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Démonstration : Arguments pour/contre [NA 20/10][T+++]

samedi 20 octobre 2007, par omedoc

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Arguments en faveur de la thèse

1) Arguments généraux sur les statistiques

Je ne sais plus quel statisticien a dit : il y trois types de mensonges, le mensonge habituel, le mensonge par omission, et le mensonge statistique.

Plus précisément
<<"On peut faire dire aux statistiques tout ce qu’on veut" ; Jamais adage populaire n’aura été aussi éloigné de la réalité. Car les bonnes statistiques ne mentent jamais, si ce n’est par omission. En revanche, ceux qui les utilisent ou qui les produisent peuvent cacher, camoufler, déformer ce que disent les chiffres. Et ceux qui les lisent peuvent être, parfois, bien crédules.>> Nico Hirtt "déchiffrer le monde"

Voir le site pénombre pour une analyse de différents "mensonges" statistiques, qui ne sont donc en fait que les éventuels "mensonges" de ceux qui les interprètent (ou même seulement les utilisent)

2) Il peut y avoir des erreurs au niveau des chiffres

Un tel type d’erreur a été rapporté sur le site d’espace généraliste : un salarié en arrêt ayant plusieurs employeurs est compté en arrêt autant de fois qu’il a d’employeurs !

3) La moyenne n’est pas une norme. Il n’y a pas de normalité statistique. Si un médecin prescrit plus d’antibiotiques, d’arrêts de travail, de statines ou de sartans que la moyenne, rien ne dit qu’il ait tort. C’est peut être les autres qui sous-prescrivent. Ce n’est qu’une discussion médicale au cas par cas qui pourrait le déterminer. Voir l’article exemple de dialogue

4) Un écart à la moyenne est insuffisant pour pouvoir discuter sur les actions ou le type de changement nécessaires.
Pour les arrêts de travail il faudrait avoir le détail entre les arrêts maladie et les accidents du travail, les patients en ALD et patients sans ALD, les arrêts de courte durée et les arrêts de longue durée, les âges supérieurs à 50 ans et les âges inférieurs à 50 ans. L’idéal serait d’avoir les chiffres par pathologie.
Une augmentation d’une année sur l’autre peut difficilement s’expliquer par un laxisme soudain. Un médecin qui ne change rien à ses habitudes ou même fait des efforts et voit ses chiffres augmenter ne comprendra pas. Il risque de se sentir "accusé" injustement, alors que d’autres explications sont possible [1]

5) Il y a enfin la variabilité statistique qui fait qu’un écart de quelques pour-cents à la moyenne n’est peut être pas très significatif. Voir article sur la variabilité

Arguments contre la thèse

1) L’existence de cas de prescriptions inutiles ou frauduleuses fait que par généralisation on estime que c’est le principal facteur explicatif de l’augmentation des dépenses, ou en tout cas, qu’en jouant dessus on pourra limiter cette augmentation. On estime que le laxisme est généralisé, et donc toute prise de connaissance par un médecin de son atypie aura un impact, même si c’est en fait un médecin plutôt "économe". L’idéal serait de rencontrer tous les médecins et comme c’est impossible, autant les sélectionner à partir du profil de prescription [2]. Voir l’article exemple de dialogue
Ma réponse : dans ce cas, pourquoi leur donner ce profil de prescription ?

2) En pratique donner la possibilité aux médecins de se comparer à la moyenne est efficace.
Ma réponse : D’abord, ceci n’est pas prouvé. Par ailleurs, si l’échange avec le médecin est efficace la première année, il n’est pas certain qu’il soit efficace la deuxième.

3) Les écarts très importants par rapport à la moyenne sont manifestement "anormaux". On ne peut médicalement justifier un nombre de prescriptions d’arrêts de travail 10 ou même 4 fois supérieurs à la moyenne.
Ma réponse : Soit le médecin admet qu’il abuse, soit il ne l’admet pas et il est sincère. Dans ce cas on ne lui donne pas d’explication, et donc on ne lui donne pas les moyens de changer en toute connaissance de cause.


[1variabilité statistique, changement dans sa clientèle (pathologies, type) : lorsqu’un collègue part à la retraite et n’est pas remplacé, en cas de remplacements d’autres collègues. Il y a des interactions plus subtiles. les clientèles sont faites à l’image du médecin. Suite à la campagne sur les antibiotiques un médecin m’expliquait qu’il ne voyait plus d’enfants, parce qu’il ne prescrivait plus d’antibiotiques. Ces enfants sont probablement partis chez d’autres médecins plus "conciliants". Un médecin qui s’intéresse à une pathologie (réseau diabéto) fera probablement beaucoup d’ordonnances avec de nombreux médicaments. Etc...

[2Le profil de prescription n’est qu’un moyen d’augmenter, par rapport au simple hasard, la sensibilité et la spécificité du choix des médecins à rencontrer