médecin du travail n’est pas tenu par l’avis du médecin conseil et peut considérer que la personne est apte à son travail, et la personne devra reprendre son travail (ou contester l’avis du médecin du travail).
      • Soit le médecin conseil estime que la personne peut reprendre le travail à mi-temps car il existe une réduction de la capacité de travail ou de gain des 2/3, mais celle-ci n’est pas totale et donne un avis de stabilisation (ce qui arrêt le versement des Ij) et met la personne en invalidité cat 1.
        • Logiquement le médecin conseil sait que le médecin du travail est d’accord pour donner un avis d’aptitude à temps partiel. A noter que l’employeur doit aussi être d’accord pour un contrat à temps partiel.
  • Soit la personne espère reprendre le travail à court ou moyen terme.
    • Si le médecin conseil estime lui aussi qu’il est médicalement raisonnable de penser qu’en effet une reprise du travail est possible, dans ce cas il doit privilégier le maintien dans l’emploi et justifier la prolongation de l’arrêt.
    • Sinon, le médecin conseil va considérer que la personne est apte à un travail quelconque.
      • Soit la personne conteste.
      • Soit la personne ne conteste pas et se présente à son travail.
        • Soit le médecin du travail donne un avis d’aptitude.
        • Soit le médecin du travail donne un avis d’inaptitude avec licenciement à terme.
        • Soit le médecin du travail estime qu’il y a impossibilité actuelle pour la personne de reprendre son travail mais que c’est possible à court ou moyen terme. Il peut éventuellement contacter le médecin conseil pour en discuter. Sinon il n’a pas le choix, et logiquement doit donner un avis d’inaptitude avec licenciement à terme.

[1Ce contrôle peut avoir des conséquences médicales (et sociales) importantes pour le malade

[2La médecine n’étant pas une science exacte, les médecins, même les plus renommés, peuvent avoir des avis différents et même se tromper)

[3Dans le cas où le malade à un avis, celui-ci peut-être différent de l’avis du médecin conseil et/ou médecin traitant et/ou médecin du travail.

[4réunion interne 1997

[5mais probablement simpliste : c’est le modèle des employeurs, et des décideurs

[6choisi en commun par le médecin conseil + médecin traitant

[7ou même l’avis de son médecin traitant.

[8en particulier du médecin du travail

Vos commentaires

  • Le 13 mai 2018 à 16:00, par TRAMBOANT En réponse à : La rencontre médecin conseil - malade.

    Bonjour,
    En arrêt de travail depuis novembre 2016, pour lombalgie, après avoir effectué tous les examens possible, scanner, IRM, radios, etc
    conclusion
    Discopahie dégénérative évoluée à l’étage L5-SI avec un léger spondylolisthésis de L5 sur S1 et un rétrécissemet arthrosique des foramens plus marqué à gauche
    Discopathies dégénératives moins évoluées au étages L2-L3, L3-L4 et L4-L5
    je fais de la méso tous les mois, séances de kiné balnéo, rien n’y fait.
    Je travaille en usine à un poste station debout, traitement de surface par grenaillage, travail de force,
    Le médecin du travail que j’ai rencontré, et mon médecin traitant, conviennent que je ne pourrais reprendre mon travail.
    Convoqué le 20 avril dernier par le médecin conseil , j’ai reçu la présente lettre en recommandé avec AR le 27 avril
    "M le docteur .... médecin conseil a estimé que votre arrêt de travail n’est plus médicalement justifié
    Par conséquent, vous ne percevrez plus d"indemnités journalières à compter du 15/05/2018"
    vous pouvez contester.....etc
    ce que j’ai fait en recommandé avec AR le 30 avril parvenu au service le 4 mai.
    Le tout accompagné de :
     une attestation de mon médecin traitant indiquant que mon état de santé rendait impossible une reprise du travail
     la notification de la reconnaissance de travailleur handicapé par la MDPH

    En parcourant tous vos articles, j’ai l’impression de ne pas avoir fait tout ce qu’il était possible de mettre en oeuvre.
    Dois je demander l’invalidité au médecin conseil ? est-ce bien à moi de le faire ? ou est ce à mon médecin traitant de faire la démarche ?
    J’ai imprimé le "CERFA 11174 05 demande de pension d’invalidité", est ce bien utile de le transmettre à la CPAM ou dois je attendre ?
    A ce jour, je n’ai pas eu de retour à ma contestation de décision, et je ne toucherai plus rien à compter du 15 mai prochain ....
    J’ai, d’ores et déjà pris contact avec le médecin du travail qui m’a déjà averti, qu’il allait me déclarer inapte à mon poste et de ne pas me faire d’illusion, peu d’entreprise proposait un poste adapté à ses employés, et que je serai certainement licencié.
    Mais qu’avant toute chose, il fallait attendre la décision de la CPAM à ma contestation, cela tarde à venir...
    Puisque je ne peux reprendre mon travail et que mon arrêt se termine le 14 mai, mon médecin va me prolonger, mais évidement sans versement d’IJ ... ceci pour ne pas risquer le licenciement pour abandon de poste.
    C’est vraiment l’impasse ..
    Cependant, j’ai cru comprendre en lisant tous vos articles, que je devais obtenir préalablement à un éventuel licenciement, l’invalidité.
    J’ai également pris contact avec l’assistante sociale de la CPAM avec qui j’ai rendez vous semaine prochaine,
    Pouvez vous me donner la marche à suivre ? l’ordre des choses ? dois je dès demain prendre rendez-vous avec le médecin conseil pour aborder avec lui la mise en invalidité ?
    Je vous remercie par avance de votre réponse, et reste à votre disposition pour vous fournir tous renseignements complémentaires dont vous auriez besoin

    • Le 13 mai 2018 à 17:18, par omedoc En réponse à : La rencontre médecin conseil - malade.

      Bonjour,

      Le médecin conseil pouvait vous proposer de vous mettre en invalidité. Il ne l’a pas fait. Il se peut qu’il estime que vous ne relevez pas de l’invalidité. Mais peut-être que si vous l’aviez demandé il l’aurait accordé, surtout si vous avez plus de 50 ans...

      Le mieux serait que - s’il l’estime justifié et s’il est d’accord que votre médecin traitant contacte le médecin conseil pour en discuter. Les médecins traitants sont souvent réticents à le faire...

      Sinon, il faut attendre le résultat de l’expertise.

      Vous pouvez aussi, vous même, faire une demande d’invalidité. Vous devriez normalement avoir une réponse et en cas de refus cela vous ouvrira une autre voie de recours, le TCI...

      Mais bon, rien ne vaut la discussion entre le médecin traitant et le médecin conseil..