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Le courage et la volonté. [version 0.65 du 24/01/2010][version 0.60 du 23/01/2010]

samedi 23 janvier 2010, par omedoc

Le courage pour le courage (idem la volonté) est valorisé à tort, et pour le bénéfice de certains. Les personnes se sentent obligés, de par le regard des autres, d’avoir du courage dans toutes les situations et en particulier celles pour lesquelles elles n’ont aucune implication profonde. On en fait de petits soldats, on les envoie en première ligne, et on leur dit courage !
Les arguments culpabilisants sont des arguments forts. Se moquer de l’autre pour son manque de courage est souvent une marque de manipulation subtile. On dira donc aux pauvres, aux travailleurs, à ceux qui souffrent, à ceux qui risquent de se faire agresser, qu’ils ne sont pas courageux ou qu’ils manquent de volonté. Et si on se pose la question : pourquoi avoir ce courage ? alors pas de réponse autre que : parce que le courage est en soi une qualité morale ! Ceci est très insidieux et très dangereux. Donc la prochaine fois qu’on vous demandera d’avoir du courage posez-vous la question de qu’est-ce qui se cache sous cette demande ? qu’est-ce qui justifie cette demande ? Afin que vous ne soyez pas dans la situation du chef qui demande à ses soldats d’avoir le courage de tuer et de torturer.

Sur la volonté voir cette rubrique

Le courage et la volonté sont des termes qui peuvent s’associer, se substituer l’un à l’autre. Ils ne sont pas cependant totalement interchangeables.

Dans les deux cas il y a un écart entre deux motivations. Le courage ou la volonté consiste à choisir l’attitude la plus difficile [1] — plus difficile car : plus douloureux, plus risqué, ou parce que un plaisir est sacrifié.

On ne doit pas admirer le courage pour le courage ou la volonté pour la volonté, on doit admirer la personne pour qui - ayant réduit l’écart - ce qui était difficile est devenu facile.

Il n’y a pas besoin de courage pour défendre quelqu’un qu’on aime. Par contre prendre des risques pour défendre un inconnu demande du courage. Arriver, comme Etty Hillesum à aimer suffisamment les autres pour se sacrifier pour eux, c’est cela qu’il faut admirer : Il ne s’agit pas de faire montre de courage mais d’amour et le choix devient évident.

Avoir du courage pour se lever le matin et aller travailler c’est bien, mais il serait préférable de transformer sa vie, sa visons des choses, pour que se lever le matin devienne un bonheur.

Ainsi devoir faire preuve de courage est signe de faiblesse spirituelle ou morale. Si nous avions de profondes convictions morales tout nous paraîtrait facile. Il faut arriver à une évidence du choix. Ceux qu’on appelle les justes ne parlent pas de courage mais d’évidence : cacher un juif, le sauver de la mort, étaient pour eux naturels. Ils disent n’avoir rien fait d’extraordinaire. Faire montre de courage dans ce cas est preuve d’un manque de profondeur humaine. Il faut admirer cette qualité de cœur et non le courage qui supplée.

Plus on est motivé, plus on est déterminé, moins on a besoin de courage.

Il en est de même pour la volonté : travailler ne nécessité pas de volonté si on est motivé par un travail qui produit des objets ou des services utiles et de qualité.

La foi, la conviction réduit l’écart. "Le courage n’est plus une vertu sociale, mais la condition de notre perfectibilité — en manquer, être lâche, c’est simplement ne pas être capable de surmonter ses divisions." Alexandre Lacroix Philosophie magazine de mai 2009.

la volonté et le courage mesure donc l’écart entre deux "choses" : quels sont ces "choses" ?

