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Philosophie du travail [version 0.10 du 22/04/2008]

dimanche 20 avril 2008, par omedoc

Ne pas vivre pour le travail mais travailler juste ce qu’il faut pour l’essentiel.

Prise de note de l’émission de France culture : Du grain à moudre par Julie Clarini et Brice Couturier
émission du vendredi 18 avril 2008

Le travail est-il une valeur en voie de disparition ?

On investit son corps et son esprit dans son travail.

Parler du travail comme une valeur en soi c’est méconnaître le monde du travail comme expérience multiple. Le travail ça prend le corps, ça prend la tête. Il faut réintroduire toute la complexité du travail.

Il y a quelque chose qui vous travaille.

Stress au travail

Entrepreneur du CAC 40 : pour lui travail = stress. On diverge sur les causes du stress. Sujet compliqué : la durée des transports est déjà un stress, il existe d’autres formes de stress de la société.
Le stress et les conditions de travail, ce sont des sujets qui ne préoccupent pas suffisamment les syndicats.

Le droit à un travail sans souffrance

"Amartya Sen dit une chose très simple, il dit que dans une démocratie un peu élevée comme la notre c’est un souhait somme toute assez raisonnable de demander un travail de qualité, mais surtout de demander un travail non pas qui fabrique forcément votre bonheur, parce que ça ce serait trop, mais au minimum qui ne fabrique pas votre malheur, donc un travail qui participe de votre émancipation, plutôt que de votre aliénation, un travail qui vous insère, plutôt qu’il ne vous dé-protège, ou vous précarise, bref quelque chose qui construise votre lien avec la société. Le travail à un lien privilégié avec la démocratie, il est ce qui permet l’émancipation et l’ascension sociale. Il faut que cette dimension transformatrice du travail soit retrouvée." Cynthia Fleury. Philosophe

le travail peut être un lieu soit d’épanouissement, soit de souffrance.

Autour de cette notion de travail, il y a fondamentalement une escroquerie. On confond deux choses qui sont différentes, d’une part le travail comme constante anthropologique, la nécessité de reproduire ses moyens d’existence, qui est atemporel ou an-historique et qui a toujours existé. On en parle pour évincer ce qui est aujourd’hui le travail. Le travail n’est pas naturel. Si c’était le cas, on ne devrait pas avoir à le défendre ou à contraindre les gens.


Une vie sans travail peut devenir une vie invivable. Définition du travail comme "work" = oeuvre (Anna harendt) opposé à la définition du travail comme "labour" = quelque chose qui vous asservit.... La dimension aliénante et la dimension transformatrice du travail.... trouver la bonne régulation. Souffrance au travail, bonheur au travail.

Le lien social se construit à travers du travail, A travers la notion de travail il y a des logiques de reconnaissance, ce sont des logiques vitales, c’est à dire que si vous n’êtes pas reconnu dans un système de société vous n’arrivez pas à vivre.
La seule chose qu’on montre du doigt c’est la montée des travailleurs pauvres. Fondamentalement cette équation est en train d’exploser. Il y a la montée de la "corrosion des caractères" [1] : on demande de la performance, de la flexibilité et pas du métier ou de l’expérience. Ça érode l’identité personnelle.
Il faut repenser la valeur travail dans sa dimension émancipatrice.
Avant on pouvait dire : le travail me donne peu mais je donne peu. Actuellement il y a une obligation à la motivation.
Un métier, ce n’est plus un statut. faire un métier c’est s’inscrire fondamentalement dans une aventure collective qui est bien plus vaste que sa propre aventure personnelle. le travail c’est l’un des lieux dans le quel on peut faire cette expérience d’être inscrit dans un collectif temporel, on a le sentiment d’oeuvrer. Oeuvrer c’est produire une trace, et le grand pb psycho social de l’existence actuelle c’est le désoeuvrement. Être désoeuvrer c’est ne plus pouvoir laisser de trace durable dans un collectif qui nous dépasse. L’existence a foncièrement besoin d’être inscrit dans un collectif qui la dépasse et lui donne une raison d’être, là le travail joue une fonction d’humanisation essentielle, car le travail permet cette disposition à l’oeuvre. travailler cet faire oeuvre. et c’est ça qui est en jeux dans la notion de métier.
On ne peut évacuer l’expérience anthropologique du travail, si on oublie l’idée qu’il y a dans le travail une aventure humaine extrêmement significative de ce qu’est l’humain, ce serait une grande erreur que de considérer que dans l’expérience de l’homme qui se joue au travail, il y a une contingence absolue, il y a quelque chose de significatif de l’aventure humaine dans la relation au travail.
Le travail est une des formes les plus directe pour créer une vie "décente", de la "décence", et non pas de la "normalité".

