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Comprendre ce qui se cache derrière l’utilisation des "chiffres" en contexte non scientifique. [Brouillon du 4 mai 2013]

vendredi 22 mars 2013, par omedoc

Il y a une fascination pour les chiffres. Elle ne doit pas entraîner une confiance aveugle.

Les résultats statistiques sont utilisés
 pour justifier a posteriori ses choix
 pour justifier ses préjugés.
 comme argument pour faire taire toute critique.
 pour pouvoir décider rapidement sans réfléchir.
 pour faire pression sur le travailleur.
 pour manipuler
 pour flatter l’opinion.
 pour asseoir son autorité
 pour se rassurer
 pour se faire plaisir
 pour montrer qu’on travaille, qu’on agit...

Cet ainsi que sont utilisés les chiffres dans le cadre de la "Nouvelle gestion publique". Il existe une religion des chiffres de la part des dirigeants qui est totalement opposée à l’utilisation qu’en font les scientifiques.

Cette "mauvaise" utilisation des données statistiques est un facteur de stress, de violence, et de souffrance au travail.

Or les données chiffrés devraient être utilisés

 comme aide pour susciter des hypothèses.
 dans certains cas comme simples voyants qu’il faut analyser de façon approfondie lorsqu’ils s’allument.
 comme objectivation. Pour avancer nous devons utiliser les deux jambes que sont la subjectivité et l’objectivité.

Ils doivent toujours être critiqués pour ne pas être induit en erreur et surtout parce que cette critique nous donne une meilleure compréhension du phénomène étudié..

Lorsque des chiffres sont donnés comme argument :

 doutez de la réalité de ces chiffres car ils sont souvent erronés ou carrément mensongés.
 craignez la manipulation,
 prenez conscience de la violence et de la pression qui peut se cacher derrière leur utilisation.
 faites bien la part des faits et de l’interprétation
 Analysez les sous entendus...
 ne pas avoir honte de les critiquer


Utilisation pour justifier a posteriori ses choix

Utilisation pour justifier ses préjugés.

Utilisation comme argument pour faire taire toute critique.

Utilisation pour pouvoir décider rapidement sans réfléchir.

Si on néglige ou si on interprète mal on peut aller à la "catastrophe". Cela devrait donc être considéré comme une faute d’interpréter, et encore plus de décider à partir du seul voyant rouge qui s’allume sur le tableau de bord, sans aller plus loin dans
l’analyse. Or c’est, me semble-t-il, ce que l’on fait tous habituellement...

Utilisation pour faire pression sur le travailleur.

"L’indicateur, pris non pour ce qu’il est (un indicateurs !), mais au pied de la lettre (en valeur absolue), impose sa vision de l’avenir et les solutions pour que cet avenir advienne."

Utilisation pour manipuler

<<"On peut faire dire aux statistiques tout ce qu’on veut" ; Jamais adage populaire n’aura été aussi éloigné de la réalité. Car les bonnes statistiques ne mentent jamais, si ce n’est par omission. En revanche, ceux qui les utilisent ou qui les produisent peuvent cacher, camoufler, déformer ce que disent les chiffres. Et ceux qui les lisent peuvent être, parfois, bien crédules.>> Nico Hirtt "déchiffrer le monde"

"L’art de la statistique est de tromper avec constance".

Utilisation pour flatter l’opinion

"Magie des chiffres, incontrôlés et incontrôlables, qu’on jette ainsi en pâture, juste pour se faire plaisir et flatter l’opinion." Claude Frémont : "Adieu Sécu" page 47

Utilisation pour asseoir son autorité

Ce que n’est pas l’indicateur
"Ce n’est pas une valeur absolue, une sorte de fétiche incontestable devant lequel il s’agit de faire attention. Dans notre société guidée par les chiffres et l’obsession de la performance, un indicateur est en soi une vérité. Un indicateur qui montre si facilement une grandeur préoccupante ne peut-être que la vérité à partir de la quelle on peut fixer des objectifs de performance faciles à comprendre."

