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ANALYSE DES DISCOURS [En cours d’écriture]

vendredi 28 août 2015, par omedoc

Accusation de "pensée unique" ou de "politiquement correct".


 Mercredi, un médecin des urgences pédiatriques a été violemment agressé vers 22 heures par le père d’un enfant. Il a porté un coup de tête au praticien et un coup de poing dans le ventre. Interpellé, il a été placé en garde à vue.
c’est surtout la suite qui est croustillante .......
les services de police ont procédé à l’interpellation du père, qui est de nationalité kosovar.
 "... qui est de nationalité kosovar" Pourquoi cette précision xénophobe ? On pourrait aussi préciser quand les gens sont bretons, martiniquais, du sud, corse, du 93... [1]
 Et pourquoi pas ? Ras le bol des précautions oratoires de la pensée unique.
 Il ne s’agit pas de précautions oratoires mais de respect La pensée unique devient xénophobe et semble vous convenir. Elle pue. [2]

[...] la posture du « politiquement correct ». Ce n’est plus le caractère factuellement démontrable d’une critique ou sa valeur de justice qui font sa supposée « vérité », mais qu’elle se pose contre le « politiquement correct ». Il suffit de faire de la provoc pour croire être dans le vrai. les appuis émancipateurs de la critique sont en train de s’effilocher, et c’est ainsi que certains peuvent croire qu’être vraiment critique, c’est être raciste puisque l’antiracisme serait « politiquement correct »... [3]

"Psychosomatique ou non, ça vous fait souffrir et ça doit être pris en compte. Ce n’est pas parce qu’on n’a pas encore trouvé qu’il n’y a rien ! Deux ans, ça commence à durer, Vous avez raison de prendre un autre avis."

1° Comment la souffrance doit-elle prise en compte ?
2° Plus on fait d’examens et de consultations sans rien trouver moins il y a de chance qu’on trouve quelque chose. Plus le temps passe sans aggravation évidente ou signes objectifs (éventuellement nouveaux) moins on risque d’avoir une maladie organique (cancer en particulier). De même qu’on ne peut-être certain que le soleil se lèvera demain, de même on ne peut être certain à 100% qu’on ne trouvera jamais rien dans 10 ans, 20 ans... Plutôt que de raisonner en terme de certitude il faudrait raisonner en terme de crédibilité. Si on a multiplié les avis et les examens sans rien trouver, si cela dure depuis longtemps, une origine organique est beaucoup beaucoup moins crédible qu’une origine psychosomatique.
POURQUOI ENTEND-ON PLUS SOUVENT DIRE PLUTÔT QUE
"C’est mauvais / pas bon" "je n’aime pas ça"
"C’est nul/idiot / pas bien" "je n’aime pas ça" / "je trouve ça stupide"
"Ce médicament est inefficace" "Ce médicament ne marche pour moi"
"Ce médicament rend malade, pourquoi sa vente est-elle autorisée ?" "J’ai eu des effets secondaires avec ce médicament"
"Ce que vous dites est faux" "je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites"

4 RAISONS

1° D’abord c’est plus court à dire, en nombre de mots/syllabes et aussi en nombre de concepts. Je ne développerai pas..

2°Ensuite c’est plus percutant. C’est une question de narcissisme. Lorsqu’on parle on essaye d’être le plus intéressant possible et donc :
 On ne relativise pas son opinion.
 Par ailleurs on sait que l’autre n’a en général que faire de nos goûts et de nos préférences. Ce n’est pas "objectif" et donc cela n’a aucune valeur, sauf si le "subjectif" est important comme dans une relation affective ou dans le cadre d’une psychothérapie.

3° C’est plus "pertinent" au sens de Sperber et Wilson [4]

4° Parler de soi, de ses préférences, de ce qui peut apparaître comme une fragilité peut donner lieu à critique, à remise en cause de soi.

POURQUOI ENTEND-ON PARFOIS DIRE PLUTÔT QUE
"Je ne suis pas médecin mais..." "Selon mon opinion..."
"Sincèrement..." / "Franchement..." (rien)...
"croyez-moi..." (rien)...

