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Quel Traitement de la dépression ? (ou comment être heureux ?)

vendredi 27 juillet 2007, par omedoc

D’abord se défendre contre la déprime

Il y a toujours plusieurs facteurs qui peuvent expliquer pourquoi nous sommes malheureux. Pour lutter contre la dépression il faut donc associer les méthodes

L’alcool déprime : il faut le savoir et soit en prendre son parti soit diminuer la consommation.

Le travail stressant déprime : il faut le savoir et soit passer à mi-temps par exemple ou trouver une solution en s’exposant moins. Il faut savoir se protéger.

En général on déprime (alors qu’on a tout pour être heureux) parce-qu’on a un problème et on ne le résout pas. Il faut réfléchir froidement et rationnellement comme on le ferait devant un mur qui fait obstacle. Pour cela on cherche une solution (chercher une échelle, creuser un trou, longer le mur pour chercher une issue).

Dans 95% des cas on trouve une solution, sinon il faut accepter la présence de cet obstacle et continuer à voyager sur place ou changer de route. Rien ne sert de se taper la tête contre le mur, ça majore la dépression. Il faut accepter la douleur, l’angoisse, la tristesse, comme quelque chose qui va avec notre vie.

Mon expérience me fait dire que tout problème à une solution et on sous estime notre capacité à trouver cette solution. Il faut travailler avec méthode. Il faut s’exercer sur les petits problèmes. C’est en trouvant des solutions qu’on comprendra que là est la solution. "Toute vie est résolution de problème."

Il faut d’abord chercher la vérité.

Enfin dans 5 % des cas on est malheureux pour de bonnes raisons, c’est à dire qu’on a eu un très gros problème qui dépasse nos limites humaines (viol, agression. torture, misère). Là, penser ne sert à rien, il faut se reconstruire, et savoir que la résilience existe.

Par ailleurs

On peut tenter la psychothérapie, mais il faut tomber sur un bon psy. Préférer la thérapie systémique et/ou cognitive et/ou analytique (si rien ne marche). De toute façon quelque soit la psychothérapie, ce qui est important c’est le psychothérapeute. Si vous avec la conviction intime de ne pas progresser... arrêtez.

Enfin pas besoin de médicaments si la dépression s’explique. D’abord, supprimez les causes évidentes. Les médicaments ne sont utiles qu’en cas de dépression sans cause (et encore : voir ci-dessous). Si les médicaments sont inefficaces c’est probablement qu’il y a un problème non résolu qui persiste. Vous pouvez essayer de vous en sortir seul, à condition d’être très critique par rapport à vous même et vos croyances. Pas la peine d’essayer de vous en sortir tout seul si vous croyez à des choses sans aucun regard critique.

Enfin

"Nous pouvons nous envisager sous deux aspects différents : comme être naturel ; sensible, déterminé par des causes, et comme être raisonnable, capable de reconnaître des raisons." (Kant (pour faire chic))

Autrement dit nous ne sommes pas coupables d’être malade, nous ne le faisons jamais exprès, même si c’est réactionnel, mais nous sommes responsable car c’est ce qui nous définit en tant qu’Homme et de plus rien n’est irréversible dans le fonctionnement du cerveau. Nous avons la capacité de changer. Il "suffit" de trouver la bonne clé ou la bonne serrure.

Ensuite il faut mettre en place les conditions du bonheur

 Il ne faut pas chercher le bonheur.
 Il faut le reconnaître quand il arrive
 parfois il passe bêtement à côté. et on n’a pas pris sa chance. Il vaut mieux avoir des remords que des regrets.
 Il faut avoir une riche vie intérieure.
 Il faut lire Etty Hillesum

Les médicaments antidépresseurs sont-ils efficaces ?

Cela ne semble pas certain = l’inefficacité est plausible, en tout cas dans la dépression réactionnelle.

Arguments contre l’efficacité

1° D’expérience j’ai rarement vu un traitement antidépresseur efficace (de façon évidente [1]). Le plus souvent les malades se plaignent de son inefficacité. Ceci est confirmé par des médecins traitants [2].

