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Le respect dû à la personne souffrante[version 0.00 du 28/06]

lundi 28 juillet 2008, par omedoc

Attention : Article réservé aux médecins et plus particulièrement les médecins conseils.

Le médecin manque de respect à l’assuré (ou au patient) :

 s’il en parle en employant certains termes : charlots, pinpins...
 s’il le fait attendre inutilement dans la salle d’attente ou si tout s’y entend de la conversation du cabinet de consultation.
 s’il décide, sans réflexion, d’une conduite à tenir systématique pouvant être injuste.
 S’il refuse de considérer la gravité de certaines décisions pour l’assuré.
 Si dans ce cas, il ne réfléchit pas avant.
 Si dans ce même cas il ne sait pas "perdre" son temps (pour en fait souvent en gagner).
 S’il ne se forme pas, s’il ne réfléchit pas à son travail. [1]
 S’il a des a priori sur les assurés.
 Si le patient ou l’usager n’est pas au centre de ses soucis.
 S’il ne sait pas résister aux pressions. [2]
 S’il ne peut justifier ses avis.

Donc le manque de respect se diagnostique dans le discours, le comportement, la façon d’agir et de décider, la manière d’être dans la relation....

Analyse philosophique

Pour Patrick Pharo [3], le respect est "une position pratique de la première personne qui consiste pour celle-ci à limiter sa liberté d’action de façon à ne pas porter atteinte à la valeur éminente qu’elle reconnaît à une personne ou à un objet, ou qu’une autre personne accorde à un objet."

Pour Kant, le devoir de respecter son prochain est compris dans la maxime de ne ravaler aucun autre homme au rang de pur moyen au service de mes fins. [4]

Le code de déontologie rappelle la valeur de la personne souffrante. Porter atteinte à cette valeur en ne mettant pas des bornes à son action c’est manquer de respect à l’autre et c’est aussi une faute morale, donc une dégradation de soi. Ne pas réfléchir sur son travail, considérer l’autre comme un moyen c’est ne pas se donner des limites à son action. Seule la réflexion peut poser des limites, et d’abord savoir pour qui on travaille ? [5]

Du fait de notre indépendance et de notre déontologie notre souci doit-être en premier le patient. Pour cela il faut avoir des principes éthiques et avant tout le respect. Il faut ensuite une réflexion critique sur notre connaissances. Il faut enfin savoir donner un avis dans l’incertitude et donc le risque d’erreur.

De qui le médecin conseil défend-il les intérêts. D’abord ceux des personnes malades et les mêmes en tant qu’usagers du service public. On ne travaille pas pour le patronat [6] , pour le marché, pour atteindre des objectifs (économiques), pour "l’entreprise" sécu, pour des raisons corporatives. Nos décisions doivent se fonder sur le code de déontologie, le serment d’Hippocrate, et le sens du service public.

Ceci permet de faire face aux différentes pressions. Attention il ne s’agit pas, comme pour toute entreprise commerciale, de faire plaisir au client qu’on peut facilement berner sur la qualité du service rendu. Notre souci permanent doit être de rechercher la solidité et la justesse de nos avis. Ils ne doivent pas entraîner une souffrance injuste. Certes nous appliquons la législation, et en cela pouvons provoquer de la souffrance (perte d’emploi, difficultés économiques et socilaes..), mais il faut qu’elle soit "juste", c’est à dire nécessaire en un certain sens et pour préserver d’autres valeurs. [7] Que faire si la lois est "injuste" Il faut faire comme les juges, savoir l’appliquer avec discernement et essayer de changer les choses.

Nous devons être attentif aux pressions et ne pas oublier nos valeurs non matérielles.

Serment d’hippocrate :

« Au moment d’être admis à exercer la médecine, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité.

Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux. [8]

Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leur convictions. J’interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. [...]

J’informerai les patients des décisions envisagées, de leur raisons et de leurs conséquences. Je ne tromperai jamais leur confiance et n’exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences. [9]

[...] Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire.

[...]

Je ferai tout pour soulager les souffrances. [...]

Je préserverai l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de ma mission. Je n’entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai pour assurer au mieux les services qui me seront demandés.

[...]

Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonoré et méprisé si j’y manque. »

Il ne faut pas perdre de vue notre mission de protection de la santé de l’individu et notre mission de service public.


[1Voir ci-dessous le serment d’hippocrate : « Je n’entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai pour assurer au mieux les services qui me seront demandés. »

[2Voir ci-dessous le serment d’hippocrate : « Je préserverai l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de ma mission. »

[3livre : "la logique du respect" p 86

[4cité dans le dictionnaire philosophique d’André Comte-Sponville

[5la suite est largement inspirée du numéro spécial de Prescrire sur la décision

[6les intérêts des patrons n’ont rien à voir avec les intérêts des patients

[7Emprisonner un meurtrier c’est entraîner une souffrance juste car inévitable si l’on veut préserver la société.

[8Mon commentaire comme quoi le médecin a juré de faire du social

[9Mon commentaire : il faut faire de "l’information éclairée" et ne pas manipuler.