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Comprendre la procédure d’accord préalable pour bénéficier de la prise en charge de la rosuvastatine et de l’ezitimibe

mardi 21 octobre 2014, par omedoc

je parlerai essentiellement de la Rosuvastatine puisque pour l’Ezetimibe le problème est le même, en plus "simple".

D’un médecin :

La prescription de ROSUVASTATINE http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=?cidTexte=JORFTEXT000029490140 et EZETIMIBE http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=?cidTexte=JORFTEXT000029490152 sont dorénavant soumises à entente préalable de la caisse d’assurance maladie.

La justification de cette procédure est « le caractère particulièrement coûteux de la prise en charge de la rosuvastatine (et de l’ezetimibe) par l’assurance maladie ainsi que le non-respect des recommandations de la Haute Autorité de santé, « 

L’avis de la HAS http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_996905/en/crestor est que la rosuvastatine n’a « Pas d’avantage clinique démontré dans la prise en charge des patients à haut risque de premier événement cardiovasculaire « donc une ASMR V. On peut lire cependant dans l’avis de l’HAS http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2010-11/crestor_-_ct-8369.pdf , page 9 que « Dans le cadre de cette indication, les patients peuvent recevoir indifféremment la rosuvastatine, l’atorvastatine, la simvastatine ou la pravastatine. « 

Il me semble comprendre à travers ces tergiversations que les agences du médicament n’ont pas été capable de fixer un prix raisonnable à la rosuvastatine et l’ezetinibe et que la sécu pour limiter les dépenses met en place une procédure contraignante pour limiter les prescriptions plutôt que de baisser le prix du médicament.

La sécu ne semble donc pas avoir de pouvoir sur les industriels du médicament et donc elle n’exerce son pouvoir que sur ceux qu’elle peut maitriser : les prescripteurs…

L’idée qui semblait bonne au départ de réduire la prescription de ces médicaments dont LRP nous rappelle que leur balance bénéfice risque est incertaine. La solution retenue rajoute de la complexité à la règlementation de la prescription alors qu’un réajustement du prix du médicament aurait permis une juste adaptation à la situation. Nous avions les médicaments non remboursés, les médicaments remboursés mais pas hors AMM, les médicaments remboursés dont toutes les indications d’AMM ne sont pas remboursables, se rajoute les médicaments remboursables dans toutes les AMM, mais dont la prise en charge nécessite une entente préalable…..

LEÇONS QU’ON PEUT EN TIRER

1° Cela signe l’inefficacité de la rémunération à la performance (ROSP) [1]. Dans le ROSP, il existe un objectif concernant la prescription des statines dans le "répertoire" [= toutes les statines sauf la rosuvastatine]


"Si la France appliquait la règle allemande de faire payer la différence au patient qui exige l’original et de rembourser intégralement le patient qui accepte le générique le moins cher, la performance pourrait s’améliorer nettement . [2]"

"Au total, en conjuguant ces deux facteurs qui se potentialisent, la structure de consommation et les prix observés en Allemagne, les dépenses de statines seraient réduites de 500 M€ chaque année en France. " [3]

500 millions d’euros par an, cela fait en 10 ans, 5 milliards...

D’où la réaction d’un médecin...

Et après cette bande de bras cassés nous chipote les quelques € qui nous permettraient de faire vivre correctement nos cabinets. Écœurant !

3° D’un coté on autorise les labos à faire la promotion des médicaments les plus couteux, et de l’autre on demande à la sécu de convaincre les généralistes de résister à cette promotion...

Rappel à vos souvenirs

4° Le référentiel HAS est de prescrire en fonction de l’objectif cible LDL, qui est lui même calculé à partir du risque cardiovasculaire.

Si on applique le référentiel on ne sait pas exactement combien de fois la rosu sera nécessaire et combien de DAP seront obligatoires mais cela devrait être a priori infime par médecins.... car la demande d’accord préalable n’est nécessaire que pour les nouveaux traitements et car c’est la rosu 5 qui pose problème essentiellement... qui peut être remplacé par l’ator 10, idem pour la rosu 10 et le tahor 20...

Est recherché le même effet dissuasif que l’inscription manuelle en toute lettre du NR...

Cela me semble symptomatique... Le ROSP n’a pas marché, donc on va faire remplir des papiers... La paperasserie comme outil de dissuasion...

5° La responsabilité des médecins

les prescriptions très importantes de ezet. et de rosu en France. (je suis globalement d’accord avec les raisons qu’ils invoquent en ajoutant l’aversion franche d’une grande frange de la population médicale pour la formation, au sens large)

C’est tellement plus simple de recevoir la visiteuse médicale que d’aller chercher des informations indépendantes qui ne sont pas accessibles sans "effort".

6° la fixation des prix en France.

http://www.ameli.fr/professionnels-de-sante/gestionnaires-de-centres-de-sante/vous-former-et-vous-informer/guide-des-references-juridiques-produits-de-sante.php

Par ailleurs comparaison des prix ici :

http://www.ameli.fr/fileadmin/user_upload/documents/Points_de_repere_n__12.pdf

Comparaison des génériques ici :

http://www.ameli.fr/fileadmin/user_upload/documents/Points_de_reperes_n_39_-_Cout_des_generiques_en_Europe.pdf

En ce qui concerne l’Europe, elle semble jouer un rôle, mais c’est pas très clair....
"[Si ASMR I ou II ou III] Le prix est alors européen, non administré, fixé par la firme elle même..." [4]

Cela ne concerne que 5% des médicaments...


[1Et de la motivation par l’argent.

[4voir COMMENT DIFFÉRENCIER LES MÉDICAMENTS UTILES ET INUTILES ?. LA REVUE DU PRATICIEN VOL. 62 Novembre 2012