L’adulte, au contraire de l’enfant doit faire preuve de volonté pour se baigner dans une mer froide. Il y a d’un coté le plaisir de se baigner, et de l’autre la douleur de la sensation de froid. Le plaisir de se baigner est tel pour l’enfant qu’il ne sent plus la douleur, et qu’il n’a pas besoin de volonté pour se baigner. L’adulte a besoin de volonté par ce que le plaisir est moins grand. Pourquoi, alors se baigne-t-il. Parce qu’il sait qu’après un moment difficile il sera récompensé. Pour celui qui a des difficultés à maigrir, on parlera aussi de manque de volonté, plutôt que de manque de courage ? Là aussi, c’est parce que la récompense ne viendra que dans un second temps. Sans aller jusqu’au plaisir de l’anorexique, la seule façon de maigrir est d’éprouver une certain plaisir dans le régime lui même.

Par contre il faut beaucoup de courage, comme Sisyphe, pour se lever le matin et aller travailler. Aucune récompense, à part la satisfaction du devoir accompli. D’un coté il y a le devoir, et de l’autre la souffrance du travail. Plus nous aurons le sens du devoir, moins nous aurons besoin de courage. Si nous arrivons à trouver du plaisir dans notre travail, il n’y aura plus besoin de courage.

La volonté correspond donc à force psychique nécessaire pour traverser un passage difficile en vue d’une récompense.
Le courage correspond à la force psychique nécessaire pour accomplir un devoir difficile.

Citations illustratives

"Quand l’amour est profond et vrai il nous donne le courage de tout affronter, de tout braver."

"Il n’y a pas de courage quand on veut quelque chose plus que tout."

"Le courage d’un cœur inébranlable est au dessus de la bravoure qui nait de l’impétuosité du sang."

"La bravoure procède du sang, le courage vient de la pensée." Napoléon

"Essayer de remédier aux fautes par l’attention et non par la volonté". Simone weil.

"Il y a courage et courage, celui du tigre et celui du cheval."

Le courage d’être méchant

« Un exécutant sur le front de l’Est commence à assassiner une vielle femme et déclare qu’il ne peut continuer. Aucune sanction ne sera prise contre ces refusants, même s’ils sont parfois traités de lâches, ils obtiendront une autre affectation.
 » Article du quotidien du médecin, à propos du livre de Philippe Breton sur "Les refusants".

Dans mon travail [2] il y a, toute proportion gardée, la même pression. Ne pas mettre un terme à un arrêt de travail lorsque cela va entraîner une catastrophe sociale [3], ce serait manquer de courage. : "tu n’as pas eu le courage de le consolider" [4]. Bien sûr il s’agit d’une violence faite au travailleur malade qui risque, dans certains cas, d’entraîner une réaction violente. Mais dans 95% des cas ceci est faux.. et donc il ne s’agit pas d’avoir du courage face à un risque d’agression physique. Par contre il faudrait avoir le pseudocourage d’être responsable [5], de provoquer et de voir la détresse. Cependant il est culpabilisant d’être malveillant [6] sauf si l’autre est méprisé. le pseudocourage s’associe donc souvent au mépris ou à la rancune. [7]

L’acte du refusant échappe à toute logique visible, à toute raison manifeste.Il ne s’entoure d’aucune argumentation. Il est rarement accompagné de propos consistants. Il ne prétend convaincre personne. Il se dissimule le plus souvent derrière l’affirmation d’une impossibilité irraisonnée ou d’une « lâcheté » personnelle.[...] Le refusant est tout sauf un héros.
Philippe breton. article du journal Le Sarkophage du 16/01/2010


[1S’en tenir au difficile disait Rainer maria Rilke

[2idem pour les soignants prescripteurs

[3Perte d’emploi => chômage => fin de droit => RSA

[4propos réellement dits

[5même sans être coupable

[6Pour tout être humain c’est à dire moral. Il faut donc enlever les psychopathes... s’ils existent.

[7Pour Philippe Breton c’est le sentiment de vengeance qui "arme le bras des exécutants". Le tueur en série se perçoit comme une victime et les vraies victimes comme d’insupportables agresseurs .