On ne parle plus de ce qui se passe aujourd’hui. Moi lorsque j’entend dire que le travail est nécessaire au lien social, je regrette je connais plein de gens qui sont employés et souffre d’une concurrence généralisée avec les collègues. [2]
Beaucoup d’auditeurs de France culture vont dire que moi, dans mon travail je n’ai pas l’impression de créer beaucoup de lien social mais plutôt d’être en situation de concurrence permanente même s’ils aiment leur métier. J’ai fait des enquêtes et à la question : quel est votre principale source de désagrément, de souffrance dans votre travail ? les gens répondent : mes collègues. [3]

Le travail est une voie d’intégration sociale et d’humanisation dont les enjeux politiques sont supérieurs à la seule intégration du marché de l’emploi. Il réclame des connaissances, un savoir-faire, une expérience ; il est une occasion unique de faire l’épreuve de soi en se confrontant au réel et aux autres. Certes, comme l’indique son étymologie (du latin tripalium qui signifie un instrument de torture), tout travail comporte une forme de pénibilité. mais l’expérience de la liberté ou de l’accompagnement de soi ne va pas sans contrainte, sans discipline et sans droit à l’erreur. En priver des pans entiers de la population participe d’une dérive déshumanisante, voire criminelle de nos sociétés. Comment ne pas s’inquiéter des risques sociaux liés à la précarisation des emplois, en particulier pour les jeunes ? Comment ne pas se soucier de la perte du sens du travail sur la santé psychique des travailleurs, sur l’équilibre d’une vie familiale, sur la paix civile ? [4]

Extrait de l’intervention de Guillaume Paoli :

Sur le plan spirituel ?

lu sur ce site :
 “le travail est d’abord un élément de croissance humaine et d’épanouissement personnel, dans la mesure où il n’est pas vécu exclusivement comme une course au profit ou à la rentabilité.
 “Par le travail quotidien, chacun de nous partage le souci commun de tous les hommes de vivre et de faire vivre sa famille ou sa communauté. C’est un lieu de solidarité avec les plus démunis.
 “Le travail se trouve revêtu de beauté lorsqu’il est vécu comme une participation au geste créateur de Dieu toujours agissant dans notre monde. C’est dans cette relation à Dieu que le travail trouve sa vraie valeur et qu’il contribue à révéler à chaque homme la grandeur de sa dignité personnelle.

Le travail peut-être aussi un esclavage

Simone weil

Travail rémunéré et travail non rémunéré

les activités non rémunérées sont aussi nécessaire à la reproduction sociale que certains emplois qui sont nuisibles.
Penser le travail dans deux directions, la sécurité nécessaire auquel le travail doit donner lieu. Le travail est actuellement de plus en plus précaire et incertain. Deuxième dimension = élargissement de la sphère du travail : redéfinir le travail = invention de nouvelles formes de travail à partir d’activités existantes.

Travailler plus pour gagner plus :


Mensonge ! travailler plus pour gagner plus ça fait croire, ça donne l’illusion que le travail est une réalité individuelle, alors que c’est une réalité sociale ; c’est la société qui crée les conditions d’un travailler plus et d’un gagner plus. Mettez vous y et ça va changer ! non ça ne suffit pas !

On est obligé dans notre société de travailler plus du fait de l’allongement de la vie. On travaille bcp moins qu’avant sur une vie entière.

Nous sommes plus que jamais dans l’âge du faire, plutôt que dans celui de l’être. La doctrine dominante veut en effet que tout individu respectable doive exister par le travail, auquel il doit se dédier tout entier.

BROUILLON

Un loisir est une activité mais n’est pas à proprement parlé un travail. En fait, il y a travail lorsqu’on rend service aux autres.

Le travail peut-être ou non rémunéré : c’est le cas du bénévolat ou de l’aide des grands parents pour s’occuper des petits enfants.

Avoir un travail rémunéré est le plus souvent une obligation pour pouvoir vivre.

Sauf le cas de certains stages, le travail non rémunéré n’est pas vécu comme une obligation.

Le travail non rémunéré est donc en général librement choisi. Il n’est donc pas source de souffrance.

Toute activité peut-être source de plaisir [5] :
 dépassement de soi,
 intensification de la vie quotidienne,
 satisfaction du devoir accompli,
 reconnaissance par les autres,
 sentiment d’être utile aux autres,
 comblement du vide de sa vie,
 échappement aux soucis personnels, à la solitude...

Or :
1° Le travail rémunéré est pourtant le plus souvent source de souffrance importante.
2° Avoir une activité pour échapper au vide de son existence n’est peut-être pas la meilleure chose à faire....

http://www.philomag.com/les-idees/eloge-de-la-caresse-11403

http://www.egora.fr/sante-societe/199275-les-medecins-laxistes-sur-leur-propre-etat-de-sante

Alternatives au travail : contemplation, action politique, dépense de soi. [6]

ce n’est pas les objectifs qui doivent nous motiver, mais la possibilité, comme pour l’ouvrier, de faire du bon travail.


"Bonjour paresse"
Lègeron. stress au travail.
Christian beaudelot, enquête sur le bonheur au travail.


[1Richard Senet sociologue

[2Guillaume Paoli. Philosophe
Membre du mouvement berlinois des "Chômeurs heureux"

[3Guillaume Paoli. Philosophe
Membre du mouvement berlinois des "Chômeurs heureux"

[4Nathalie SARTHOU-LAJUS. Éditorial de la revue Études SEPT 2016

[5C’est pour cela que beaucoup de personnes souffrant de dépression (dépression évidemment non liée au travail) continuent de travailler...

[6Philosophie magazine mai 2015