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La pression et le risque éthique [version 0.10 du 15/05/08]

jeudi 15 mai 2008, par omedoc

Tout le monde subit des pressions. On nous pousse à faire des choses. Le risque éthique est sous estimé. Il y a pression dès qu’il n’est pas fait appel à la raison. On subit d’autant plus la pression que nous ne sommes pas autonomes.

Faire faire quelque chose à quelqu’un peut se faire en faisant appel soit à la raison, soit à l’émotion.

L’appel à l’émotion peut se faire soit en usant de la menace (1), soit en faisant appel aux valeurs morales (culpabilisation, compassion)(2), soit en suscitant la pure émotion (3).

Le simple "regard" de l’autre peut-être vécu commeune pression, en particulier lorsque l’autre est une autorité . Tout objectif assigné, tout contrôle peut être vécu commeune pression.

Exemple1

Lu sur ce site

"La Sécurité sociale met en cause les arrêts maladie dans la dégradation des comptes et culpabilise les médecins qui les prescrivent et leurs patients soupçonnés d’en profiter. "(= 2)

« les médecins se sentent "harcelés" » (= 3(violence))« .... Au point que certains généralistes commencent à se révolter contre ce qu’ils considèrent comme une remise en cause de leur pratique professionnelle » (=3).

« En juin, le syndicat Espace généraliste (13 % des voix aux élections) a annoncé son intention de « porter plainte » pour « harcèlement » contre l’assurance maladie, accusée de mettre sur les médecins « une pression inacceptable qui empoisonne leur quotidien ». En mai, c’est MGFrance (un tiers des voix) qui avait lancé l’idée. « Les médecins généralistes sont soumis à une pression insidieuse sur les arrêts de travail, mais aussi sur les prescriptions et la codification des affections de longue durée », explique Marie-Hélène Certain, secrétaire générale de MGFrance et médecin aux Mureaux, dans les Yvelines. » La notion de pression est clairement précisée.

« Les signataires de la convention médicale de janvier 2005 (CSMF, SML, Alliance) avaient obtenu une hausse des honoraires en échange d’une promesse de baisser leurs prescriptions d’arrêts de travail. Depuis 2005, un nouvel arsenal répressif s’applique contre les patients et les médecins accusés d’abuser des arrêts maladie : les premiers peuvent se voir réclamer les indemnités journalières indues, les seconds voient leurs prescriptions d’arrêts maladie soumises à l’autorisation de la Sécu. «  » (= 1)

« 
L’objectif est de pousser le médecin généraliste à lever le stylo pour faire des économies, tout en occupant le terrain intellectuel pour laisser croire que les patients abusent et que les médecins sont complices », dénonce Christian Lehman, médecin généraliste dans les Yvelines
 ». "Pousser le médecin généraliste à lever le stylo" : c’est là où le risque éthique est important et sous estimé.

« Pour Pierre Fender, directeur de la répression des fraudes à l’assurance maladie, ce reproche de harcèlement est « totalement indécent » A un terme émotif, réponse par un autre terme émotif (=2)

"Les médecins qui refusent de préciser ces horaires subissent des pressions.". Là aussi un vécu de pressions.

“Ces contrôles sont d’autant plus mal vécus que « l’arrêt de travail est une prescription thérapeutique, au même titre que les médicaments », rappelle Marie-Hélène Certain. Ce n’est apparemment pas l’avis de la caisse d’assurance maladie de Champagne-Ardenne, qui a imaginé, en 2006, ce slogan infantilisant pour une campagne contre les arrêts de travail dits « abusifs » : « Petit, pour ne pas aller à l’école, vous faisiez semblant d’être malade. Mais aujourd’hui vous êtes grand ! »” Voilà comment on peut déraper d’une prescription médicale à une injonction morale. voir cet article : point 6 des conséquences