Je ne suis pas médecin et mes constatations n’ont aucune valeur médicale. Ce que je peux dire néanmoins c’est que beaucoup de victimes réagissent très mal aux anti-inflammatoires, stéroïdiens (corticoïdes par exemple) ou non (ibuprofène par exemple)

"Ce que je vais dire n’a aucune valeur (médicale) mais je vais le dire quand même". Pourquoi le dire (= apporter une information (médicale) si cela n’a aucune valeur ?
En fait cette personne n’estime pas réellement que ce qu’elle dit n’a aucune valeur médicale [5]. Il s’agit pour elle :

1° d’atténuer son affirmation concernant la prise de corticoïde ou d’AINS qui risque d’entraîner directement un préjudice. Il s’agit pour elle de se dédouaner de toute responsabilité. Une autre atténuation possible est de prévenir qu’on peut se tromper. Mais c’est très difficile, lorsqu’on a une croyance, d’accepter qu’on puisse se tromper. Et ce d’autant plus qu’on est prosélyte...

2° De plus dans le cas ci-dessus, la pseudo humilité a en fait un effet de renforcement de l’information [6].
Lorsqu’on donne une information on peut soit rester neutre et par exemple se contenter de la sourcer, soit atténuer sa valeur, soit au contraire l’augmenter.
Dans certains contextes, des expressions telles que : "croyez-moi", "sincèrement"... ont pour but d’augmenter l’autorité de sa personne et donc la valeur de l’information donnée, sa "pertinence" en particulier. [1]

POURQUOI ENTEND-ON PARFOIS DIRE PLUTÔT QUE
"j’avoue..." (rien)...
"je dois dire..." (rien)...

j’avoue ne pas comprendre les problèmes rencontrés par certain(e)s avec le tramadol Xprim : pour ma part je peux passer de 6 à 0 en 2 jours, je n’ai pas d’effet de "manque" mais peut être cela vient il du fait que je ne prend pas la dose maxi tous les jours ???? Ou alors, c ’est que certaines personnes sont plus sensibles à l’accoutumance au produit, je ne sais pas...ceci dit, je n’ai jamais trouvé autre chose pour me soulager en cas de crise...mais j’avoue que les symptômes de "sevrage" ici décrits font froid dans le dos !!

Dans tout ce qui est dit, il n’y a rien d’inavouable... Quel aveu fait donc cette personne ?

Elle n’est pas d’accord avec les personnes qui se plaignent du Tramadol. Elle ne peut le dire directement au risque de les blesser.
Lors de certaines discussions passionnées, le fait de ne pas être d’accord peut-être vécu comme une remise en cause de ce que dit l’autre. Il y a d’autant plus de remise en cause que c’est exprimé sous forme d’une incompréhension. Non seulement je ne suis pas d’accord mais ce que vous dites est incompréhensible. Avouer c’est se sentir coupable de ne pas être d’accord et de ne pas "comprendre" l’autre.
Le deuxième aveu cherche à atténuer ce que le premier aveu pouvait avoir de remise en cause.

“Je dois dire que j’étais très sceptique quant à l’efficacité de quelques granules . Et bien je dois dire que j’en suis encore étonnée.”

POURQUOI ENTEND-ON PARFOIS DIRE PLUTÔT QUE
"Ce n’est pas par plaisir..." (rien)...

"Si je suis sous Tramadol à 2x 400mg/jour depuis un an, ce n’est pas par plaisir."

Si je prend un traitement ce n’est pas par plaisir. Si je suis malade ce n’est pas par plaisir.

La personne sait que l’autre peut avoir des doutes sur la réalité de sa souffrance. elle prend les devants. Ces précautions signent-elles d’un doute de la personne même ?

Il s’agit aussi de culpabiliser celui qui douterait de la réalité de la plainte en se posant comme victime.

BROUILLON

De par leurs connotations les mots nous influencent.
Nous choisissons nos mots en fonction de leur connotation. [7]

Entendu dans la bouche d’un agriculteur pour expliquer ses difficultés à s’en sortir financièrement :
"Politique des petites prix"
Il a évité le terme plus juste de concurrence et a préféré l’expression qui met en cause les politiques et non le système.

Entendu dans la bouche d’une fille de victime pour majorer l’injustice de l’accident.
"gros travailleurs" / "malade du travail".

Gros travailleur est connoté positivement. Médaille du travail. fier des résultats de son travail. Surmené


[1On aurait pu ajouter : pourquoi cette précision est-elle qualifiée de "croustillante" ?

[2Extraits d’une discussion sur Egora

[3Philippe Corcuff. Siné Mensuel Octobre 2015

[4Dan Sperber Deirdre Wilson La Pertinence. Communication et cognition.

[5Cette personne donne par ailleurs beaucoup informations médicales tirées des contacts avec d’autres patients qu’elle peut avoir dans le cadre d’une association de patients.

[6La pseudo humilité se juge d’après les autres discours de cette personne

[7Dit moi le choix de tes mots, je te dirai qui tu es.