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Comment répondre/réagir à un argument basé sur une comparaison : image/métaphore/analogie/modèle

samedi 21 septembre 2019, par omedoc

Métaphores, images, analogies, amalgames, comparaisons, rapprochements, modèles... appel à Galilée.
Pour faciliter la lecture, je regroupe tous ces concepts sous le seul concept de comparaison.

Exemple de comparaisons :

"si le glyphosate était vraiment dangereux, ça se saurait". Le simple fait que Monsanto ait dépensé des millions de dollars chaque année en utilisant la même stratégie que les industriels du tabac pour défendre le roundup rend cette affirmation caduque...

Si l’on prend la métaphore de la graine d’arbre, alors on peut comprendre que la graine est essentiellement l’arbre qui doit en naître, plutôt que sa seule matière de graine. Notre Être est donc notre Être-en-devenir (ou notre puissance d’Être).

Analogies douteuses

"Le marché, c’est une jungle : manger ou être mangé. Être tigre ou être chèvre.
Le capitalisme est naturel et vouloir se battre contre lui, c’est comme vouloir empêcher la pluie de tomber.
Vous refusez de débattre avec les créationnistes, vous êtes anti-démocratique.
L’Obama Care c’est le Communisme !
Vous dites que ma thèse est fausse, mais Galilée aussi a été condamné et pourtant il avait raison"

Pour la défendre [1]

“« Qu’on s’imagine un nombre d’hommes dans les chaînes, et tous condamnés à la mort, dont les uns étant chaque jour égorgés à la vue des autres, ceux qui restent voient leur propre condition dans celle de leurs semblables, et, se regardant les uns et les autres avec douleur et sans espérance, attendent à leur tour. C’est l’image de la condition des hommes »[Pensées,405]
Voltaire, lisant ce texte, objecte que « le sort naturel d’un homme n’est ni d’être enchaîné ni d’être égorgé ». Soit. C’est en quoi le texte de Pascal est métaphorique. mais quant au fond ? Pascal nous dit en substance : « On va tous crever ! » Et Voltaire lui répond à peu près : « Tout de même ; M. Pascal, vous exagérez... » Eh bien non, il n’exagère pas ! il appuis simplement là où ça fait mal. On peut bien supprimer la métaphore, dont voltaire trouve qu’elle« n’est pas juste ». Qu’est-ce que cela change à l’essentiel ? Rien, et c’est ce qu’indique un autre fragment, cette fois sans métaphore aucune, du moins s’agissant du trépas :
« Le dernier acte est sanglant, quelque belle que soit la comédie en tout le reste. On jette enfin la terre sur la tête et en voilà pour jamais »”[154]

Pour l’attaquer

Sur les médicaments génériques :
 "Le consommateur peut constater tous les jours que les génériques de boissons au cola ou de pâtes à tartiner chocolatées ne sont pas identiques aux marques copiées.".

 Ceci ne me semble pas un argument très sérieux sur le plan scientifique

 Non, ce n’est pas de la science, c’est une évidence de terrain. De même que "fromage à l’ail et aux fines herbes" ne décrit pas forcément du Boursin. [2]

 Enlevons le terme science. Cette analogie reste totalement foireuse.
On pourrait d’ailleurs la reprendre pour l’inverser. Bien sûr que telle marque de chocolat est meilleur que telle autre, mais c’est un problème de goût (= effet placebo = je plairai), par contre c’est quasiment la même chose au niveau des calories (ou du magnésium) (= le principe actif). Donc si on consomme du chocolat pour vivre (ou pour le magnésium), n’importe lequel est efficace. Si par contre on vit pour manger du chocolat, alors toutes les marques sont différentes. D’où d’ailleurs le problème de la mode. Les gens ne s’habillent pas pour vivre mais vivent pour s’habiller. Donc si on pousse l’analogie on dira que ceux qui vivent pour les médicaments auront des préférences entre les génériques, les copies et les princeps. par contre ceux qui prennent des médicaments pour vivre s’en foutront. Le principe de la prescription en DCI est justement de gommer le nom des marques.