« « Ces pressions ne changent rien à ma pratique : quand j’arrête quelqu’un, c’est que c’est nécessaire. Notre métier consiste à ne rien faire que nous ne puissions pas défendre devant nos confrères. Mais c’est vrai que l’ambiance est à la culpabilisation des patients et des médecins. Alors que dans notre cabinet, nous devons plutôt nous battre pour que les malades s’arrêtent quand on sait qu’ils ne vont pas tenir. Les gens sont très anxieux sur leur position au travail, ils ont peur de perdre leur emploi. »
Marie Kayser,
 »

Voilà quelqu’un qui semble résister à la pression, mais tous peuvent-ils aussi bien lutter contre la culpabilisation. Le risque étant de ne pas prescrire d’arrêt de travail alors que ce serait nécessaire (exemple vécu).

« Les médecins généralistes subissent des pressions depuis 2004 pour réduire les arrêts de travail, plus ou moins importantes selon la caisse dont ils dépendent. Nous recevons depuis longtemps des caisses primaires nos profils statistiques personnalisés, avec le nombre d’arrêts de travail prescrits, le nombre d’ALD (affections de longue durée), la prescription de certains médicaments, le tout assorti des objectifs à tenir. Ce qui est nouveau, c’est l’insistance mise sur ces outils : des délégués viennent nous en parler, nous rappeler la moyenne du département, nous interroger sur une hausse éventuelle de nos prescriptions liées aux accidents du travail. Comme si nous étions responsables des accidents du travail ou des maladies"
Voilà des exemples de pression se traduisant par un vécu de culpabilisation, alors qu’il serait plus logique de faire appel à la raison. Il s’agit peut-être d’une mauvaise perception des médecins. Le sentiment de pression peut aussi varier selon les personnalités.

«  ! Ce discours fonctionne parce que certains généralistes ne considèrent pas l’arrêt de travail comme aussi important en termes thérapeutiques que les prescriptions médicamenteuses. Or pour moi, il est partie intégrante de la thérapeutique. »
une arme contre la pression c’est d’être clair dans ses motivations et de penser ce qu’on fait.

« C’est normal que le payeur ait un droit de regard sur les prescriptions, mais le regard posé sur nous pose problème. » On peut en effet faire pression par le simple regard.
« 
Ceux qui refusent les arrêts de travail ne sont jamais comptabilisés. Les salariés en emploi précaire, peu protégés, limitent au maximum leurs arrêts. Il y a un décalage entre l’objectif d’économies affiché par l’assurance maladie et la réalité du terrain : les chômeurs âgés envoyés par l’Assedic qui demandent à être mis en ALD (affection de longue durée), par exemple. Ou des problèmes d’adaptation d’un salarié au poste. Que dois-je faire d’un cariste qui a une sciatique ?
 » Autre regard sur les arrêts de travail ?

« On ne peut pas nous faire porter le chapeau d’une problématique qui nous dépasse. » Culpabilisation donc.

Exemple 2

Votre hiérarchie n’a même pas à faire les gros yeux, à vous manipuler, nous obéissons par sens du devoir, pour être bien vu d’elle et donc de soi-même [1] ou pour pouvoir espérer une augmentation. Fréquemment il n’y a pas à nous forcer, la demande de l’autorité suffit.

les symptômes :
 flou des critères
 De la part de la hiérarchie : dérapages, "non dits" qui se disent.
 objectifs à atteindre

Le risque éthique

C’est de faire quelque chose qu’on n’aurait pas fait si on n’avait pas été soumis à la pression, ce quelque chose étant une injustice.

la pression peut-être pour une juste cause, ou une mauvaise. Le risque est le plus important quand il s’agit d’une cause juste car une valeur morale plus élevée peut alors être enfreinte en toute bonne volonté.

Savoir résister à la pression.

Savoir ne pas faire pression soi-même.

Faire pression est fautif. Pourtant lorsque le simple regard, la simple surveillance peut -être vécu comme une pression, comment peut-on ne pas faire pression dans ces cas là ? Il faut faire comme pour l’argumentation. Il faut que la personne se sente libre.


[1La pression psychologique joue sur l’estime de soi