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Souffrance et philosophie
dimanche 2 août 2009, par
A lire cet article
du Pr Jean-François Malherbe
Professeur titulaire à la faculté de
médecine de l’Université de
Sherbrooke (Canada) et
Professeur d’éthique clinique appliquée
à l’Université de Trento (Italie)
Dans un des numéros de la revue médecine et hygiène consacré à ce sujet...
"La philosophie, c’est l’apprentissage
de la vie avec la souffrance. Il convient ici
d’écarter le plus clairement possible un
grave malentendu. Je n’entends nullement
plaider pour une réhabilitation du
dolorisme purificateur. J’entends simplement
souligner cette réalité que la souffrance,
cet irritant frottement du masque
mal ajusté au Soi, est coextensive à
l’existence du sujet. J’entends rappeler
que si la souffrance peut être atténuée,
c’est par un travail du sujet sur son masque,
soutenu par un traitement de la douleur
lorsque celui-ci est indiqué.J’entends affirmer qu’un traitement antalgique
sans travail sur le masque aboutit
non pas à la subjectivation du sujet
mais à son objectivation. Je dirais même
à son objectification. Aux yeux de la philosophie,
la souffrance est cette sonnette
d’alarme qui rappelle au sujet sa propre
dysharmonie intérieure et le soutient dans
son travail d’unification de soi. C’est ici
qu’il conviendrait de s’indigner de la surconsommation
de psychotropes qui, sous
prétexte d’éliminer et d’anesthésier un
trouble quelconque du sujet lui retirent
son malaise et son trouble le plus intime ?
Ce trouble le plus intime n’est-il pas, tout
simplement en effet, de n’être pas en
harmonie avec soi ? Le recours aux psychotropes
est souvent nécessaire mais il
n’est pas tolérable s’il vise ou aboutit à la
désubjectivation du sujet. Il ne peut être
d’un grand secours que lorsque, dans
certaines circonstances particulières, il
soutient le sujet dans son travail de subjectivation."