Comment répondre si on évoque Galilée

Ce que Galilée lui-même pense de l’appel à Galilée....
“They laughed at Galileo. They laughed at Newton. But they also laughed at Bozo the Clown.”
Comme l’écrivait Stephan Jay Gould : « Il ne suffit pas d’être persécuté pour être Galilée, encore faut-il avoir raison. ».

« Et voici le nouveau tribunal de l’inquisition, avec ses juges dogmatiques et obtus qui, comme qui ceux ont condamné Galilée tout en refusant de regarder dans sa lunette astronomique, refuseront de considérer les centaines d’études scientifiques démontrant l’activité de remèdes homéopathiques ne contenant plus aucune molécule sur des coeurs de cobaye isolés, des grenouilles, des plantes. Il y a même des être humains, qui, oh scandale, guérissent de manière inexplicable de maladies chroniques qui les accablaient depuis de nombreuses années avec ces remèdes sans molécules, toute choses absolument inacceptables pour des cartésien bornés. »

|En voila un qui se prend pour Galilée..! J’aimerai bien savoir qui pourrait bien tenir ce rôle dans la nébuleuse homéopathie depuis sa création. Profiter des zones d’ombre de n’importe quel domaine pour se glisser dedans et prétendre avoir compris ce que les autres n’ont pas compris sans aucune compétence particulière est risible et constitue par ailleurs le fond de commerce de toutes les fake.|

Critères d’une bonne analogie-image....

“Un « bon » modèle doit prédire d’autres phénomènes que ceux pour lesquels il a été construite.” [3]

"On ne doit employer une métaphore dans la science que lorsqu’il y a de bons indices qui prouvent l’existence d’une similitude ou d’une analogie importante entre ses sujets premiers et ses sujets seconds. On doit chercher à en découvrir davantage sur les similitudes ou analogies pertinentes, en considérant toujours la possibilité qu’il n’y ait pas de similitudes ou analogies importantes, ou, au lieu de cela, qu’il y ait des similitudes tout à fait distinctes pour lesquelles une terminologie distincte devrait être introduite."
Bouveresse p 36

Maxwell a écrit que : « la caractéristique d’une métaphore véritablement scientifique est que chaque terme dans son usage métaphorique conserve toutes les relations formelles qu’il pouvait avoir dans son usage original avec les autres termes du système » ;
Bouveresse p 67

Arguments d’analogie si celle-ci est acceptable et acceptée par l’autre.

Classifications

Analogies :
 réelles et importantes
 superficielles et trompeuses (les plus excitantes)
Bouveresse p 34
- Analogie douteuse,

Faiblesses

La technique utilisée pour "démontrer" que A est la même chose que B dans des cas où A et B ont à peu près autant de rapport entre eux que le papillon et le Chinois peut justement fonctionner à peu près dans tous les domaines...

 “Monter systématiquement en épingle les ressemblances les plus superficielles, en présentant cela comme une découverte révolutionnaire, Zoologiste classant parmi les quadrupèdes les chiens, les tables, les chaises et les équations du 4° degré.
« Il existe des papillons jaunes citron ; il existe également des chinois jaune citron. En ce sens on peut définir le papillon : Chinois nain ailé d’Europe centrale.... « 

 “Ignorer de façon systématique les différences profondes, en les présentant comme des détails négligeables qui ne peuvent intéresser et impressionner que les esprits pointilleux, mesquins et pusillanimes. « Que le papillon ait des ailes et pas le chinois n’est qu’un phénomène superficiel... »
Bouveresse p 29, 22

"Ne mesure-t-on pas finalement que des métaphores de l’objet – ou encore toute mesure fait-elle autre chose que se mesurer elle même ?"
Jean Claude Beaune

Comparaison n’est pas raison.

