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Comprendre la médecine [Version 0.10 du 25/09/2017]

dimanche 24 août 2014, par omedoc

Le médecin généraliste se trouve bien souvent, à l’issue de la consultation, dans l’incapacité d’avoir une certitude sur l’étiologie de la situation et/ou de son évolution vers une maladie. Nous savons en effet qu’il ne peut aboutir à un diagnostic de maladie que dans 30% des cas. [1]

30%, et encore ! : Faire un diagnostic de varicelle est "confortable" car il s’agit d’un diagnostic étiologique [2]. Mais fait-on un diagnostic réellement complet lorsqu’on diagnostique une sinusite ? Pourquoi a-t-on eu une sinusite ?

La grande différence entre le le médecin ayant pratiqué et le non médecin, c’est que le premier connaît la difficulté de faire un diagnostic, et donc sait suspendre son jugement [3].

Lorsqu’on est malade, il est naturel de chercher à tout prix une cause (génétique, alimentaire...) pour éviter que cela revienne. Or le plus souvent les maladies surviennent sans cause. Il est angoissant d’imaginer que la maladie survient par hasard.

Ce n’est pas parce qu’on est exposé au froid [4]qu’on se fragilise et qu’on attrape une maladie infectieuse. On confond avec les frissons qui surviennent au début de la maladie lorsque sa température corporelle monte [5].

Le risque zéro n’existe pas. Le médecin ne peut donc "rassurer à 100%". Or certaines personnes demandent une certitude absolue. Sous la pression , le médecin va surprescrire des examens et des traitements. Voir par exemple ce témoignage.

On peut prouver qu’une chose existe mais non qu’elle n’existe pas. En capturant un cygne noir on peut prouver qu’il en existe au moins un. Mais on ne peut pas prouver qu’il n’existe pas de cygne noir (sauf à parcourir le monde entier... et encore... il peut survenir une mutation.). On ne peut donc pas dire à une personne avec certitude qu’elle n’a pas de cancer (sauf à la découper en tranche et à analyser toutes ses cellules).

La médecine n’est pas une science exacte [6].

2° Tout est affaire de prise de risque calculé, ou plus précisément de calcul du bénéfice risque. Il est impossible, en médecine, d’avoir les bénéfices sans les risques : risque d’erreur diagnostic, risque d’effets secondaires des médicaments, risque d’échec du traitement.

3° C’est pour cela qu’il ne faut traiter que les affections graves et supporter les affections non graves. Les affections graves, ce sont les affections mortelles ou pouvant entraîner des séquelles. Les affections, non graves (= bénignes) ce sont les affections qui guérissent spontanément toutes seules. Il est inutile alors de prendre un traitement pour raccourcir l’évolution de quelques jours ou pour soulager les symptômes, sauf s’ils sont insupportables, et chacun [7] est seul juge de la "supportablité" ou non d’une douleur par exemple, et donc de la prise de risque à essayer de la diminuer en prenant un antalgique.

Le problème est donc celui des médicaments de confort...

On sait que lorsqu’on fume on prend un risque mortel, idem pour la voiture
(surtout sans la ceinture de sécurité), idem de rouler à vélo sans casque.
Il y a aussi un possible risque mortel lorsqu’on prend certains
médicaments de confort...

Si les médicaments de confort sont retirés des pharmacies, il faut faire avec.. par contre si on les a sous la main et que l’on soit dans un grand inconfort, c’est à chacun de décider de les prendre ou non malgré les exceptionnels risques graves...

4° La peur de la maladie se surajoute à toutes les autres peurs : peur du chômage, de l’avenir des retraites, de vieillir, de la pauvreté, de ne pas pouvoir jouir de la société de consommation... [8] La peur de la maladie (et même certaines maladies) est (sont) un symptôme de cette pathologie. Nous sommes dans l’angoisse, dans le stress et dans la dépression, et nous croyons que c’est normal, et que la vie est comme cela..

5° "La fausseté est beaucoup plus attrayante que la vérité et suscite plus facilement l’adhésion. " [9] C’est peut-être pour cela qu’il y a beaucoup plus de faux que de vrai en médecine..

6° "Il n’y a pas d’opinions pour un médecin, il n’y a que des hypothèses." [10]

7° D’un médecin :

C’est comme pour la santé en général .
Il est plus facile de prendre une "pilule" que de faire une activité physique ou de prendre en charge son alimentation.
D’autant plus que les messages de consommations sont partout et en contradiction avec ce qu’il faudrait faire.<:quote>


[1SFMG

[2Diagnostic de la cause exacte = le virus de la varicelle.

[3Même s’il raconte des craques à son patient pour ne pas avouer son ignorance.

[4On entend souvent dire : "couvre-toi pour ne pas prendre froid" puis "j’ai pris froid".

[5La montée de la température est associée à des frissons, et inversement sa descente (lorsqu’on prend du paracétamol par exemple) entraîne des sueurs

[6comme les mathématiques

[7Et non le médecin

[8Peurs attisées par le néolibéralisme

[9Peut-on ne pas croire ? J. Bouveresse

[10Bernanos. Journal d’un curé de Campagne