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Relation médecin-malade : répondre aux questions.[NA 03/12][A+ le 17/12][T+++]

lundi 3 décembre 2007, par omedoc

Les malades peuvent être insatisfaits de l’information qui leur est donnée. Ils s’en plaignent. Ils n’osent souvent plus poser des questions.
Pouquoi ? parce que, même en dehors des questions éthiques, savoir répondre est difficile. Il n’y a, à ma connaissance, aucune étude ou réflexion sur le sujet.
En effet, il faut considérer que la médecine est, pour le patient, une langue étrangère, même s’il croit - parce qu’il est malade, ou parce qu’il s’est aperçu que le médecin avait dit une bétise - qu’il en sait autant sur sa maladie que le médecin [1].

Il y a plusieurs difficultés,
 La première étant que le malade ne comprend pas des réponses du type : "on ne sait pas, il n’y a pas de traitement.... ".
Or c’est la plus fréquente des réponses possibles. Ce "on ne sait pas" ne veut souvent pas dire la même chose pour le médecin et pour le malade. A un patient qui me demandait ce qu’il avait je lui avais répondu : "un état grippal !". Il m’a alors demandé à quoi c’était dû ? Je lui ai dit [2] : "un virus !". Il m’a alors demandé : "quel virus ?". Je lui ai dit, que je ne savais pas, qu’il faudrait faire des examens, mais que c’était inutile.... Il m’a alors rétorqué : "Alors vous ne savez pas ce que j’ai !" . Or moi je "savais" ce qu’il avait car la notion floue d’état grippal me suffisait pour traiter. Par contre cela ne suffit pas au malade anxieux, qui veut la réponse la plus précise possible : "tel virus de tel type...."
Si on dit à un malade que tout traitement est inutile, alors il pense qu’il y a une perte de chance de guérir même si on lui explique qu’il va guérir naturellement. Etc...
Il y a donc des "faux amis" dans la langue du médecin.
 La deuxième difficulté est de faire comprendre la notion de risque. Le médecin choisit rationnellement en fonction des risques connus ou estimés. Le non médecin choisit rarement de façon rationnelle. S’il a quelqu’un de sa famille qui a eu un cancer il va se précipiter pour se faire dépister, par peur de la maladie. Comment répondre à ce type de questions qui nécessite de choisir entre différents risques ? C’est ce que j’ai commencé à faire avec mon article sur le dépistage du cancer du sein.

 Troisième difficulté : certains patients n’ont pas une attitude "raisonnable". Extrait d’un article médical sur l’épicondylite : “Un message difficile à faire passer : repos et patience[...] L’intervention thérapeutique nécessite une bonne explication au patient sur le temps nécessaire à la guérison. la seule attitude raisonnable est le repos de l’articulation aussi longtemps qu’elle est douloureuse. Ceci devrait être facile à obtenir d’un sportif amateur, mais ils sont nombreux à mal supporter le repos prolongé pour "un petit bobo". Le problème est bien plus ennuyeux chez un travailleur manuel dont toute activité professionnelle est rendu impossible par la douleur....”. Il est difficile d’attendre une attitude rationnelle de quelqu’un qui souffre ou est angoissé : "Elle entraîne une impotence fonctionnelle mal supportée par les patients "impatients", et ceux qui ont "besoin de leur bras".


[1Question d’une dame âgée, un peu hypocondriaque : “combien ils font d’études les médecins ? au moins sept ans ! est bien moi, ça fait dix ans que je suis malade !

[2bien que ce ne soit pas absolument certain, mais j’ai senti le besoin de certitude