Analogie suggestive mais non démonstrative

Bouveresse p 27

Métaphore créatrice susceptible d’attirer notre attention sur une caractéristique importante qui est commune aux deux situations et à laquelle on n’aurait pas pensé sans cela.
Bouveresse p 85

Lorsque Bohr a spéculé sur les parallèles entre dualité onde-particule en physique et la « complémentarité » de la raison et de l’émotion, ou la complémentarité des différentes cultures, il a affirmé que les comparaisons n’étaient pas simplement de vagues analogies, elles découlaient nécessairement de « l’analyse même de l’usage logique de nos concepts »
Bouveresse p 102

« Cet homme réussit : donc, en dépit des sots et des envieux, c’est un esprit glorieux et capable. Imitons-le si nous le pouvons, et soyons de son côté, à tout hasard, ne serait-ce que pour ne pas avoir l’air d’un imbécile. » Un corollaire immédiat qui résulte de cet axiome est évidemment que ceux qui contestent les productions de la machine à gloire ne peuvent être que des sots et des envieux. C’est a priori peu vraisemblable et à posteriori tout à fait absurde. Mais l’argument n’en est pas moins aujourd’hui d’une efficacité plus redoutable que jamais.
Bouveresse p 139

« On peut même dire que, vingt ans après, pas un iota n’a été changé à la complainte du créateur persécuté : 1) au lieu d’essayer de justifier des métaphores (si c’est bien de cela qu’il s’agit) qui sont pour le moins discutables, on défend un droit de métaphoriser que personne n’attaque, 2) on traite ceux qui demandent des éclaircissements et des justifications de flics et 3) on ignore avec mépris la question cruciale : que peut faire quelqu’un qui n’est pas séduit et à même de bonnes raisons de penser qu’on est en train de le mener en bateau ? »
Bouveresse p 143

Voici ce que dit JY GIRARD de l’intelligence artificielle [4] [5] :

"C’est avant tout une question de nuances. Si l’on entend par là qu’on peut mécaniser l’activité de certaines zones du cerveau, par exemple automatiser la reconnaissance de l’espace et fabriquer des robots qui retombent sur leurs pattes, tout comme des chats, ou qui corrigent les déviations de trajectoire d’un véhicule au conducteur somnolent... bien sûr. Mais doit-on parler d’intelligence, ou plutôt d’instinct ? L’« instinct artificiel », cela marche sans problème.
Si l’on veut vraiment de l’intelligence, de la créativité, c’est plus complexe et franchement voué à l’échec. Le théorème de Gödel s’y oppose, mais, plus en réfutant la métaphore totalitaire d’une science mécanisable et finale, que dans les détails. Pour les détails utilisons le bon sens. Ce qui fait l’intelligence au sens créatif, c’est qu’on ne l’attend pas, qu’elle se place en position d’inconfort, c’est donc un certain « grain de folie », déjà mentionné supra, dont la condition sine qua non est la possibilité d’erreurs, le droit à l’erreur. L’intelligence suit des chemins déviants , inattendus, y compris ceux du préjugé, de l’ambition, de la colère, les sept péchés capitaux et même pire."

La dialectique de combat selon Jean-claude Martin : "5 minutes pour convaincre".

La liste est très longue je ne citerai que :

  • La prétérition
  • L’analogie lorsqu’elle est utilisée pour passer du coq à l’âne
  • Le paradoxe pour déstabiliser
  • L’utilisation de formules, proverbes et dictons (arguments d’autorité)
  • Passer d’un domaine à un autre (L’analogie aide)
  • Passez du fond à la forme de ce qui est dit à qui le dit.
  • Reformulation comme arme de manipulation.
  • Utiliser des Phrases passe partout
  • Mettre de l’affectif
  • questionner pour embrouiller

Jacques Bouveresse : Prodiges et vertiges de l’analogie


[1André Comte-Sponville, Philosophie magazine hors série sur Pascal

[2- Il s’agit d’un exemple de refus de répondre à l’argument fort. j’aurais dû dire simplement que l’argument n’est pas très sérieux. Le contradicteur en profite pour ne pas répondre sur la justesse ou non de cette analogie, il ne la défend pas. Il en rajoute même une similaire, comme si accumulation de la même analogie était démonstration. Il répond sur l’opposition vérité de la science/ vérité du terrain.

[3jean Mawhin, Les modèles mathématiques sont-ils des modèles à suivre

[4J Y Girard. Livre cité ; page 30

[5Il faut avoir un peu lu le début de son livre pour bien comprendre l’extrait ci-dessous