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comment répondre à un argument basé sur un témoignage

vendredi 18 mai 2018, par omedoc

Réponse :

"Je ne me prononce pas sur le témoignage : scientifiquement, ça ne vaut rien et on n’a pas tous les éléments sur l’histoire, juste sa version selon sa mémoire et je ne vais pas croire un témoignage même s’il parait sincère (tout les bons menteurs paraissent sincère et rempli de bonté...).

Je pense même que ça répond à ta première question, personnellement, je ne vois absolument rien d’impressionnant, juste des paroles qui ne valent rien..."

Quel est la valeur des témoignages ?

Fiabilité des témoignages ?
Quelle confiance apporter aux témoignages ?

"l’illusion de la connaissance"

« Pour quelles raisons avons-nous du mal à reconnaître notre ignorance sur certains sujets/domaines, etc. ? Jusqu’à quel point cette "illusion de la connaissance" peut-elle être préjudiciable ?

On peut en effet parler d’illusion de connaissance. Et on peut tenter de l’expliquer en partie par la psychologie. Les humains ont une tendance spontanée à croire de prime abord ce qu’on leur dit, à prendre tout témoignage pour argent comptant, c’est-à-dire comme vraie. Le doute, l’attitude d’examen et la recherche de preuves ne viennent qu’après. Ils ont aussi tendance à acquérir les croyances qui les intéressent, en négligeant les informations qui ne sont pas pertinentes pour eux ou qui choquent leurs convictions. Ils ont aussi une tendance à la certitude, c’est-à-dire à surestimer leurs capacités de mémoire et de raisonnement, bref à se croire plus rationnels et plus intelligents qu’ils ne le sont en fait. Les logiciens ont dressé la liste des sophismes et paralogismes que nous commettons dans la vie quotidienne, et la psychologie sociale a montré expérimentalement que nous sommes victimes de biais cognitifs : nous évaluons mal la probabilité d’un fait observé parce que nous ignorons sa probabilité antécédente, nous avons tendance à n’acquérir que les croyances qui confirment nos croyances antérieures. Enfin, nos émotions et nos affects exercent une influence indéniable sur nos jugements, et nous avons tendance à prendre nos désirs pour des réalités. Toutes ces causes concourent au renforcement des préjugés, à la faiblesse de notre vigilance vis-à-vis des faux positifs, et à la production d’opinions rarement mises en cause. On peut y résister, comme y insistèrent les hommes des Lumières, par l’examen des preuves et la critique des sources, mais force est de constater que l’exercice de la raison, qui seule peut conduire à la liberté véritable de jugement sur laquelle devrait s’appuyer une démocratie, reste rare et minoritaire. »


On peut distinguer par rapport à soi même :
1° Les témoignages à la première personne, c’est à dire sa propre expérience :
2° Les témoignages à la deuxième personne, c’est à dire l’expérience rapportée par une autre personne (témoignage direct de l’autre personne).
3° L’expérience à la troisième personne, c’est à dire l’expérience d’une personne rapportée par une autre personne (témoignage indirect de l’autre personne).

Du 1° au 3° les Biais se cumulent, la réalité se dilue...
(1° = on peut se mentir à soi-même et/ou s’aveugler...)

Biais dans l’expérience personnelle

Cela étonnera toujours certaines personnes, mais l’esprit humain fonctionne de manière biaisée. Nous ne traitons pas l’information de manière rationnelle et objective. Par exemple, nous sommes enclins à penser que quelque chose est vrai simplement parce que nous y croyons. Nous avons tendance à accorder plus de poids aux informations qui confirment nos croyances qu’à celles qui les infirment. Nous avons tendance à être trop confiants dans nos propres jugements. Bref, nous sommes biaisés, pour le meilleur et pour le pire. [1]

« [...] Et ce que Roland Barthes a montré, c’est qu’il y a au fond dans une œuvre littéraire trois niveaux : il y a la langue — Racine écrit en français, Shakespeare écrit en anglais, ça c’est la langue. il y a le style : ça, c’est le résultat de leur technique, de leur talent. Mais entre le style — volontaire, hein, on le contrôle — et la langue ! il y a un troisième niveau qui est : l’écriture. Et l’écriture, il disait c’est le lieu... du politique, au sens large, c’est-à-dire l’écriture, c’est ce par quoi s’exprime, même si l’écrivain n’en est pas conscient, ce qu’il est socialement, sa culture, son origine, sa classe sociale, la société qui l’environne... et même s’il écrit quelquefois quelque chose parce que ça va de soi — chais pas, dans une pièce de Racine : "Retirons nous dans nos appartements" ou une phrase qui va de soi — eh ben non ! ça va pas de soi, dit Barthes. Même s’il dit que ça va de soi, c’est louche, il y a quelque chose qui s’exprime par là-dessous. » [2]

Biais dans le témoignage direct

Entre
Ce que je pense,
Ce que je veux dire,
Ce que je crois dire,
Ce que je dis,
Ce que vous avez envie d’entendre,
Ce que vous croyez entendre,
Ce que vous entendez,
Ce que vous avez envie de comprendre,
Ce que vous comprenez,
Il y a neuf possibilités qu’on ait des difficultés à communiquer.


[2Laurent Binet. Qui a tué Roland Barthes ?