Utilisation pour se rassurer.

D’un médecin au sujet des seuils thérapeutiques : "Les chiffres, ça rassure."

" Les statistiques sont aux politiciens ce que les réverbères sont aux ivrognes : ils servent d’appui, pas d’éclairage. "
Winston Churchill

On se sert des statistiques comme un homme saoul se sert d’un lampadaire, non pour y voir plus clair mais simplement pour s’y appuyer.

Utilisation pour se faire plaisir

"Magie des chiffres, incontrôlés et incontrôlables, qu’on jette ainsi en pâture, juste pour se faire plaisir et flatter l’opinion." Claude Frémont : "Adieu Sécu" page 47

Utilisation pour montrer qu’on travaille, qu’on agit...

On ne cherche pas à résoudre le problème réel qu’objective l’indicateur mais on s’astreint à afficher de meilleurs chiffres l’année suivante.

Doutez de la réalité de ces chiffres car ils sont souvent erronés ou carrément mensongés.

Craignez la manipulation,

Prenez conscience de la violence et de la pression qui peut se cacher derrière leur utilisation.

Dans toute discussion sur des indicateurs, ne pas rentrer dans le jeu : pas de commentaire, pas de justification. Dire qu’il faudrait constituer un groupe d’étude sur ces indicateurs.

Faites bien la part des faits et de l’interprétation

Exemple de "fait" : "Il y a de plus en plus d’arrêts de travail pour cause de dépression."

Cette affirmation est-elle vraie ?

 Non car il s’agit d’une évaluation subjective qui ne repose sur aucune étude objective.

 Non car, les dépressions étaient antérieurement cachées et/ou niées.

Si cette affirmation est vrai, quelle interprétation ?

a) Le travail est de plus en plus pathogène.

b) Cette maladie est devenue de plus en plus incompatible avec le travail.

c) Les gens sont de moins en moins volontaires pour travailler, et donnent ce motif pour justifier leur arrêt de travail.

d) La dépression est de moins en moins bien prise en charge [1] et/ou cette prise en charge est de plus en plus toxique.

e) Les gens sont de plus en plus fragiles.

En général lorsqu’une personne dit "Il y a de plus en plus d’arrêts de travail pour cause de dépression." c’est qu’elle pense implicitement et veut qu’on pense : "Les gens sont de moins en moins volontaires pour travailler, et donnent ce motif pour justifier leur arrêt de travail. "

Analysez les sous entendus...

L’indicateur comme caution d’un système. "Un indicateur monospécifique correspond toujours à une vision du monde de ceux et celles qui l’ont bâti."

Ne pas avoir honte de les critiquer

Statistiques de la délinquance = traduction directe de l’activité de la police et non de l’activité des délinquants. Plus vrai pour certaines délinquances que d’autres.

"Les statistiques doivent être examinées avec soin et maniées avec doigté et pondération."

Que mesure les chiffres ?

Donner la tendance d’une autre d’une année sur l’autre si méthodes de recueil identique.

Ce qu’est l’indicateur :
"L’indicateur est un moyen pédagogique de dégager une tendance à la louche."

Comment a-t-on fait la mesure ?
Selon quelle méthode ?
Sur quelle échelle ?
Est-elle reproductible ? comparable ? normalisée ?
Que signifie vraiment ce chiffre ? Que représente-t-il ?
Quel son utilité ? sa pertinence ?

Voir ici pour une analyse de la mesure

Une aide pour susciter des hypothèses.

Simples voyants qu’il faut analyser de façon approfondie lorsqu’ils s’allument.

On oublie trop souvent que les indicateurs sont de simples voyants (rouges en général) qui s’allument mais qui ne donnent aucune indication précise sur l’origine du défaut ou de la panne : voir les films récents sur Tchernobyl...

Pour progresser nous devons utiliser les deux jambes que sont la subjectivité et l’objectivité.


[1Par le médecin ou l’entourage proche ou la société