La politique des chiffres

La politique des chiffres (au sens de chiffrage : indicateurs, tableaux de suivi d’activité, profils de prescription, objectifs quantitatifs) entraîne une transformation du travail et de l’ambiance de travail. L’homme est soumis à la mécanique du chiffre. Il devient un rouage, un exécutant à son service.
Avoir de bon chiffres est la priorité absolue, l’idéal à atteindre.

“
PREVENIR LA SOUFFRANCE AU TRAVAIL UN ENJEU MAJEUR
POUR UN SYNDICAT RESPONSABLE
Nous sommes aujourd’hui confrontés à une diffusion à l’ensemble du
monde du travail des phénomènes de souffrance psychique.
Comment les perspectives d’accomplissement que devraient proposer les
organisations du travail actuelles ont-elles pu se transformer en difficultés pour
une partie non négligeable des salariés….
Le contrôle ne s’est pas relâché. Bien au contraire, il s’est plutôt accentué. Mais
il est surtout exercé selon des modalités différentes de ce que nous
connaissions antérieurement. Il est assumé par des individus plus éloignés du
métier qu’autrefois et il repose sur des indicateurs de plus en plus abstraits.
Ces indicateurs ne sont pas neutres. Ils répercutent tout au long de la chaîne
hiérarchique, sous la forme d’indicateurs comptables, les exigences de la
rationalisation financière des dépenses de santé.
Nous touchons là un paradoxe majeur : alors que les dimensions qualitatives
devraient prendre une importance croissante dans l’activité, par un mouvement
inverse, les modes d’évaluation purement quantitatifs, statistiques, comptables,
sont appliqués à l’ensemble des activités. Le caractère réductionniste de cette
approche se traduit par une incapacité des directions administratives à prendre
en compte les dimensions de l’activité médicale.
Les repères communs définissant un travail bien fait s’estompent, des
dissensions surgissent entre collègues avec la mise en place de
l’individualisation salariale, le sentiment de valeurs partagées tend à se
dissoudre et avec lui la solidarité.”
Supplément à
La Lettre de la Michodière.
INFO-FO2

En fait ce ne sont pas les chiffres et les statistiques qui sont responsables. Il s’agit de simples outils. C’est l’absence d’esprit critique [1] devant les résultats (voir mes articles pour une critiques du "chiffrage" : ici, ici et ici), et le fait d’en faire une fin en soi.