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Pronostic de la lombalgie chronique, Information éclairée au patient. [version 0.06 du 14/10/2008][version 0.06 du 13/10/2008]

dimanche 12 octobre 2008, par omedoc

Rappel : Article réservé aux médecins (comme tous les articles de cette rubrique).

Attention ceci est une opinion personnelle, qui repose sur mes lectures diverses, mon expérience et mes discussions avec mes collègues.

Je m’attaque à un "gros morceau", il y aura probablement beaucoup de versions....

Information éclairée sur le pronostic de la lombalgie chronique

Questions du patient : « est-ce que je vais souffrir toute ma vie ? n’y a-t-il rien à faire ? Je ne comprend pas ce que j’ai....!
 »


Prérequis

  • Origine biopsychosociologique de la lombalgie => traitement à visée symptomatique + traitement par la parole + prise en compte du social.
  • Impact de la cognition sur la douleur.
    • Il faut parfois aller au delà de la douleur pour guérir. Un lombalgique qui croit qu’en ne bougeant plus, qu’en ne forçant plus souffrira moins, aggrave sa douleur.
  • Relation organique psychique :
    • La douleur chronique déprime : traiter l’anxio-dépression réactionnelle ne soulagera pas la douleur organique
    • Distinguer la douleur et la souffrance. Le psychologique amplifie la douleur. A une douleur supportable correspond une souffrance qui peut-être insupportable. La plainte correspond à cette souffrance. Traiter la souffrance permet de supporter puis de guérir la douleur.
    • La pensée/le psychique a une action directe sur l’organique. L’anxiété, le stress, la dépression, le mal être... se traduisent par fonctionnement cérébral neurochimique qui majore la douleur. Traiter le mal être permet de mieux supporter puis de guérir la douleur.
      J’adopterai ce dernier modèle qui me semble plus proche de la réalité (et moins culpabilisant).

Quels sont les attentes du patient ?

A priori ces questions sont naturelles : "je comprend que vous me posiez cette question", mais essayez de voir s’il n’y a pas autre chose : troubles cognitivo comportementaux, croyances sur la maladie, peurs irraisonnées...)

  • Pensez-vous que vous ne pourrez pas guérir ? Pourquoi ?
  • Qu’est-ce qui vous préoccupe ?
    • La douleur qui persiste, [1]
    • le fait de ne pas pouvoir faire ce que vous voulez,
    • La peur de perdre votre emploi ?

Les avenirs possibles de la lombalgie chronique

Comme pour tout pronostic incertain, le médecin va mentir au patient pour le rassurer, ou au contraire lui dire qu’il souffrira à vie pour faire taire la plainte.

Statistiques populationelles : [2]
 Guérison ; 90%
 Persistance de la douleur sans retentissement fonctionnel. 9%
 Persistance de la douleur avec retentissement fonctionnel. 1%
 Persistance à vie. 1%

Au niveau individuel :
La médecine n’est pas une science exacte et de nombreux pronostics individuels se sont avérés faux.

Qu’est-ce qui fait que certaines douleurs se chronicisent et d’autre non ?
C’est le point principal de l’information éclairée à donner.

Selon mon modèle (ci-dessus), il faut expliquer qu’il y a une action directe de le pensée et des émotions sur la douleur (article à faire [3]). En gros, les gens heureux, qui n’ont pas de souci, de stress trop important, pour qui la vie a un sens, qui ont une passion, souffrent moins et guérissent plus facilement que les autres qui vivent dans l’angoisse de l’avenir, la solitude, l’ennui, la peur de la mort... Il y a une action directe du psychique sur l’organique.

Donc en théorie, tout le monde peut guérir..

La réalité est plus difficile :
« Depuis octobre 2002 je souffre de douleurs dans le dos, de la nuque jusqu’au sacrum avec irradiation vers les bras et jambes.
j’ai pris des antidouleurs tous les jours depuis 6 mois et rien n’y fait.
j’ai consulté nombre de médecins ne sachant comment éradiquer ce mal.
je ne travaille plus depuis 5 mois et je ne vois aucune amélioration de mon état.
j’ai vraiment des envies de suicide car je ne suis plus capable de reprendre le travail. mais j’élève seule mon enfant de 13 ans et si je perds mon travail que vais je devenir ?
 »

Le meilleur traitement pour cette femme ne serait-il pas qu’elle retrouve un compagnon, qu’elle soit plus assurée sur son avenir ? Comment peut-on être heureux lorsqu’on craint son futur ?Ce n’est pas l’intensité de la douleur qui explique l’envie du suicide : c’est la perte de son travail, et elle sait qu’il sera très difficile d’en retrouver. Très difficile de guérir dans ce cas car vu le cercle vicieux : lombalgie, peur de perdre son emploi, mal être, aggravation de la douleur, etc...


[1au 12° mois, peut persister une douleur sans retentissement fonctionnel dans moins de 10% des cas (à confirmer)

[2Tous ces chiffres sont à valider

[3La tristesse, idem la douleur reposent sur des mécanismes neurochimiques qui sont en interrelations. La douleur est "organiquement" plus intense