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Oxymores [version 0.05 du 05/08/2010]

dimanche 4 juillet 2010, par omedoc

Comment analyser un oxymore ?

Définition : association de termes que leur sens usuel ou leur emploi normal devrait opposer.

Sens.

Si volontaire l’intention peut être :
 humoristique,
 ironique
 poétique
 provocante, choquante,

"Les penseurs, si l’on ose ainsi dire, de la politique, tentent aussi de « vendre » leurs projets à coup d’oxymores censés réveiller les consciences, et de provoquer des sursauts ou simplement de donner corps à un projet fumeux." [1]

A propos du livre de Thomas lepeltier : "Vive le créationisme ! Point de vue d’un évolutioniste." Gabriel Gohau dit dans la revue Science et pseudo-siences de juillet :
« Ce titre présenté comme un oxymore, est un provocation.Lisons-le comme tel.
 »
 Il s’agit de dénoncer, vanter

En réaction les oxymores peuvent surprendre et inquiéter.

L’oxymore peut aussi être utile pour dissimuler, cacher une intention, instrumentaliser le langage, manipuler. [2]

... les « responsables » sous l’effet de la crise financière mondiale : dans leur peur panique de ne pas nommer la réalité, voire de continuer à la dissimuler, ils rivalisent d’imagination mais s’empêtrent dans des combinaisons de mots qui finissent par se contredire. [3]

“Ressources humaines ! Comment en est-on venu à qualifier l’homme de « ressource » sans que cela ne choque personne ? [...] Mais comment parler à la fois de ressources et d’êtres humains ? N’y a-t-il pas une contradiction interne dans l’expression « ressources humaines » qui cherche à “humaniser” par l’utilisation d’un adjectif ce que par définition, on exploite (les ressources) ? N’est-ce pas une façon de dire, tout en le niant, que même l’être humain est manipulable comme n’importe quelle ressource ?[...] Dans l’expression « ressources humaines », il y a [...] le bizarre mélange entre la normalisation des pratiques d’exploitation et leur représentation en termes « humanistes » grâce à l’emploi du terme « humain ». Celui-ci vise à dénier ce qui vient d’être affirmé : les hommes sont des ressources et donc des choses[...] Comprenne qui peut... Même si une évidence se découvre : derrière l’oxymore « ressources humaines » et ses paradoxes, on voit profiler l’hypocrisie de l’idéologie contemporaine qui, en instrumentalisant le langage, sape la possibilité d’une critique radicale de l’exploitation humaine.” [4]

Autre oxymore manipulateur : "développement durable".

C’est parce qu’il y a une contradiction entre la croissance et sa durabilité que ce terme a été forgé.
Le terme de "développement" a remplacé celui de croissance pour amoindrir la perception de la contradiction entre les termes.
Bien sûr cet oxymore peut tout à fait se justifier. On peut penser qu’il est possible pour l’humanité de continuer à se développer indéfiniment. Mais l’effet oxymore d’instrumentalisation du langage reste présent.

Brouillon

« Désormais , l’usage de la « politique de l’oxymore » par les gouvernementaux occidentaux est systématique. [5]
L’oxymore, figure de rhétorique consistant à juxtaposer deux notions contraires, permet aux poètes de faire sentir l’indicible et d’exprimer l’inexprimable ; dans la bouche des technocrates, il sert surtout à faire prendre des vessies pour des lanternes. » [6]

« Parler de “gestion d’un espace naturel” est un paradoxe, voire un oxymore. La nature ou les espaces dits naturels ne devraient pas être concernés par des opérations de gestion. La nature est, par définition, un lieu qui échappe à l’homme et à ses interventions. Vouloir la gérer, c’est vouloir peut-être inconsciemment, la maitriser, la marquer de son empreinte ou la dominer. Gérer un espace naturel, c’est également reconnaître implicitement que celui-ci n’est plus naturel. » [7]


[1Voir le livre très clair de Léon Karlson Parlez-vous correctement français ?.

[2Il peut alors être involontaire : Humour involontaire, ou... dérapage,

[3Karlson

[4Michela Marzano : Extension du domaine de la manipulation.

[5Bertrand Méheust, La politique de l’oxymore, La découverte, « les empêcheurs de penser en rond », Paris, 2009.

[6Le monde diplomatique d’aout 2010. Serge Latouche

[7Revue La garance voyageuse. “Biodiversité et protection de la nature.