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LQR : la langue des dominants [version 0.50 du 25/03/2015]

dimanche 7 décembre 2008, par omedoc

LQR, la lingua Quintae Respublicae

Exemples piochés dans cet article, et j’en ai rajouté.

Si vous voulez ne pas être intoxiqué par la propagande néolibérale :

Ne dites pas

Mais dites

Commentaires

« Dialogue social »

« Négociations »

S’il y a négociation c’est qu’il y a des points de vue différents et des intérêts différents. En revanche, on peut dialoguer avec tout le monde. [1]

« Remettre au travail »

« Recréer des emplois »

Remettre au travail sous entend que les personnes ne veulent pas travailler, et qu’il n’y a pas de problème de nombre d’emplois.

« coût du travail »

« salaire »

Par contre employer sans réserve "le coût du capital" ou plus clairement : "le coût des actionnaires."

« création de valeur »

« profit »

« charges sociales »

« cotisations sociales/salaire indirect »

Par contre employer sans réserve : charges actionnariales

« licenciements »

« plan social »

« plan de relance »

« rigueur et austérité »

« séniors »

« vieux »

Et donc dire "développer l’emploi des vieux" sera moins manipulateur que de dire "développer l’emploi des séniors"

« c’est la faute à la sécu »

« c’est la faute au gouvernement [2] »

Dépolitisation de l’action gouvernementale

« marketing »

« commercial ou commerce »

Langage de la privatisation

« reporting »

« tableau de suivi d’activité »

langage de la privatisation

« client »

(d’un service public),

« usager »

Langage de la privatisation [3]

« coach »

« entraîneur »

mot anglais : langage de la privatisation.

« charges sociales »

« cotisations sociales ou salaire indirect »

Le social = lourde "charge". Dénoncer plutôt les "charges spéculatives" : voir ICI

« partenaire social »

« syndicaliste »

Sans commentaire

« salarié/opérateur ! »

« travailleur »

Le salarié est celui qui reçoit de l’argent. le travailleur travaille et produit

« collaborateur »

« travailleur »

Voir ce document

«  résultat net  »

« bénéfice »

« retour sur investissement »

« profit »

« accompagnement budgétaire »

« contrôle des pauvres »

« bénéficiaires des minima sociaux »

« pauvres »

Sous entend que le pauvre est un profiteur.

« employeurs, entrepreneurs »

« patrons »

« réformes, changement, modernisation »

« démantèlement des services publics, accélération de la dite modernisation libérale, régression sociale »

« traitement social du Chômage/ plans sociaux »

« licenciements »

« Réduire la voilure »

« licenciements (secs) »

« plan de cohésion sociale »

« plan de maintien de l’ordre dominant »

« frappe chirurgicale »

« bombardement »

« intervention »

« guerre »

« éthique »

« morale [4] »

« demandeur d’emploi »

« chômeur »

« mouvement social »

« grève »

« on demande un petit effort supplémentaire »

« vous allez devoir payer plus »

Les pauvres vont encore devoir casquer

« rationaliser les dépenses »

« diminuer le plus possible les dépenses »

Les pauvres vont devoir casquer

« benchmarking »

« comparaison »

langage de la privatisation

« pouvoir d’achat diminué »

« appauvrissement »

« Assistanat. État providence »

« Solidarité, Solidarité nationale »

".. dans un pays où l’assistanat généralisé est la règle".
Il ne faut pas parler d’assistanat mais de solidarité, et il n’y en a pas suffisamment en France vu la pauvreté et les écarts de richesse, et il n’y en a pas beaucoup comparé à la richesse des super-riches et à la fraude des riches.....

« Restructurer »

« Privatiser les profits, collectiviser les pertes. »

Isabelle Alonso : Lexique toxique. Siné mensuel mars 2015.

