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Préserver l’existence plus que la vie

vendredi 11 mai 2018, par omedoc

Pourquoi mettre toute son énergie à manger bio, à avoir une stricte hygiène de vie, si c’est seulement pour reculer de quelques années l’heure de sa mort.

Quel est la valeur d’une vie occupée à éviter les toxines, à nourrir les médecins et les médecines...

Et puis pourquoi vouloir reculer l’heure de sa mort si la vie ne vaut pas d’être vécue pour soi ou pour les autres.

Les droits et libertés des malades :

Je revendique certaines libertés pour ceux qui préfèrent célébrer l’existence plus que de préserver la « vie » :

* la liberté de juger moi-même si je suis malade ;
* la liberté de refuser à tout moment un traitement médical ;
* la liberté de choisir moi-même un remède ou un traitement ;
* la liberté d’être soigné par une personne de mon choix, c’est-à-dire par quiconque dans la communauté s’estime apte à guérir, qu’il s’agisse d’un acupuncteur, d’un homéopathe, d’un neurochirurgien, d’un astrologue, d’un sorcier, ou de toute autre personne ;
* la liberté de mourir sans diagnostic.

Il ne m’apparaît pas qu’il soit nécessaire aux Etats d’avoir une politique nationale de « santé », cette chose qu’ils accordent à leurs citoyens.
Ce dont ces derniers ont besoin, c’est de la courageuse faculté de regarder en face certaines vérités :
* *nous n’éliminerons jamais la douleur ;
* *nous ne guérirons jamais toutes les affections ;
* *nous mourrons certainement.

Voilà pourquoi, en tant que créatures pensantes, nous devons bien voir que la quête de la santé peut être source de morbidité. Il n’y a pas de solutions scientifiques ou techniques. Il y a l’obligation quotidienne d’accepter la contingence et la fragilité de la condition humaine. Il convient de fixer des limites raisonnées aux soins de santé classiques. L’urgence s’impose de définir les devoirs qui nous incombent en tant qu’individus, ceux qui reviennent à notre communauté, et ceux que nous laissons à l’État. [1]

"Au fond du désespoir la béatitude" [2]

L’espoir est un poison nous enlevant de la force pour accepter le réel du présent. [Avec] la destruction de cette idole qu’est la foi en un avenir meilleur [...] Nous serons enfin lucide et gais. [Mais] pouvons-nous vivre ainsi ? À l’échelle de certains instants, oui, probablement. mais une vie entière ? Que serait une vie entière sans aucun espoir ? [3]


[2André Comte-Sponville

[3Charles Pépin. Philosophie magazine. Mai 2015