2° En faisant une recherche sur les essais cliniques concernant l’efficacité du traitement chez les personnes âgées (les plus gros consommateurs ?), je me suis aperçu qu’il y avait bel et bien controverse sur l’efficacité des antidépresseurs (tout âge). Voir en particulier "Irving Kirsch ". (autres références : )

3° Il est à noter que si un jour on découvrait l’inefficacité de ce traitement alors : ce serait un scandale et ça irait contre l’intérêt de l’industrie pharmaceutique.

4° L’inefficacité des antidépresseurs expliquerait qu’il soit autant consommé (pharmacodépendance psychologique).

5° L’inefficacité expliquerait la fréquence des "résistances" au traitement.

6° Références
EBM journal : http://phenix.itnetwork.fr/
"Les tricycliques ne sont pas plus efficaces qu’un placebo dans la dépression de l’enfant et de l’adolescent"
Hazell P, O’Connell D, Heathcote D, Robertson J, Henry D. Efficacy of tricyclic drugs in treating child and adolescent depression : a meta-analysis. BMJ 1995 ;310:897-901.

Plus de TS et d’idées noires sous antidépresseurs que sous placebo ?

New Engl. J. Med. 2007, 356 : 2343-6
The FDA used the best available data in attempting to disentangle the effects of treatment from those of illness by comparing the rates of suicidal symptoms among patients taking antidepressants with rates among those taking placebo. The advisory committee considered the results of comprehensive meta-analyses of an enormous data set : data on 99,839 participants who had enrolled in 372 randomized clinical trials of antidepressants conducted by 12 pharmaceutical companies during the past two decades.
The primary analyses were restricted to participants in trials for psychiatric disorders. There were 8 suicide deaths : in 5 of 39,729 participants assigned to the investigational drug, 2 of 27,164 assigned to placebo, and 1 of 10,489 assigned to an active comparator. In addition, 501 participants had suicidal feelings or thoughts or nonfatal suicide attempts — 243 while receiving an investigational drug, 194 while receiving placebo, and 64 while receiving an active comparator. No increased risk of suicidal behavior or ideation was perceptible when analyses were pooled across all adult age groups. In age-stratified analyses, however, the risk for patients 18 to 24 years of age was elevated, albeit not significantly (odds ratio, 1.55 ; 95% confidence interval, 0.91 to 2.70).

Arguments pour l’efficacité

Références
EBM journal : http://phenix.itnetwork.fr/
"Le moclobémide est un antidépresseur efficace chez le sujet âgé présentant une altération cognitive et une dépression"
Roth M, Mountjoy CQ, Amrein R, et l’International Collaborative Study Group. Moclobemide in elderly patients with cognitive decline and depression. An international double-blind, placebo-controlled trial. Br J Psychiatry 1996 ;168:149-157.

Le consensus des experts


[1Souvent un traitement est allégué efficace mais peut être ne s’agit-il que l’évolution naturelle de la maladie

[2Exemple de discours : “Qui peut nier que les MG prescrivent TROP d’antidépresseurs ? Comme
ils prescrivent TROP d’antibiotiques.

La prescription d’antidépresseurs dans les dépressions dites
réactionnelles est générale. Les raisons : a) le manque de
formation des MG (réponse bien-pensante : salauds d’universitaires !
+ FMC non rémunérée et sponsorisée - cf. infra) ; b) le
manque de temps en consultation (cf. a) : si on donne plus de temps à
un âne, il reste un âne (réponse bien-pensante : non au
paiement à l’acte !) ; c) la pression des laboratoires (réponse
bien-pensante : non à Byg Pharma ! ; d) la pression sociale : les
patients, dans un jeu mimétique emballant et sociétal se disent
"déprimés" et exigent une intervention médicale et / ou sociale
pour leurs peines de coeur, leurs peines d’argent, leur malaise de
parents, d’enfants, d’habitants des cités, et cetera.
Hétéronomie vs autonomie. Cellules d’action psychologique
embarquées par le SAMU in situ (chute d’un tobogan dans une
école)... (réponse bien-pensante : que le SAMU s’occupe de ses
"urgences").

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