« Moderniser »

« Virer, comme on veut, quand on veut. »

idem

« Flexibilité »

« Virer, quand on veut comme on veut. »

idem

« Assouplir »

« virer sans indemnités ni préavis. »

idem

« Simplifier »

« Virer sans préavis ni indemnités. »

idem

« Bon sens. »

« Soumission à leur vision.. »

idem

« Pragmatisme »

« Regarder à travers leurs lunettes »

idem

« Liberté de circulation. »

« Le profit ici, les impôts au paradis. »

idem

« Baisse des charges »

« Diminution des prestations sociales. »

idem

« Réforme structurelle »

« Abolition du code du travail. »

idem

« Stimuler la croissance »

« Ne pas savoir où on va, mais y aller au plus vite. »

idem

« Pacte de responsabilité »

« Baisse des salaires. »

idem. Appel à la responsabilité des salariés qui sont par nature irresponsables...

« Compétitivité »

« Concurrence avec des pays à salaires mensuels de 20 € (Burundi). »

idem

masquer la dure réalité des faits.
Nouvelle sémantique, politiquement correct.
Hypocrisie d’un discours de la raison.

"Le développement durable est la plus belle réussite dans cet art du rajeunissement des vielles lunes. Il illustre parfaitement le procédé d’euphémisation par adjectif visant à changer les mots à défaut de changer les choses." [5]

La langue du vainqueur [6]

L’histoire des nations prouve que le vainqueur assoit définitivement sa domination lorsque le vaincu finit par adopter sa langue.
Si l’on se fie à ce constat, la victoire du capitalisme anglo -saxon triomphant est proche. Au détour d’un banal article du projet de loi portant sur les mesures d’urgence économique et financier (Murcef), adopté dans la nuit du mercredi 2 au jeudi 3 mai, les députés ont baissé la garde devant l’impérialisme de l’anglais, sous prétexte « qu’on doit ne pas pénaliser Paris » et que 40% des investisseurs sont des étrangers.
[...]
A l’heure où le premier ministre, Lionel Jospin, affirme que si on ne peut aller à l’encontre de l’“économie de marché”, on peut du moins résister à la « société de marché », faire entrer la langue du conquérant dans les mœurs n’est peut-être pas le meilleur moyen d’immuniser les esprits. On sait déjà depuis longtemps que derrière la share-holder value et le corporate governance se cache une idéologie qui place l’actionnaire au cœur des décisions stratégiques des entreprises. la France n’a ni les moyens ni l’ambition de s’opposer à ce modèle efficace de fonctionnement de l’économie. Mais adopter son vocabulaire, c’est se priver des moyens de faire entendre ses petites différences. Et on ne voit vraiment pas en quoi imposer une traduction in extenso des documents d’information en français pénaliserait les entreprises. peut-être faudra-t-il bientôt s’y faire : si l’argent n’a pas d’odeur, il aura bientôt un accent.

Article de Filoche Siné Hebdo 7 janvier 2009

A noter qu’il emploie lui aussi le terme de salarié au lieu de travailleur.

Le terme de salaié recouvre pour filoche les ouvriers et les employés (émission de juin 2010 sur le site d’arrêt sur image)

Charges spéculatives

Article du journal Le Sarkophage de juillet 2010.

Changement

Vive le changement mais lequel et dans quel but ?


Voir +++ les vidéos du stagirite.

Voir le site bienvenue sous les pavé

site lmsi

site Scop le pavé

La revue Raison Présente de décembre 2008 est consacrée à ce sujet.

"Kirkegaard, Hoffding, Wittgenstein et bien d’autres, avaient déjà découvert les traîtrises du langage courant. Le langage intègre de façon occulte quantité d’a-priori ; " source


[1Mme Maryse Dumas, CGT, Monde diplo de septembre 2017

[2la sécu (le directeur en fait) obéit aux directives du gouvernement

[3Voir cet article

[4Voir l’article cité

[5Source ? Penser ? Blackburn ?

[6Extrait d’un article de Christophe Jakubyszyn paru dans Le Monde du temps de Jospin